Si le burlesque m’était conté !
de Aurélie Arneodo
Mise en scène de Aurélie Arneodo
Avec Cherry Lyly Darling, Charly Broutille, Mamzelle Viviane, Maud’Amour, Sattyna Tsé Tsé, Soa De Muse
Racontes-moi le burlesque !
Impossible de passer à côté de ce phénomène qui inonde littéralement Paris depuis une dizaine d’années et s’étend dans toute l’Hexagone : l’effeuillage burlesque. Que ce soit dans les cabarets, sur scène lors de concert, dans des petits bars d’ambiance, ou même dans certains clips vidéo, cet art a fait son grand retour dans les années 80 grâce aux performeuses américaines passionnées comme Kitten DeVille, Dirty Martini, Mimi Le Meaux... Aujourd'hui, tout le monde en a entendu parlé et a sûrement assisté une fois, à ces folles soirées où les performeuses et performeurs (et oui, car ces messieurs sont bien loin d’être en reste et possèdent même leur propre scène : le boylesque !) s’effeuillent, jouent avec le public et font valser paillettes et nippies pour le plus grand bonheur d’une foule hurlante en délire.Il faut reconnaître à Dita Von Teese sa consécration mondiale qui permit une visibilité plus étendue de cet art si particulier. L’effeuillage burlesque n’est plus confiné aux cabarets, réservé à un public de connaisseurs et en recherche d’underground ; aujourd'hui, tout le monde veut s’effeuiller, de la jeune demoiselle en passant par la mère de famille jusqu'aux hommes libérés. Libéré, c’est le mot, car on libère son corps du poids de son costume et par ce geste qui peut sembler simple et/ou anodin (cependant n’oublions pas que ce n’est pas dans l’intimité de sa chambre ou de sa salle de bains que l’on s’effeuille, mais sur scène devant une foule de parfaits inconnus), on se libère également du carcan d’une société patriarcale bien-pensante, pudibonde et qui veut nous imposer des critères de beauté figés et allant totalement à l’encontre de la morphologie humaine. Aussi, de nos jours, toutes les occasions sont-elles bonnes et appellent-elles au burlesque (les concerts, les conventions de tatouages, les enterrements de vie de jeune fille, les soirées à thème...). De par le monde entier, on retrouve bon nombre de festivals dédiés à cet art avec concours et classement des meilleurs performeurs.
Tout ça, c’est bien joli, mais quelle est la genèse de ce phénomène ? Des artistes ne se sont pas réveillés un matin en se disant qu’il serait super-sympa de montrer ses fesses et de faire tourner ses seins devant des inconnus le soir-même ! L’histoire du burlesque, ses icônes, son évolution, mais également la vie des performeuses, les idées reçues... c’est tout cela qu’Aurélie Arneodo décide de nous raconter à travers sa création Si le burlesque m’était conté !. Un sacré challenge car le sujet est vaste et demande des connaissances minutieuses. Pour cela, elle s’entoure d’une troupe de performeurs de haut niveau avec sa Tassel Tease Company. On retrouvera sur scène pour seconder Cherry Lyly Darling (nom d’effeuilleuse burlesque d’Aurélie, car tous les performeurs ont des noms de scène !), le petit bout flamboyant Charly Broutille, la grande danseuse Mamzelle Viviane, l’envoûtante Maud’Amour, la magnifique Sattyna Tsé Tsé et l’excellent Soa De Muse.
L’équipe est au complet et le sujet du nouveau spectacle trouvé. Maintenant, comment l’aborder ? C’est qu’il faut remonter jusqu'au XIXe siècle pour effleurer la naissance du burlesque. Premièrement dans les cabarets parisiens puis au travers du monde avec un âge d’or remarqué aux États-Unis d’Amérique.
Aurélie prend le partie de voyager dans le temps de manière linéaire à travers les différents tableaux du spectacle. On rencontrera donc Nini Patte en l’Air, La Goulue et ses copines au Moulin rouge, puis Rita Renoir déchaînée, Marilyn Monr à une remise d’Oscar, le pendant de Joséphine Baker et bien d’autres.
