Au IVème siècle av JC, Denys, tyran de Syracuse a bâti un empire et vit dans son palais, entouré d’une foule de gardes et de caméras. Un jour que son orfèvre Damoclès s’étonne de le voir soucieux malgré sa richesse et sa puissance, le souverain lui offre de prendre sa place une journée. L’orfèvre accepte. Le lendemain, il savoure quelques heures son privilège éphémère. On lui révèle soudain la supercherie : il a été placé sous une épée suspendue, et son trône est un plateau télé où Denys apparaît. Après avoir essuyé plusieurs railleries,Damoclès interrompt le discours public du tyran et donne à ce dernier une leçon philosophique. Pour ne pas perdre la face devant les caméras, Denys ordonne qu’on enchaîne Damoclès jusqu’à ce qu’il s’excuse. Mais, gardé sous l’épée et le feu des projecteurs, refusant de céder, Damoclès devient le héros d’une étrange télé-réalité dont la popularité est sans précédent. Retenu prisonnier, à la merci d’une arme mortelle et au milieu d’un spectacle médiatique destiné à dégrader et utiliser son image, l’orfèvre parvient enquelques jours à s’affirmer en bouffon virtuose et provocateur. Alors qu’une nouvelle guerre contre l’ennemi Carthage se profile, le Damoclès show n’est-il qu’une télé-réalité mortifère ? Pour avoir cherché son heure de gloire, le modeste artisan affiche-t-il une course à l’abîme? Ou bien porte-t-il le ferment d’une libération contre la tyrannie ?
L’ensemble de la pièce est un huis-clos dans le palais de Denys l’Ancien, puissant tyran sicilien du IVème siècle av JC. Presque toutes les scènes se déroulent dans la même salle où se trouve ce lit royal sur lequel Damoclès sera. 35 personnages interviennent mais la pièce peut être jouée autant par une vaste troupe que par une formation de 4 ou 5 acteurs.Dès la première scène, on découvre Denys l’Ancien, en proie à ses habitudes paranoïaques : il reçoit le responsable de sécurité du palais. Le spectateur sera dès le début de la pièce intrigué par le télescopage entre le contexte politique de l’Antiquité et les éléments modernes qui l’infiltrent. Le tyran est autant préoccupé par la vidéosurveillance qui protège et isole le palais que par la mise en scène politico-médiatique à travers laquelle il s’expose à son peuple.Damoclès, l’orfèvre du roi, se trouve pris au piège du système médiatique. Lorsque – à la suite d’un tête-à-tête avec Denys – il est invité à prendre la place du souverain pendant une journée, il ne soupçonne pas qu’il est au centre d’un divertissement télévisé où son image ridiculisée doit servir d’ornement au discours politique du tyran. Découvrant les caméras, moqué par un présentateur et pointé du doigt par le tyran, Damoclès refuse de se taire. En interrompant le discours du souverain populiste, il perturbe le programme politico-médiatique attendu. En un sens, Denys et Damoclès sont tous deux pris au piège des caméras : pour refuser d’être l’objet d’un spectacle humiliant, l’orfèvre affirme un refus qui met sa vie enpéril. De son côté, Denys, bafoué devant les caméras par le petit citoyen qu’il raillait, enchaîne cruellement celui-ci sous l’épée et devant les caméras tant qu’il ne s’excusera pas publiquement.La situation du héros sous l’épée est le sujet de cette pièce de théâtre. Le reality show improvisé autour de lui tente de le faire passer pour un entêté insensé, puis un dangereux citoyen (accusé tour à tour de prosélytisme, de viol, de pyromanie) ; mais en risquant sa vie à chaque instant, Damoclès est avant tout un objet de consommation (source d’audimat pour les médias, de popularité pour le tyran, de vente de parfums ou jeux vidéos…). Pour autant, Damoclès ne subit pas complètement cette situation : bien qu’il soit enchaîné et réprimé, incessamment menacé de mort, s'offre à lui une inédite occasion d’expression devant les caméras. Se découvrant une vocation de bouffon, le héros ne doit-il pas maintenir le fragile équilibre d’un double discours, entre soumission et hostilité au pouvoir ?Mais au-delà de ce qu’il pourra dire, le personnage est avant tout en lutte par son corps. Dès le début campé dans son refus de s’excuser, sa présence même sous l’épée exprime une opposition passive à la tyrannie. Prenant le risque de voir l’épée chuter sur lui, il lutte avant tout pour sa survie, c’est-à-dire contre la baisse de sa propre vigilance : de jour comme de nuit, il faut veiller à ne pas être sous la pointe de l’épée, il faut également éviter de trahir sa haine de la tyrannie. Entouré de vigiles vulgaires, de présentateurs vociférants, Damoclès cherche à faire entendre sa voix ironique et poétique. Mais celle-ci ne risque-t-elle pas d’être noyée ou dévoyée au milieu du bruit médiatique qui règne sur le plateau télévisé ? Le héros d’un côté et les présentateurs de l’autre (chacun fort de ses actes et paroles) entrent souvent en concurrence sur scène. Les paroles se superposent parfois, créant alors une cacophonie qui traduit la lutte latente entre le désir de liberté de Damoclès et l’hystérie des jeux médiatiques.Au demeurant, que gagne le héros à rester ainsi sous l’épée devant les caméras? S’il a su affirmer au tyran que tous les hommes sont égaux devant la mort et s’il a réussi à susciter la sympathie d’hommes du peuple dont les cris de révolte lui parviennent, il est gagné par de profonds doutes à la fin de la pièce.Malgré les millions de spectateurs du reality show, le spectacle au centre duquel se pose le héros devient accessoire à l’annonce d’une troisième guerre contre Carthage. Une fois seul et persuadé que la chute de l’épée est imminente, le personnage craint de laisser l’image d’ « un fou qui aura lutté en pure perte » au contraire d’un Socrate, mort en laissant une pensée et des disciples.
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