EN TOURNÉE
EN FRANCE
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L'Oiseau vert
de Carlo Gozzi
Mise en scène de Laurent Pelly
Avec Marilú Marini, Georges Bigot, Nanou Garcia, Emmanuel Daumas, Thomas Condemine, Jeanne Piponnier, Pierre Aussedat, Eddy Letexier, Mounir Margoum, Régis Lux, Fabienne Rocaboy, Alexandra Castellon
Un oiseau rare
Si L’Oiseau vert est une comédie du XVIIIe siècle, écrite par le dramaturge italien Carlo Gozzi, il n’en paraît rien sur les planches dans la mise en scène de Laurent Pelly. L’intrigue est atemporelle comme celle des contes de fées, le texte mêle vers et prose, langage ancien et contemporain, grâce à la belle traduction d’Agathe Mélinand ; quant aux décors et aux costumes, merveilleux dans les deux sens du terme, ils contribuent également au brouillage temporel. C’est sans doute ce qui fait la qualité du spectacle : digne des grands contes du XVIIIe siècle, néanmoins accessible aux spectateurs d’aujourd’hui, il nous plonge dans une parenthèse enchantée et enchanteresse, complètement hors du temps. Les 2h20 de représentation semblent ne durer que quelques minutes.
Au départ de l’intrigue : des jumeaux, garçon et fille, jetés à la rivière par leur grand-mère, reine acariâtre qui veut garder le pouvoir sur son royaume et sur son fils, ayant pour cela déjà fait enterrer vivante sa belle-fille, la mère des bébés. On est chez Cendrillon et Œdipe. La suite : 18 ans plus tard, les jumeaux, qui ont été recueillis par un couple de charcutiers, s’émancipent, sous prétexte de se consacrer à la philosophie, de renoncer à l’amour propre et de retrouver leurs royales origines (cherchez l’erreur !). Ils abandonnent alors violemment leur père cupide et leur mère étouffante ; là on est chez Freud. Au cours de leur quête, ils croisent des statues qui parlent, des pommes qui dansent et, bien sûr, l’oiseau vert du titre, grâce auquel ils vont comprendre le sens de la vie, relativiser les leçons de la philosophie (bien égratignée au passage) et grâce à qui la jumelle va éviter d’épouser son père ; on finit donc chez Peau d’âne. Ces personnages, humains ou inhumains, royaux ou populaires, grossiers ou fabuleux sont entourés d’un poète vénal, conseiller maléfique de la reine, et d’un valet nommé Pantalon, qui rappelle que Gozzi est un auteur de commedia dell’arte. Tout ce petit monde est incarné par 12 comédiens, parfaits dans le registre burlesque : grâce à eux, la salle est hilare du début à la fin.
Ajoutons à l’humour la féerie des décors et le tour est joué : le public est ravi, subjugué même. Il suffit d’un décor de carton-pâte savamment découpé, noir sur fond blanc, de quelques nuages en papier oscillant dans les airs, d’un vaste plateau ondulé, de jeux de lumière multicolore et d’objets qui apparaissent et disparaissent en une poignée de secondes pour que le charme opère. Chaque tableau possède son atmosphère et son originalité. Un accessoire suffit parfois à évoquer un lieu ou un univers, tels que ces énormes lustres à bougies ou ces cadres imposants qui descendent du ciel pour sertir les rois, princes et princesses, les figeant momentanément, tels des portraits peints par un maître du siècle des Lumières. Petits et grands en prennent plein les mirettes et se laissent ainsi happés par le conte. La magie Pelly a encore frappé !
Au départ de l’intrigue : des jumeaux, garçon et fille, jetés à la rivière par leur grand-mère, reine acariâtre qui veut garder le pouvoir sur son royaume et sur son fils, ayant pour cela déjà fait enterrer vivante sa belle-fille, la mère des bébés. On est chez Cendrillon et Œdipe. La suite : 18 ans plus tard, les jumeaux, qui ont été recueillis par un couple de charcutiers, s’émancipent, sous prétexte de se consacrer à la philosophie, de renoncer à l’amour propre et de retrouver leurs royales origines (cherchez l’erreur !). Ils abandonnent alors violemment leur père cupide et leur mère étouffante ; là on est chez Freud. Au cours de leur quête, ils croisent des statues qui parlent, des pommes qui dansent et, bien sûr, l’oiseau vert du titre, grâce auquel ils vont comprendre le sens de la vie, relativiser les leçons de la philosophie (bien égratignée au passage) et grâce à qui la jumelle va éviter d’épouser son père ; on finit donc chez Peau d’âne. Ces personnages, humains ou inhumains, royaux ou populaires, grossiers ou fabuleux sont entourés d’un poète vénal, conseiller maléfique de la reine, et d’un valet nommé Pantalon, qui rappelle que Gozzi est un auteur de commedia dell’arte. Tout ce petit monde est incarné par 12 comédiens, parfaits dans le registre burlesque : grâce à eux, la salle est hilare du début à la fin.
Ajoutons à l’humour la féerie des décors et le tour est joué : le public est ravi, subjugué même. Il suffit d’un décor de carton-pâte savamment découpé, noir sur fond blanc, de quelques nuages en papier oscillant dans les airs, d’un vaste plateau ondulé, de jeux de lumière multicolore et d’objets qui apparaissent et disparaissent en une poignée de secondes pour que le charme opère. Chaque tableau possède son atmosphère et son originalité. Un accessoire suffit parfois à évoquer un lieu ou un univers, tels que ces énormes lustres à bougies ou ces cadres imposants qui descendent du ciel pour sertir les rois, princes et princesses, les figeant momentanément, tels des portraits peints par un maître du siècle des Lumières. Petits et grands en prennent plein les mirettes et se laissent ainsi happés par le conte. La magie Pelly a encore frappé !
Caroline Vernisse
10/05/2015
Dates.. MC2 Grenoble, du 5 au 9 mai 2015.
TNB Rennes, du 19 au 23 mai 2015.
Le Printemps des comédiens, Montpellier, du 12 au 14 juin 2015.
Théâtre de Caen, du 23 au 25 juin 2015.
TNB Rennes, du 19 au 23 mai 2015.
Le Printemps des comédiens, Montpellier, du 12 au 14 juin 2015.
Théâtre de Caen, du 23 au 25 juin 2015.
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