Trois couleurs : celle du drapeau allemand... Trois générations : 1/ Le fondateur de la dynastie qui dans la première partie raconte son histoire simple de fils de petits paysans pauvres qui s’engage aux côtés des nazis pour la seule raison d’échapper à la misère et de pouvoir offrir à la famille qu’il fonde une vie confortable. Et même si la manière dont je conduis son récit pourrait me faire croire "bienveillant", la justice immanente et l’horreur de la "punition" corrige cette impression. 2/ Son fils qui a cru aux idéaux communistes, imprégné qu’il est de la dramatique aventure vécue avec son père. La Chute du Mur semble moins l’affecter que le départ de sa femme et de son fils. Lui reste l’amour dont il a fait preuve à l’égard de son père. Mais là encore pas question de l’excuser. 3/ Le petit fils qui, lui, raconte une histoire contemporaine : La découverte de l’Homosexualité, la rencontre avec le pouvoir de l’argent mais se place aussi dans la filiation sans arrière pensée. Sa voix d’enfant, entendue "off" dans la première partie, dit tout l’amour qu’il éprouve pour son grand-père et son père, malgré toutes leurs fautes. Car l’originalité de cette pièce est aussi l’amour paternel et filial qui inonde le caractère des trois personnages. Un amour qui déborde aussi sur l’amour de leur pays natal et par extension de leur patrie... La pièce partage les rôles de manière inégale : La partie "Noir" est plus longue que la partie "Rouge", elle-même plus longue que la partie « Or » ce qui est logique à mes yeux, puisque, au fond la partie "fondatrice" est la plus importante.
A l’heure où tout à chacun et à tout propos cite l’Allemagne comme référence à tout et n’importe quoi, Jacques-Yves HENRY qui a vécu longtemps dans les "trois" Allemagne, celle de l’Ouest celle de l’Est et enfin celle "réunifiée" livre à notre réflexion trois portraits qui sont autant de clés pour comprendre ce pays à travers l’histoire de son peuple. En suivant l’histoire de trois destinées le spectateur n’entre pas seulement dans un récit, il appréhende "l’âme allemande" avec ses ombres et ses lumières. Mais comprendre n’est ni excuser, ni glorifier et le théâtre n’est ni un libelle politique, ni une mise en accusation, c’est donc un spectacle dans le sens le plus strict du mot, ce qui ne rejette pas le fond dans la forme, mais donne au spectateur l’occasion de se "divertir" en apprenant.
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