J’aimerais trouver les mots, les mots justes, les mots qu’il faut (merci Matthieu) pour bien vous décrire ce spectacle et vous convaincre absolument d’aller le voir. J’aimerais vous faire partager l’enthousiasme qui m’anime à la sortie de ce Fantômas, version Rassov et Pradinas. Alors, trêve de blabla ! Fantômas revient n’est pas une comédie. Ce n’est pas une comédie musicale non plus, ni un opéra baroque, ni même un soap burlesque, pas plus qu’une pièce délirante, qu’une BD animée ou qu’une parodie fantaisiste. Non, Fantômas revient est tout ça à la fois ! Cette "fable baroque et drôle", comme la définit Pierre Pradinas, mêle théâtre, musique, chant et danse. Elle associe des caractéristiques de la BD d’aventure, de la parodie policière et de la série B. Sous la plume de Gabor Rassov, l’univers de Marcel Allain et Pierre Souvestre, les créateurs du personnage de Fantômas, se trouve même parsemé de références contemporaines (le docteur X se sert maintenant des avancées de la génétique et Fantômas songe un temps à aller voir son psy). Quant aux costumes et décors, ils évoquent à la fois la Belle Epoque, les années 70 (voir la coiffure et le sous-pull de Fandor ou encore les écrans de fond qui possèdent le kitch des bonnes vieilles séries de ces années-là) et notre XXIe siècle (ah ! le smurf du héros masqué !). Le mélange est détonnant ! Et n’oublions pas le fond sonore : les musiciens, sur scène, adoptent eux aussi l’esthétique du tout et n’importe quoi, passant du rap au zouk, avec quelques détours par la chanson française traditionnelle, la funk et la soul (qui sont leurs principales influences). Assistés de trois chanteurs-comédiens, qui jouent les chœurs disco, les deux instrumentistes se chargent des bruitages comme des morceaux musicaux de chaque tableau ; le résultat : une atmosphère délirante et drôle. C’est jubilatoire !L’histoire (puisqu’il y en a une tout de même !) : le méchant Fantômas (excellent David Ayala) veut devenir le père de toute l’humanité. Pour cela, il veut exterminer tous les hommes et cloner sa fille (Romane Bohringer, parfaite) en millions d’exemplaires. Cette dernière, qui lutte pour le Bien, s’allie au maladroit inspecteur Juve (Thierry Gimenez, très bon dans le registre burlesque) et au jeune journaliste poltron, Jérôme Fandor (Thierry Strembler, tout aussi convaincant, en amoureux ridicule), tous deux personnages originels du feuilleton. Qui triomphera ? Je ne vous le révélerai pas, bien entendu ! Mais si vous aimez les intrigues tirées par les cheveux, les personnages déjantés, les effets spéciaux, les musiciens, chanteurs et acteurs de talent, courez, foncez : Fantômas revient au théâtre de la Croix Rousse tous les soirs, ou presque, jusqu’au 22 décembre !