La majorité des tableaux sont abordés avec humour : une notion très importante du burlesque dont la définition, dans le dictionnaire, se trouve être : "De l’italien Burla, la farce. D'un comique extravagant ; saugrenu, grotesque. Se dit d'un spectacle, d'un film où l'humour et la caricature s'allient à un irrationnel échevelé". On rit donc des blagues et des nombreux clin d’il, comme le serpent aguichant Eve de sa succulente pomme, entourée d’un boa car c’est "le boa style". Egalement beaucoup de beauté. La divine Sattyna Tsé Tsé et sa danse d’éventail blanc reste dans l’esprit de chacun, tant elle allie la douceur et la grâce féminine. D’autres tableaux sont sulfureux et ne laissent pas de marbre : Maud’Amour est extraordinaire en Rita Renoir incandescente, possédée du démon de la danse, presque nue, couverte seulement des découpes du projecteur braqué sur elle.
La plupart des tableaux sont beaux visuellement, drôles et remplis d’anecdotes spécifiques sur l’univers burlesque. Cependant, certains tableaux sont trop longs et bien en dessous du niveau général du spectacle. Mais n’est pas une icône internationale, inégalable depuis toujours, qui veut !
Aurélie et sa troupe nous racontent le burlesque. On retrouve donc les figures incontournables de cet art à travers les âges. Betty Page fait une apparition remarquée en stage kitten, par exemple. Mais on perd vite le fil et les néophytes se retrouvent perdus dans une exposition de performeuses sans comprendre le pourquoi du comment. Et pour cause, l’ouverture du spectacle se fait avec une voix off, une voix narrative qui aurait bien pu être présente tout le long du spectacle afin d’éclairer le public, quant aux années et aux personnages représentés sur scène. Un système d’écriteaux, là aussi amorcé à certains moments, n’est malheureusement pas tenu.
On oscille entre un spectacle de théâtre, sans en être réellement un, avec un fil rouge, des personnages, des situations ; et un spectacle de burlesque. Un Monsieur Loyal ou une maîtresse de cérémonie, présent dans un spectacle typique de burlesque, aurait été tout à fait approprié pour une compréhension totale, par tous, des situations.
Si le burlesque m’était conté ! offre de beaux tableaux par de grands performeurs. Notons tout particulièrement deux performances remarquables. Celle du talentueux Soa De Muse dans son interprétation d’une danse La Minstrelsy (danse où les blancs se noircissaient le visage au charbon afin de caricaturer les noirs). La danse de Soa se termine par une dénonciation juste et bien menée de l’esclavage. Une performance magnifique et qui donne des frissons. Et le dernier tableau offert par Cherry Lyly Darling où elle nous gratifie d’un effeuillage comique et en rythme sur du Chopin (chapeau !) pour finalement se mettre réellement à nue et nous montrer la femme, la personne derrière l’effeuilleuse. C’est d’une simplicité obtenue par beaucoup de travail, parfaitement chorégraphié et très touchant.
Si le burlesque m’était conté ! est un spectacle intéressant, visuellement très beau et qui doit impérativement être présenté dans une salle de spectacle adaptée. Le Labo du théâtre de Ménilmontant avec sa scène basse et proche du public est une aberration pour la présentation d’un spectacle visuel. Dès le second rang, les spectateurs ne voient strictement plus rien !La communauté burlesque, elle, se retrouve dans les moindres anecdotes et dénonciations du spectacle pour sûr, il n’est pas agréable d’attendre dans le froid, une demi-fesse posée sur un pack de bière dans les "coulisses", avant son show, en attendant que l’ingé-son ait enfin réglé le problème de la musique... et ne peut que s’élever d’une même voix et dire "merci" à Aurélie Arneodo et toute sa Tassel Tease Compagny pour ce beau moment !
Tout ça, c’est bien joli, mais quelle est la genèse de ce phénomène ? Des artistes ne se sont pas réveillés un matin en se disant qu’il serait super-sympa de montrer ses fesses et de faire tourner ses seins devant des inconnus le soir-même ! L’histoire du burlesque, ses icônes, son évolution, mais également la vie des performeuses, les idées reçues... c’est tout cela qu’Aurélie Arneodo décide de nous raconter à travers sa création Si le burlesque m’était conté !. Un sacré challenge car le sujet est vaste et demande des connaissances minutieuses. Pour cela, elle s’entoure d’une troupe de performeurs de haut niveau avec sa Tassel Tease Company. On retrouvera sur scène pour seconder Cherry Lyly Darling (nom d’effeuilleuse burlesque d’Aurélie, car tous les performeurs ont des noms de scène !), le petit bout flamboyant Charly Broutille, la grande danseuse Mamzelle Viviane, l’envoûtante Maud’Amour, la magnifique Sattyna Tsé Tsé et l’excellent Soa De Muse.
