Oh les beaux jours
de Samuel Beckett
Mise en scène de Frederick Wiseman
Avec Catherine Samie, Frederick Wiseman
La Comédie-Française en tournée présente un spectacle du Vieux-Colombier.
Que dire de Oh les beaux jours qui ne l’ait déjà été ? Tout le monde connaît l’univers particulier des pièces de Beckett, le nihilisme et la dérision de la condition humaine qu’il met en scène, la vanité de la vie, l’absence de toute forme de transcendance qu’il clame haut et fort par l’intermédiaire de ses héros grotesques. On a déjà maintes fois souligné la poésie de son théâtre, sa simplicité, son humour et, en même temps, son caractère tragique. Oh les beaux jours, qui est l’une de ses pièces les plus tardives, possède tous ces traits, mais présente aussi un fragment d’espoir, qui lui confère une tonalité plus légère que celle de En attendant Godot ou de Fin de partie.Petit rappel pour ceux qui se sont arrêtés à En attendant Godot : dans Oh les beaux jours, Winnie, une vieille femme dont le corps est à moitié enterré, "déballe son sac", dans les deux sens de l’expression. Elle égrène les souvenirs à mesure qu’elle fait apparaître les objets de son quotidien passé. Elle livre ses pensées comme elles lui viennent, n’hésitant pas à passer du coq à l’âne, fredonnant, chantant, se plaignant, discourant sur divers sujets, au gré de son inspiration. Willie, son compagnon, lui, se tait irrémédiablement ; son corps est encore libre, mais c’est sa tête qui semble dysfonctionner. Symboles de la vieillesse, Winnie et Willie n’ont plus rien à espérer, plus rien à attendre d’autre que la mort. Pourtant, le discours de Winnie est étonnamment joyeux : elle s’imagine vivre une formidable journée, un "beau jour". Toute la pièce repose ainsi sur cette parole d’espérance, de foi en la vie... tant qu’elle dure !Catherine Samie donne toute son énergie et son enthousiasme au personnage ; elle porte le texte de Beckett à elle seule. Car la mise en scène se veut extrêmement sobre : Winnie est à moitié enfouie dans une dune de sable, éclairée par une lumière franche et vive, devant un ciel bleu éclatant. Rien d’autre ne vient divertir le spectateur, qui peut pleinement se concentrer sur les mots. Résultat : ceux qui découvrent le texte sont séduits par sa vivacité et sa fantaisie ; ceux qui le connaissent sont gagnés par l’ennui. La mise en scène respecte peut-être trop Beckett pour surprendre et faire réagir le public averti.
Caroline Vernisse
02/02/2007
Le spectacle sera joué au Théâtre du vieux Colombier, à Paris, du 3 mai au 17 juin 2007.
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