Lavallières, 1082 habitants. Tout démarre dans l’effervescence d’un petit matin d’automne, avant l’ouverture du 16ème ‘’salon du patrimoine et de l’artisanat’’. La chaîne info ‘’BFN télé’’ a envoyé sur place une reporter dans le cadre de l’émission ‘’Chronique de France’’. Les pluies diluviennes et incessantes vont transformer la fête en cauchemar.Débordements, c’est d’abord une galerie de personnages qui nous fait revivre les déboires d’un petit village emporté par les fureurs du ciel et les inondations.Mais les ''Débordements'' en question ne sont pas que météorologiques. L’orage qui éclate révèle surtout les tourments intérieurs de l’âme humaine : mesquineries, rebellions de réfectoires, jeux de pouvoirs, mauvaise foi, phobies et autres névroses, racisme ordinaire, bêtise abyssale et emballement médiatique… Une mini fresque drolatique et grinçante n'épargnant pas grand monde.
NB : La distribution est modulable (de 6 à 18 comédiens)
''Débordements'' nous plonge dans la vie de province, un de ces villages au sein desquels la salle polyvalente rythme la vie associative et culturelle. Le foyer, lieu d’échanges, de fêtes et de partages aux portées quasi sociologiques.Le point de départ de la pièce est l’amusement provoqué par certaines postures. Lorsque le pseudo bon sens populaire s’oppose à la ‘’bobologie’’, médiatique notamment. Comme si la vérité, l’intelligence et la pertinence étaient le fait d’une seule catégorie de citoyens… Il semble au contraire que la bêtise soit le trait de caractère le plus équitablement partagé, indépendamment de toute géographie ou classe sociale. A l’intérieur de ces ''Débordements'', les querelles partisanes et les à-priori empêchent toute écoute, donc tout dialogue constructif ; la ferveur populaire fait le jeu de médias sans principes ni valeurs ; la rumeur fait office de vérité… Et à l’image de l’époque, le sens des responsabilités - individuelles et collectives - s’évanouit derrière la recherche d’un bouc-émissaire.Dans cette entreprise cynique car très réaliste, les nombreux personnages - principaux ou secondaires - apportent chacun leur pierre à l’édifice par leurs caractères emblématiques.. La petite notable qui veut devenir Vizir à la place du Vizir. La vizirette ayant atteint son seuil de compétence. Les ados en mode ‘’révolte automatique’’. Le couple de vieux à l’aigreur affichée ou au fatalisme forcé. La parisianiste (snob) déconnectée de la réalité des régions. Les gens soit-disant ‘’simples’’ qui auraient une vie ‘’sans histoire’’. L’artiste décalé mais passionné. L’enfant vif, à l’innocence poétique. L’égoïste sans âge, nourri à la solitude.... Un tableau dressé disparate qui souligne pour mieux les dénoncer les idées toutes faites. Les véritables enjeux intimes sont souvent contredits ou trahis par les ''Débordements'' affichés. Reclus dans cette salle des fêtes, éphémère îlot perdu dans l’océan hostile de la montée des eaux, ils sont nombreux - dans leurs propres débordements -, à se gâcher la vie par peur, rancœur ou habitude.Cette galerie de portraits permet également deux clins d’œil appuyés. . Le premier, médiatique, met en relief les témoignages télévisés ineptes et surjoués après un événement dramatique (attentat ou catastrophe naturelle). La personne interrogée sur le vif, que l’on voit aux journaux de 20h, communique son émoi et ses larmes mais n’apporte rien de constructif ni de réfléchi. La tyrannie de l’émotionnel. Qui plus est, le dénouement de l’histoire prouve la vacuité du système, puisque la chaîne de télé aura fait d’un non-événement avéré une émission vendue aux téléspectateurs comme document exceptionnel.. Le second est purement théâtral. Le personnage de M’âme Guyotat est une parenthèse drolatique. Une fantaisie, une friandise. S’il ajoute à la charge incontrôlable de Solène, l’organisatrice totalement dépassée par la tournure des événements, il est surtout un hommage assumé à l’inventeur d’une langue contemporaine fleurie, complexe et très peu jouée en dehors de circuits initiés : Pierre Guyotat. A ce titre, selon les formules choisies par le metteur en scène et la troupe, Marie et M’âme Guyotat sont des personnages ‘’annexes’’ qui peuvent facilement être coupés au montage. Dans le reflet de ce miroir à peine grossissant ou déformant, ''Débordements'' reste une franche comédie dans laquelle les bons mots et les gags pullulent. Quitte à être dépassé par les épreuves provoquées ou subies que nous traversons, autant le faire avec légèreté et humanité. L’histoire d’amour qui s’écrit en filigrane, la pureté de l’enfance et le happy-end de rigueur viennent nous rappeler que l’espoir d’un monde plus authentique, le choix d’un bonheur fragile mais accessible restent des options crédibles.
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