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 Le génocide oublié des triangles roses
Dans tous les domaines d’expression, l’évocation des génocides perpétrés par les nazis s’attache surtout aux juifs et à la Shoah. Elle ne s’arrête que trop rarement à celui, encore plus ou moins tabou, subi par les "triangles roses", à savoir les prisonniers homosexuels. Dans la hiérarchie, les triangles roses étaient situés tout à fait au bas de l’échelle. Avec sa pièce Bent, créée à Broadway en 1979, le dramaturge américain Martin Sherman a traité cet aspect de l’Histoire avec une force et une intelligence rares sans pour autant se limiter aux seuls homosexuels. Il a, en effet, élargi son évocation à toutes les minorités ayant subi les maltraitances et les persécutions nazies.
Dix comédiens sur le plateau, dix personnages dont certains vivent des amours cahotiques dans le Berlin des années trente, puis dans le camp de Dachau. Pour deux d’entre eux au moins, Max (Michel Mora) et Horst (Jean-Mathieu Erny), leur rencontre sera le début d’une magnifique histoire d’amour sublimé, sous la surveillance des gardes SS. Tels deux Sisyphe, ils sont condamnés à transporter sans cesse de lourdes pierres d’un point à un autre, puis ayant fini, de tout recommencer sans fin...
Tous les acteurs de cette tragédie dont le thème demeure d’une brûlante actualité l’un d’eux a été insulté dans la rue par un quatuor de sinistres crétins si l’on se souvient du sort réservé encore de nos jours aux homosexuels dans certains pays d’Afrique, du Moyen Orient et d’Asie font dans l’excellence. La mise en scène d’Anne Barthel que l’auteur lui-même a qualifiée d’admirable est d’une sobre puissance et tire le maximum du texte comme des comédiens. Un accordéoniste vient ponctuer le passage d’un tableau à l’autre.
A l’heure actuelle, présenter une pièce comme ce magnifique Bent constitue, j’en suis certain, une uvre de salubrité publique. C’est à voir absolument ! |
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Mis à jour le 20/07/2011
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