Elise ou la vraie vie
de Claire Etcherelli
Mise en scène de Eva Castro
Avec Eva Castro (adaptation d'après le roman de Claire Etcherelli édition Denoël 1967)
L'adaptation du roman de Claire Etcherelli, Elise ou la vraie vie, par Eva Castro sur la scène de La Manufacture des Abbesses rouvre une plaie qui ne s'est jamais refermée, la condition des immigrés nord africains vivant à Paris.
L'écriture de Claire Etcherelli, une vérité romancée de la période sombre de Paris vécue de l'intérieur avec la guerre d'Algérie. Les mots sont justes, les morts sont injustes, l'industrie exploite les Algériens, la France rejette les Algériens. Les rafles des années quarante orchestrées contre le peuple juif n'ont pas suffi. De nouvelles rafles sont organisées contre les immigrés algériens séjournant dans la capitale et suant de tout leur corps à la chaine des grandes usines. Le discours des politiques depuis 1958 n'a guère évolué, sur le papier, il est écrit en noir et entre les lignes, le blanc-bleu en ressort. Preuve en est avec les résultats des dernières élections dans la métropole, lesquelles voient monter les voix des extrêmes.
Le roman, Elise ou la vraie vie, édité chez Denoël en 1967 se veut, en 2015, toujours d'actualité. Elise et son frère, Lucien, ont été élevés enfants chez leur grand-mère. Lucien monte à Paris et trouve un emploi dans une usine de fabrication d'automobiles. Il invite Elise à Paris et profite de l'occasion pour la faire rentrer à la chaine dans la même usine. Elise découvre un monde où l'homme est le sujet de la machine et l'obsession des petits chefs, un monde qui incarcère les employés à travailler neuf heures par jour dans des conditions inhumaines. Elle croise le chemin d'Arezki, ouvrier algérien, sur les chaines de montage. Entre eux, nait une complicité, une amitié et un amour.
Jusqu'où pourront-ils se promener sans être montrés du doigt et de l'œil ? Leur amour, sera-t-il compatible avec la situation du moment ? Eva Castro porte la double casquette de metteure en scène et de comédienne dans Elise ou la vraie vie. Elle pose un regard juste en adaptant le texte avec une sensibilité et une singularité qui donnent un rendu très intéressant la pièce évoluant. Elle aborde sans pathos le récit d'Elise, récit qui s'accorde aux femmes d'hier à aujourd'hui, lesquelles traversent les affres de la xénophobie directement ou indirectement. Eva Castro ne feint pas les exhalaisons de son personnage, lequel survit entre les difficultés du travail à la chaîne, l'indifférence et la violence des contremaitres, un salaire qui permet à peine de se loger et de manger un peu. Elise s'exile de sa condition au fur et à mesure que la complicité avec Arezki s'installe dans une intimité vite remarquée par l'intolérance des autres, les Français.
L'émotion d'Eva Castro résonne dans son jeu car le pouls d'Elise bat plus vite, il pousse la jeune femme à tomber amoureuse, à ressentir des choses comme des pulsions, à n'être plus tout à fait elle-même. Elise est femme avant d'être un matricule dans une usine.
Eva Castro réalise une mise en scène exigeante et percutante, laquelle rentre de plein fouet dans la sombre histoire du Paris de 1958. Elle aborde avec une connaissance affinée les rafles, les ratonades, les insultes proférées contre les immigrés d'Afrique du nord et d'ailleurs, la méchanceté des Français de 'souche' contre tout ce qui est étranger. Le texte de Claire Etcherelli résonne de la bouche d'Eva-Elise, le ton est propre, le timbre vibre selon les situations du moment.
A cette mise en scène de tout premier plan, il convient d'associer une scénographie construite à base de cartons. Lesquels se montent et se démontent, s'articulent et se désarticulent, s'ouvrent et se referment, un peu dans l'esprit d'une armoire normande qui fleure les souvenirs, les histoires, les intimités. Un travail subtil de Valérie Valéro qui s'est également affairée aux tenues portées par Elise-Eva.
La lumière de Jean-Marc Oberti, la musique de Fanny Rome, la bande son de Frédéric Picart, un belle couture technique et artistique qui compose l'harmonie de la pièce.
Elise ou la vraie vie, un roman à lire ou à découvrir, une adaptation théâtrale d'Eva Castro profondément ancrée dans l'esthétique historique où l'homme devient l'improvisateur malheureux de son destin. Une magnifique interprétation sur la question de la tolérance de l'autre.
