On a cru longtemps que Michelangelo Merisi avait vu le jour le 29 septembre 1571 à Caravage, petit bourg de Lombardie. De récentes découvertes ont montré que le célèbre peintre naquit à Milan, la capitale du duché lombard. Cela dit, le peintre passa une bonne partie de son enfance dans le village de Caravage, probablement pour fuir les fréquentes épidémies qui frappaient la grande ville. Sa mère, Lucia Aratori, était la seconde épouse de Fermo Merisi, architecte au service de Francesco Sforza, le marquis de Caravage.
A 13 ans, Michelangelo retourne à Milan pour travailler comme apprenti dans l’atelier d’un peintre assez célèbre, Simone Peterzano. A cette époque, en Lombardie, un nouveau style pictural se développe, le naturalisme, qui s’oppose au maniérisme. Les maniéristes s’inspiraient des grands maîtres du passé, les recopiaient et peignaient donc « à la manière » de Michel-Ange, Titien, Raphaël et Léonard.
Vers 1598, Michelangelo quitte Milan pour Rome. Il entre dans l’atelier de Lorenzo Siciliano, puis dans celui, encore plus prestigieux, du Cavaliere d’Arpino. C’est là qu’il peindra ses vrais premiers tableaux, fortement influencés par le naturalisme lombard et en opposition avec les formes et le style esthétique régnant dans la ville papale. Dans ses tableaux, il nous montre la réalité d’une manière presque obscène pour l’époque, avec une cruauté et un érotisme jamais vus. Pour représenter des personnages bibliques, le jeune Michelangelo fait appel à des modèles issus de la rue – voleurs, voyous, prostituées –, qu’il connaît et fréquente régulièrement.
Avec un emploi exceptionnel de la lumière et de l’ombre – son célèbre clair-obscur – il bouleverse les règles artistiques.
Ses tableaux – commandes émanant des cardinaux, des nobles, des ordres religieux – souvent jugés provocateurs et scandaleux sont, de ce fait, fréquemment refusés, donnant ainsi naissance à une aura sulfureuse autour du peintre, artiste rebelle et maudit.
Et cependant, Michelangelo Merisi de Caravage devient le peintre le plus célèbre et le mieux payé de Rome. Protégé par le puissant cardinal Del Monte, il décore certaines des plus fameuses églises de la ville. Mais Michelangelo a du mal à accepter les nombreux compromis nécessaires à une brillante carrière comme peintre de l’Eglise.
Dans un contexte historique étouffé par la présence constante du Tribunal de l’Inquisition, son style de vie est un affront perpétuel à la morale. Michelangelo fréquente des lieux malfamés, aime les femmes et les hommes, il est souvent arrêté, parce que lourdement armé ou ivre, il est constamment prêt à la dispute et à sortir son poignard… Les soucis avec la justice se multiplient, jusqu’à ce que, en mai 1606, il tue un certain Ranuccio Tommasoni.
Condamné à mort, il quitte Rome, où il ne reviendra plus jamais. Sans cesse, pendant ses dernières années, il sera contraint de fuir. Grâce au soutien de la puissante famille Sforza-Colonna, il vivra entre Naples, la Sicile et l’île de Malte… Partout, il donnera vie à de nouveaux chefs-d’œuvre, mais aussi à de nouveaux scandales.
Entre temps, à Rome, la marquise Colonna, le marquis Giustiniani et le cardinal Borghèse pressent le
pape Paul V d’accorder sa grâce à leur turbulent protégé.
Ayant appris que le décret de grâce ne tarderait plus, Michelangelo Merisi arrive à s’enfuir de Malte, où il avait été arrêté pour des raisons jamais éclaircies. Terrassé par la malaria, il débarque à Porto Ercole, non loin de Rome, sur une plage déserte. Il meurt, dans des circonstances mystérieuses, le 18 juillet 1610.
Quelques jours auparavant, le pape avait enfin signé le décret de grâce qui effaçait la condamnation à mort de Caravage et lui aurait permis de faire son retour à Rome.
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