L’équipe est au complet et le sujet du nouveau spectacle trouvé. Maintenant, comment l’aborder ? C’est qu’il faut remonter jusqu'au XIXe siècle pour effleurer la naissance du burlesque. Premièrement dans les cabarets parisiens puis au travers du monde avec un âge d’or remarqué aux États-Unis d’Amérique.
Aurélie prend le partie de voyager dans le temps de manière linéaire à travers les différents tableaux du spectacle. On rencontrera donc Nini Patte en l’Air, La Goulue et ses copines au Moulin rouge, puis Rita Renoir déchaînée, Marilyn Monr à une remise d’Oscar, le pendant de Joséphine Baker et bien d’autres.
La majorité des tableaux sont abordés avec humour : une notion très importante du burlesque dont la définition, dans le dictionnaire, se trouve être : "De l’italien Burla, la farce. D'un comique extravagant ; saugrenu, grotesque. Se dit d'un spectacle, d'un film où l'humour et la caricature s'allient à un irrationnel échevelé". On rit donc des blagues et des nombreux clin d’il, comme le serpent aguichant Eve de sa succulente pomme, entourée d’un boa car c’est "le boa style". Egalement beaucoup de beauté. La divine Sattyna Tsé Tsé et sa danse d’éventail blanc reste dans l’esprit de chacun, tant elle allie la douceur et la grâce féminine. D’autres tableaux sont sulfureux et ne laissent pas de marbre : Maud’Amour est extraordinaire en Rita Renoir incandescente, possédée du démon de la danse, presque nue, couverte seulement des découpes du projecteur braqué sur elle.
La plupart des tableaux sont beaux visuellement, drôles et remplis d’anecdotes spécifiques sur l’univers burlesque. Cependant, certains tableaux sont trop longs et bien en dessous du niveau général du spectacle. Mais n’est pas une icône internationale, inégalable depuis toujours, qui veut !
Aurélie et sa troupe nous racontent le burlesque. On retrouve donc les figures incontournables de cet art à travers les âges. Betty Page fait une apparition remarquée en stage kitten, par exemple. Mais on perd vite le fil et les néophytes se retrouvent perdus dans une exposition de performeuses sans comprendre le pourquoi du comment. Et pour cause, l’ouverture du spectacle se fait avec une voix off, une voix narrative qui aurait bien pu être présente tout le long du spectacle afin d’éclairer le public, quant aux années et aux personnages représentés sur scène. Un système d’écriteaux, là aussi amorcé à certains moments, n’est malheureusement pas tenu.
On oscille entre un spectacle de théâtre, sans en être réellement un, avec un fil rouge, des personnages, des situations ; et un spectacle de burlesque. Un Monsieur Loyal ou une maîtresse de cérémonie, présent dans un spectacle typique de burlesque, aurait été tout à fait approprié pour une compréhension totale, par tous, des situations.
Si le burlesque m’était conté ! offre de beaux tableaux par de grands performeurs. Notons tout particulièrement deux performances remarquables. Celle du talentueux Soa De Muse dans son interprétation d’une danse La Minstrelsy (danse où les blancs se noircissaient le visage au charbon afin de caricaturer les noirs). La danse de Soa se termine par une dénonciation juste et bien menée de l’esclavage. Une performance magnifique et qui donne des frissons. Et le dernier tableau offert par Cherry Lyly Darling où elle nous gratifie d’un effeuillage comique et en rythme sur du Chopin (chapeau !) pour finalement se mettre réellement à nue et nous montrer la femme, la personne derrière l’effeuilleuse. C’est d’une simplicité obtenue par beaucoup de travail, parfaitement chorégraphié et très touchant.
Si le burlesque m’était conté ! est un spectacle intéressant, visuellement très beau et qui doit impérativement être présenté dans une salle de spectacle adaptée. Le Labo du théâtre de Ménilmontant avec sa scène basse et proche du public est une aberration pour la présentation d’un spectacle visuel. Dès le second rang, les spectateurs ne voient strictement plus rien !La communauté burlesque, elle, se retrouve dans les moindres anecdotes et dénonciations du spectacle pour sûr, il n’est pas agréable d’attendre dans le froid, une demi-fesse posée sur un pack de bière dans les "coulisses", avant son show, en attendant que l’ingé-son ait enfin réglé le problème de la musique... et ne peut que s’élever d’une même voix et dire "merci" à Aurélie Arneodo et toute sa Tassel Tease Compagny pour ce beau moment !
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