Und
de Howard Barker, Vanasay Khamphommala (traduction)
Mise en scène de Jacques Vincey
Avec Natalie Dessay, Alexandre Meyer
Une Natalie Dessay hallucinante, une scénographie à l’unisson pour un beau texte ardu. Un spectacle qui ne laisse aucun spectateur de glace…
On entre dans le joli théâtre du Gymnase à Marseille, on s’affaire pour s’installer, déposer le sac, le portable, le programme, déposer sa journée, ses joies, ses tracas… Alors on lève les yeux vers la scène, vers la silhouette parfaite d’une femme en robe rouge, impassible sous un début d’ averse, tranquille, irrégulier, tombant de longues lamelles de glace suspendues au plafond. Le voyage commence. Il ne vous laissera pas de glace…
On sait que Natalie Dessay à 50 ans a pris la décision de quitter l’opéra dont elle a été l’une des plus grandes interprètes pour rejoindre enfin et complètement sa passion de toujours : le théâtre. C ‘était un vrai pari. Elle l’a relevé avec panache. Dans « Und » cette pièce de Howard Barker, magnifiquement traduite par Vanasay Khamphommala, c’est à une véritable expérience théâtrale que nous sommes invités. Plutôt nous y sommes plongés. Pas le choix ! Le texte, par moments hermétiques mais avec des fulgurances poétiques et une musicalité sublimée par la voix de la comédienne, raconte … Raconte quoi ? L’attente d’un homme, oui bien sûr. Mais aussi la disparition des liens avec les autres (son invisible domestique ), la perte de repères, transmise de façon vertigineuse par Alexandre Meyer et sa guitare électrique, la marche inexorable vers la fin de tout, l’abandon, la disparition, la mort.
Le passage du temps est non pas symbolisé mais concrétisé par les pans de glace qui au fur et à mesure de le représentation tombent en s’effondrant avec fracas autour de la femme. Arrogante, insoumise, encore coquette, maniant avec brio l’autodérision et le sarcasme, avant de se laisser entamer puis envahir par la panique que scande le son répété d’une cloche, pour petit à petit devenir pitoyable, pathétique, et enfin rompue, défaite à la fin de la pièce quand le lustre tout entier s’écroule à ses pieds… Nous entrons à reculons, mais nous entrons, avec Natalie Dessay dans « ces zones troubles » qu’invente pour nous l’auteur et qu’elle fait vibrer, jusqu’au vertige, dans ces zones obscures de notre imaginaire personnel et collectif.
Collectif oui, car le texte est émaillé de références à la judéité. Je suis une aristocrate mais aussi je suis une juive, dit à plusieurs reprises la femme qui se dévêt vers la fin de la pièce de sa robe d’apparat pour rester dans une combinaison sans grâce et qui arrache sa perruque rousse donnant à voir une tête qu’on peut fantasmer tondue, évoquant peut-être une déportée. Et, me disait une fine analyste nommée Valérie, un bruitage de passage de trains à un autre moment allait aussi dans ce sens tandis que les bris de glace pouvaient faire penser à la sinistre Nuit de cristal.
Il fait froid dans cette pièce ! Comment tient Nathalie Dessay ? L’excès de cette mise en scène, de ce texte même, du jeu de la comédienne, correspondent à son tempérament, à ses désirs profonds. J’aime que ça remue, que ça transporte, que ça perturbe, nous disait-elle en substance après le spectacle, la peau dorée dans une robe à fleurs, drôle, sensuelle, si vivante … Et elle nous expliquait ainsi la référence juive : l’aristocrate c’est celui qui se tient debout, qui contrôle ; la juive c’est le doute, la fragilité , la détresse.
Ne résistez pas, laissez-vous porter, emporter dans ce gouffre, par ce maelström de mots et de sensations et il y a fort à parier que vous garderez longtemps en vous les sons et les images de cet acmé théâtral.
On sait que Natalie Dessay à 50 ans a pris la décision de quitter l’opéra dont elle a été l’une des plus grandes interprètes pour rejoindre enfin et complètement sa passion de toujours : le théâtre. C ‘était un vrai pari. Elle l’a relevé avec panache. Dans « Und » cette pièce de Howard Barker, magnifiquement traduite par Vanasay Khamphommala, c’est à une véritable expérience théâtrale que nous sommes invités. Plutôt nous y sommes plongés. Pas le choix ! Le texte, par moments hermétiques mais avec des fulgurances poétiques et une musicalité sublimée par la voix de la comédienne, raconte … Raconte quoi ? L’attente d’un homme, oui bien sûr. Mais aussi la disparition des liens avec les autres (son invisible domestique ), la perte de repères, transmise de façon vertigineuse par Alexandre Meyer et sa guitare électrique, la marche inexorable vers la fin de tout, l’abandon, la disparition, la mort.
Le passage du temps est non pas symbolisé mais concrétisé par les pans de glace qui au fur et à mesure de le représentation tombent en s’effondrant avec fracas autour de la femme. Arrogante, insoumise, encore coquette, maniant avec brio l’autodérision et le sarcasme, avant de se laisser entamer puis envahir par la panique que scande le son répété d’une cloche, pour petit à petit devenir pitoyable, pathétique, et enfin rompue, défaite à la fin de la pièce quand le lustre tout entier s’écroule à ses pieds… Nous entrons à reculons, mais nous entrons, avec Natalie Dessay dans « ces zones troubles » qu’invente pour nous l’auteur et qu’elle fait vibrer, jusqu’au vertige, dans ces zones obscures de notre imaginaire personnel et collectif.
Collectif oui, car le texte est émaillé de références à la judéité. Je suis une aristocrate mais aussi je suis une juive, dit à plusieurs reprises la femme qui se dévêt vers la fin de la pièce de sa robe d’apparat pour rester dans une combinaison sans grâce et qui arrache sa perruque rousse donnant à voir une tête qu’on peut fantasmer tondue, évoquant peut-être une déportée. Et, me disait une fine analyste nommée Valérie, un bruitage de passage de trains à un autre moment allait aussi dans ce sens tandis que les bris de glace pouvaient faire penser à la sinistre Nuit de cristal.
Il fait froid dans cette pièce ! Comment tient Nathalie Dessay ? L’excès de cette mise en scène, de ce texte même, du jeu de la comédienne, correspondent à son tempérament, à ses désirs profonds. J’aime que ça remue, que ça transporte, que ça perturbe, nous disait-elle en substance après le spectacle, la peau dorée dans une robe à fleurs, drôle, sensuelle, si vivante … Et elle nous expliquait ainsi la référence juive : l’aristocrate c’est celui qui se tient debout, qui contrôle ; la juive c’est le doute, la fragilité , la détresse.
Ne résistez pas, laissez-vous porter, emporter dans ce gouffre, par ce maelström de mots et de sensations et il y a fort à parier que vous garderez longtemps en vous les sons et les images de cet acmé théâtral.
Dane Cuypers
01/06/2017
AVIGNON
Théâtre des Béliers
Mise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
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Craquage
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Essaion-Avignon (ex-Gilgamesh)
Virginie et Paul
de Jacques Mougenot,composition Musicale De Hervé Devolder
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A vos fables, prêt ? partez !
de Nicolas Masson,d'Après Jean De La Fontaine
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