Le roman, Elise ou la vraie vie, édité chez Denoël en 1967 se veut, en 2015, toujours d'actualité. Elise et son frère, Lucien, ont été élevés enfants chez leur grand-mère. Lucien monte à Paris et trouve un emploi dans une usine de fabrication d'automobiles. Il invite Elise à Paris et profite de l'occasion pour la faire rentrer à la chaine dans la même usine. Elise découvre un monde où l'homme est le sujet de la machine et l'obsession des petits chefs, un monde qui incarcère les employés à travailler neuf heures par jour dans des conditions inhumaines. Elle croise le chemin d'Arezki, ouvrier algérien, sur les chaines de montage. Entre eux, nait une complicité, une amitié et un amour.
Jusqu'où pourront-ils se promener sans être montrés du doigt et de l'œil ? Leur amour, sera-t-il compatible avec la situation du moment ? Eva Castro porte la double casquette de metteure en scène et de comédienne dans Elise ou la vraie vie. Elle pose un regard juste en adaptant le texte avec une sensibilité et une singularité qui donnent un rendu très intéressant la pièce évoluant. Elle aborde sans pathos le récit d'Elise, récit qui s'accorde aux femmes d'hier à aujourd'hui, lesquelles traversent les affres de la xénophobie directement ou indirectement. Eva Castro ne feint pas les exhalaisons de son personnage, lequel survit entre les difficultés du travail à la chaîne, l'indifférence et la violence des contremaitres, un salaire qui permet à peine de se loger et de manger un peu. Elise s'exile de sa condition au fur et à mesure que la complicité avec Arezki s'installe dans une intimité vite remarquée par l'intolérance des autres, les Français.
L'émotion d'Eva Castro résonne dans son jeu car le pouls d'Elise bat plus vite, il pousse la jeune femme à tomber amoureuse, à ressentir des choses comme des pulsions, à n'être plus tout à fait elle-même. Elise est femme avant d'être un matricule dans une usine.
Eva Castro réalise une mise en scène exigeante et percutante, laquelle rentre de plein fouet dans la sombre histoire du Paris de 1958. Elle aborde avec une connaissance affinée les rafles, les ratonades, les insultes proférées contre les immigrés d'Afrique du nord et d'ailleurs, la méchanceté des Français de 'souche' contre tout ce qui est étranger. Le texte de Claire Etcherelli résonne de la bouche d'Eva-Elise, le ton est propre, le timbre vibre selon les situations du moment.
A cette mise en scène de tout premier plan, il convient d'associer une scénographie construite à base de cartons. Lesquels se montent et se démontent, s'articulent et se désarticulent, s'ouvrent et se referment, un peu dans l'esprit d'une armoire normande qui fleure les souvenirs, les histoires, les intimités. Un travail subtil de Valérie Valéro qui s'est également affairée aux tenues portées par Elise-Eva.
La lumière de Jean-Marc Oberti, la musique de Fanny Rome, la bande son de Frédéric Picart, un belle couture technique et artistique qui compose l'harmonie de la pièce.
Elise ou la vraie vie, un roman à lire ou à découvrir, une adaptation théâtrale d'Eva Castro profondément ancrée dans l'esthétique historique où l'homme devient l'improvisateur malheureux de son destin. Une magnifique interprétation sur la question de la tolérance de l'autre.
Philippe Delhumeau
01/04/2015
AVIGNON
Théâtre des Béliers
Mise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
Théâtre des Béliers
AVIGNON
Craquage
de Marion MezadorianMise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
AVIGNON
Essaion-Avignon (ex-Gilgamesh)
Virginie et Paul
de Jacques Mougenot,composition Musicale De Hervé Devolder
Mise en scène de Hervé Devolder
Essaion-Avignon (ex-Gilgamesh)
Virginie et Paul
de Jacques Mougenot,composition Musicale De Hervé Devolder
Mise en scène de Hervé Devolder
AVIGNON
L'Archipel Théâtre
A vos fables, prêt ? partez !
de Nicolas Masson,d'Après Jean De La Fontaine
Mise en scène de Nicolas Masson
L'Archipel Théâtre
A vos fables, prêt ? partez !
de Nicolas Masson,d'Après Jean De La Fontaine
Mise en scène de Nicolas Masson