La Nuit des rois
de William Shakespeare
Mise en scène de Jean-Michel Rabeux
Avec Hubertus Biermann, Patrice Botella, Bénédicte Cerutti, Corinne Cicolari, Claude Degliame, Georges Edmont, Noémie Develay-Ressiguier, Céline Milliat-Baumgartner, Gilles Ostrowsky, Christophe Sauger, Eram Sobhani, Mr Bo Weavil
Shakespeare, Amour, Folie et Rock’n’roll
Après Le Songe d’une nuit d’été, Jean-Michel Rabeux livre sa version de La Nuit des rois de Shakespeare. Légèrement remise au goût du jour, quatre siècles après sa création (en 1601), cette comédie qui oscille entre folie douce et folle mélancolie nous ravit tout simplement.Si l’intrigue n’a rien de très original pour une pièce de cette époque (un naufrage, un frère et une sur séparés, des amours non partagées, des retrouvailles impromptues...), la langue de Shakespeare est savoureuse, parfois grossière, parfois subtilement coquine, surtout dans les répliques des personnages les plus populaires ou les plus fous ; et Jean-Michel Rabeux, dans son adaptation et sa traduction du texte, reste fidèle à cet esprit. Les sous-entendus graveleux, c’est bien chez Shakespeare qu’il les trouve, même si sa réécriture moderne force le trait. Les propos à la fois poétiques et délirants, c’est également chez le dramaturge anglais qu’il les prend. Le texte qu’il a écrit et qu’il porte à la scène est donc extrêmement moderne, comique, malicieux et respectueux de l’esthétique shakespearienne.Cela ne suffit pas, nous direz-vous. Certes, mais le metteur emporte notre adhésion totale parce que ses comédiens sont tous excellents, parfaitement justes dans le registre burlesque comme dans celui de l’ironie, parce que sa mise en scène est très dynamique et parce qu’elle est ponctuée de pertinents intermèdes musicaux. De la musique ? Oui, du rock’n’roll. Les comédiens, également instrumentistes et chanteurs, passent ainsi de leur rôle à proprement parler à celui de commentateurs de l’action ; en chansons, à la manière d’un chur, ils évoquent l’amour (Everybody needs somebody to love, I put a spell on you...). Les morceaux, remixés, sont toujours choisis en lien avec l’intrigue. Ils nous entraînent dans l’univers de la joyeuse troupe sans nous laisser oublier l’histoire.Le tout correspond parfaitement à l’esprit du Carnaval dans lequel est censé prendre place la nuit des rois ou "douzième nuit" (titre original de la pièce), celle de l’Epiphanie. Point n’est besoin de masque, on entre volontiers dans la danse et on laisse libre cours à ses fous rires.
Caroline Vernisse
19/10/2012
PARIS
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Mise en scène de GÉrard Rauber
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