Le Bourgeois gentilhomme
de Molière
Mise en scène de Denis Podalydès, Christophe Coin (direction musicale)
Avec Isabelle Candelier (Madame Jourdain), Manon Combes (Nicole), Bénédicte Guilbert (Dorimène), Julien Campani (le Maître de musique / Dorante), Manuel le Lièvre (le Maître d'armes / le Grand Mufti), Francis Leplay (le Maître de philosophie), Hermann Marchand (un laquais), Leslie Menu (Lucile / le Garçon tailleur), Nicolas Orlando (un laquais), Pascal Rénéric (Monsieur Jourdain), Alexandre Steiger (le Maître tailleur / Covielle), Thibault Vinçon (le Maître de danse / Cléonte), Kaori Ito, Artemis Stavridi (danseuses), Romain Champion, Cécile Granger, Marc Labonnette, Francisco Mañalich (chanteur), Ensemble Baroque de Limoges, Francois Guerrier, Olivier Fortin, Yvan Garcia (clavecin), Maria Tecla, Andreotti (flûte), Lola Soulier (hautbois), Nicolas Mazzoleni, Louis Creach (violon / alto)
Molière frappe encore !
Le Bourgeois gentilhomme : toute l’intrigue est contenue dans le titre. Monsieur Jourdain, riche bourgeois, pense pouvoir tout acheter, y compris la noblesse. Payant un maître d’armes, un maître de philosophie, mais aussi des maîtres de danse, de musique, ainsi qu’un tailleur en vogue, il pense pouvoir acquérir grâce à eux les bonnes manières qui lui manquent pour intégrer la classe sociale qui le fait rêver. Le pauvre bougre est grotesque, son obsession de se faire gentilhomme, "homme de qualité" comme il le clame durant toute la pièce, l’est tout autant. On se moque de lui, certes ; mais le génie de Molière est de passer au crible l’ensemble de la société de son temps. Les soi-disant "maîtres" ou gens de qualité, tel le Comte, qui l’entourent, en prennent pour leur grade également : cupides, intéressés, malhonnêtes, tous utilisent la naïveté et l’ambition de Jourdain pour lui extorquer des fonds. In fine, quel est le plus ridicule et le plus critiqué ? Pas sûr que ce soit notre Bourgeois.C’est donc une superbe intrigue, doublée d’une histoire de mariage entre deux jeunes gens, bien évidemment empêché par le père Jourdain (comédie oblige). Mais, nous direz-vous, pourquoi monter encore cette comédie aujourd’hui ? Pourquoi en donner une énième version contemporaine ? Tout simplement parce que le texte de Molière est génial. Sa critique de la bourgeoisie qui veut "péter plus haut que son cul" est transposable de nos jours, même si les classes sociales ne portent plus les mêmes noms, même si le rêve n’est plus forcément de porter une particule, mais plutôt d’être célèbre. Son humour, et notamment le comique gestuel qu’il instillait toujours dans ses pièces, fonctionne toujours : on s’esclaffe devant les poses burlesques de Pascal Rénéric, un Monsieur Jourdain impeccable, on rit de ses ridicules, on rit aussi du caractère caricatural des gens de qualité qu’il fréquente, tous des "précieux ridicules", qui en font des tonnes pour sembler dignes de leur condition.Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie Française, grand acteur de théâtre et de cinéma, réussit son pari : sa mise en scène est dynamique, ses comédiens justes, les costumes, qu’il a confiés à Christian Lacroix, clinquants à souhait et la présence sur scène de chanteurs, de danseuses et de l’Ensemble Baroque de Limoges pour jouer la musique de Lully donne tout son sens au terme de "comédie-ballet". Ne l’oublions pas, Molière avait effectivement écrit cette pièce pour le Roi et la Cour avec la collaboration de Lully ; le genre de la comédie-ballet mêlait ainsi scènes de théâtres classiques et séquences de musique et de danse. On retrouve donc avec plaisir l’esprit de ce genre théâtral dans la mise en scène de Denis Podalydès. Son classicisme pourrait lui être reproché, mais il convient bien au texte et aux intentions de Molière en son temps. Et puis l’on rit beaucoup devant cette nouvelle version du Bourgeois gentilhomme : n’est-ce pas l’essentiel quand on va à la comédie ?
Caroline Vernisse
06/06/2012
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la méthode Sherlock
de Paul Spera,andrea Redavid
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