Outrage au public
de Peter Handke, Martine Bom (traduction)
Mise en scène de Peter Van den Eede
Avec Gene Bervoets, Natali Broods, Sofie Palmers, Marijke Pinoy, Peter Van den Eede
Dans le titre Outrage au public, pièce écrite en 1966, il y a le mot "rage", et c'est empli de ce violent sentiment que le public a vivement réagi lors de sa première mise en scène à Francfort. Ce fut un véritable esclandre, les spectateurs réagirent très mal aux provocations de ce texte reçu comme un affront et un manifeste anti-théâtral à l'époque, ils vinrent sur le plateau pour appréhender les comédiens. Cette pièce parlée, critique le théâtre intellectuel, et ne présente ni trame, ni intrigue, ni rôle, ni représentation.Peter Handke, écrivain autrichien, auteur de cette "pièce qui n'en est pas une" disait que "Pour écrire, la seule envie ne suffit pas : il faut que s’y ajoute la détresse". Les cinq comédiens de la compagnie De K pensent sans doute la même chose du jeu théâtral même s'ils déclarent ne pas jouer. Le mode de fonctionnement de toute la pièce est ainsi : présenter, énoncer, des paradoxes, des contradictions qui se répètent, redoublent d'illogisme et d'incohérence jusqu'à donner la nausée aux spectateurs, le vertige. Ils enrôlent et resserrent le public autour d'une corde imaginaire qui n'est ni plus ni moins fiction et projection mentale du fil de la rallonge déroulé sur les planches. Le public se sent pris en otage, piégé, les paroles des comédiens sont en interaction directe avec les spectateurs qui sont sous un vif éclairage pouvant être agressif. Ils sont dépossédés de leurs corps, de leurs pensées, de leurs esprits, puisqu'ils subissent l'emprise verbale des acteurs passivement, se défendent en majorité par des rires parfois jaunes, parfois francs, mais leurs visages sont de manière générale figés, voire sur la défensive, fermés et supportant avec plus ou moins de tolérance les injures, l'ironie, les sarcasmes et les insultes des cinq comédiens, auxquelles certaines personnes du public répondent, mais ce qui est regrettable, c'est que les comédiens ne les prennent pas en compte. L'échange n'est souvent que dans un sens. Le sens, lui, ne cesse de naître du non sens des actes ou des dires des occupants de l'espace scénique.Le sujet évoqué en boucle et qui se resserre petit à petit sur le spectateur, qui étourdit, oppresse, fait suffoquer, c'est le temps, et il donne le vertige dans la bouche des comédiens : "Nous ne jouons pas nous-mêmes dans d’autres circonstances, nous ne jouons pas d’autres époques, nous ne jouons pas la réalité, nous jouons pendant que le temps passe, nous en parlons du temps qui passe, nous parlons du passage du temps, nous ne faisons pas semblant, et pourtant nous faisons semblant". Le passage du temps est angoissant, provoque une sensation d'enfermement, d'impuissance et de solitude, mais il nous est donné de le voir d'une autre manière : pendant ce dernier qui file à vive allure, vivre la vie plutôt que d'imiter le vécu de cette vie. Ils transmettent leur conception du temps n'étant pas "deux" au théâtre mais bel et bien "un", ils jouent sur les frontières entre mensonge et réalité afin de nous faire comprendre que nous partageons public et comédien, le même temps, le même lieu. Ils revendiquent également que le mensonge est condition du fonctionnement social, que tout individu a des attentes, que la politique nous fait languir, mais que ça n'est qu'illusion. Ils mettent en scène cette dernière par la confection, l'installation minutieuse et appétissante d'un banquet semblant succulent, mais détruit et gaspillé, après quelques minutes.
Le paradoxe prégnant contamine l'esprit des spectateurs. Nous sortons désillusionnés de cette pièce, mais avec un sentiment de liberté de pouvoir respirer à nouveau de l'air pur, de ne plus être conditionné par le contrôle d'autres individus, sans personne qui dirige nos pensées et nos actes. La question subsistant, suite à la réflexion intense de la position du spectateur est : étions-nous davantage des animaux en cage en nous trouvant dans la même pièce qu'eux, malgré les tentatives de trouver une issue entre les barreaux ou bien en sortant de cet espace et en reprenant notre place d'individu, de citoyen ? Si vous aimez le Théâtre contemporain, allez voir cette pièce, le jeu des comédiens est puissant, malin, fin, énergique, vif, et vous sortirez transformé mais prisonnier ou libéré, à vous d'en juger...
Le paradoxe prégnant contamine l'esprit des spectateurs. Nous sortons désillusionnés de cette pièce, mais avec un sentiment de liberté de pouvoir respirer à nouveau de l'air pur, de ne plus être conditionné par le contrôle d'autres individus, sans personne qui dirige nos pensées et nos actes. La question subsistant, suite à la réflexion intense de la position du spectateur est : étions-nous davantage des animaux en cage en nous trouvant dans la même pièce qu'eux, malgré les tentatives de trouver une issue entre les barreaux ou bien en sortant de cet espace et en reprenant notre place d'individu, de citoyen ? Si vous aimez le Théâtre contemporain, allez voir cette pièce, le jeu des comédiens est puissant, malin, fin, énergique, vif, et vous sortirez transformé mais prisonnier ou libéré, à vous d'en juger...
Aurore Lavidalie
12/12/2011
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