En attendant Godot
de Samuel Beckett
Mise en scène de Jean-Claude Sachot
Avec Philippe Catoire, Dominique Ratonnat, Jean-Jacques Nervest, Vincent Violette, Guillaume van't Hoff
La métaphore de notre monde actuel…
On n’a pas fini d’attendre Godot… Du duo de clowns ne sachant où aller – et pour cause – au couple de clochards tirant sa représentation vers le réalisme le plus cru, le théâtre – remis ici fondamentalement en question - il a donné lieu à toutes les interprétations possibles sinon permises, y compris le contresens… Jean-Claude Sachot, ici, a fait plutôt dans le réalisme, mais son quarteron de comédiens lui a sauvé la mise. Lucky notamment… On n’a jamais vu un Lucky aussi vrai et fort, allant même au milieu du public – dont il est l’une des représentations – et dissimulant sous son aspect fragile une force peu commune. Les autres sont à l’avenant : Wladimir et Estragon (encore que celui-ci ait un peu trop tendance à tirer son personnage vers le tragique…), Pozzo a la force du rôle qui est le pendant de Lucky. Bref, ce Godot est une réussite qui mérite d’être vue.
N’oublions pas toutefois que Godot, classique du siècle précédent et des siècles à venir, est aussi et surtout une remise en cause fondamentale du théâtre. Mais ceci n’apparaît guère dans cette version où le réalisme gomme tout. Hormis dans les personnages de Pozzo et Lucky, belles métaphores du système d’exploitation capitaliste actuel (ces métaphores sont encore accentués par l’évolution d’aujourd’hui…), les personnages de Godot – Wladimir et Estragon notamment – ne sont que des personnages de théâtre incapables de sortir de leur situation et de la scène… Ils sont « servis sur un plateau »…et on a tendance à faire abstraction de cela. A ce propos, et sans passer pour un puriste, on oubliera volontiers les ajouts et les retraits opérés par l’adaptateur pour ne se concentrer que sur le texte, Beckett se suffisant amplement à lui-même… Didi et Gogo, personnages de cirque, ne sont pas utilisés dans leur dimension circassienne et c’est dommage. Ces réserves faites, il reste un spectacle bien mené et qu’il faut voir pour ses qualités intrinsèques. A l’heure actuelle, mieux vaut voir ou revoir un Godot que certaines productions qui n’en valent pas la peine…
N’oublions pas toutefois que Godot, classique du siècle précédent et des siècles à venir, est aussi et surtout une remise en cause fondamentale du théâtre. Mais ceci n’apparaît guère dans cette version où le réalisme gomme tout. Hormis dans les personnages de Pozzo et Lucky, belles métaphores du système d’exploitation capitaliste actuel (ces métaphores sont encore accentués par l’évolution d’aujourd’hui…), les personnages de Godot – Wladimir et Estragon notamment – ne sont que des personnages de théâtre incapables de sortir de leur situation et de la scène… Ils sont « servis sur un plateau »…et on a tendance à faire abstraction de cela. A ce propos, et sans passer pour un puriste, on oubliera volontiers les ajouts et les retraits opérés par l’adaptateur pour ne se concentrer que sur le texte, Beckett se suffisant amplement à lui-même… Didi et Gogo, personnages de cirque, ne sont pas utilisés dans leur dimension circassienne et c’est dommage. Ces réserves faites, il reste un spectacle bien mené et qu’il faut voir pour ses qualités intrinsèques. A l’heure actuelle, mieux vaut voir ou revoir un Godot que certaines productions qui n’en valent pas la peine…
Henri Lepine
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