Après "Le Misanthrope" de Molière et "Louison" de Musset, Justine Heynemann poursuit sa croisade, à cheval sur un autre grand classique du théâtre français, écrit en 1666 par Jean Racine. Il s'agit encore une fois, pour ce jeune metteur en scène de 26 ans, d'insuffler un modernisme vif à un esprit de génie. Pas d'artifice, pas d'excès de style : le moderne se lit à travers une approche sensitive inédite, calculée sur la portée universelle d'Andromaque, sa vocation à franchir les âges sans encombre. La scénographie, les costumes et les décors sont cousus dans l'intelligibilité de la pièce, qui prend elle même sa source dans l'énergie de tous les
temps: le désir. "On se cherche, on se bat, on court, on s'embrasse", explique Justine Heynemann.
Juste après la Guerre de Troie, Oreste, fils
d'Agamemnon et de Clytemnestre, revenu d'exil, devient l'ambassadeur de Ménélas, le roi de Mycènes. Pyrrhus, fils d'Achille, roi de l'Epire, délaisse la très jeune Hermione, fille de Ménélas et d'Hélène, venue l'épouser. Pyrrhus est amoureux fou d'Andromaque, dont
le mari, Hector, a sauvagement été tué par Achille, son propre père. Oreste, toujours amoureux d'Hermione, rêve de la reconquérir, mais Hermione n'a d'yeux que pour celui qui l'a humiliée, Pyrrhus...
Justine Heynemann a gagné son pari: Andromaque est réactivée, avec sens et beauté. Les comédiens s'allient dans la même énergie, et Roch-Antoine Albaladejo, dans le rôle d'Oreste après celui d'Alceste, éclaire la pièce.