La veuve noire (Manon Fortino), qui passe ses journées entières assise sur un banc public, est un peu la personne du village que tout le monde va volontiers voir lorsqu’il n’y a plus aucun espoir et qui peut résoudre n’importe quel problème, pour peu de lui laisser quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Sophie (Vanessa Logel), sur les conseils de l’une de ses amies, vient alors à la rencontre de ce mystérieux personnage. En effet, Sophie, après moultes tentatives infructueuses, éprouve toutes les peines du monde à avouer à cette veuve la raison pour laquelle elle désire que celle-ci lui apporte de l’aide. Et soudain, elle lâche le morceau, avoue : elle veut se séparer de la tête de son mari - tranchée à l’aide d’un couteau électrique - qui repose désormais tout simplement au fond de son panier. A sa décharge, force est de constater que son défunt époux Roger la harcelait sans cesse et c’est en désespoir de cause qu’elle eut cet ultime sursaut. C’est alors que Mademoiselle Petitpas (Laurence Wilkosz), jeune vierge de 25 ans qui ne fait que fantasmer sur les hommes sans jamais pouvoir les approcher et leur avouer les sentiments qu’elle éprouve pour eux, va se mêler à ce tandem insolite.Le décor est très épuré, puisqu’il se résume en tout et pour tout à un simple banc. Et c’est amplement suffisant car c’est le jeu de ces trois actrices qui, à lui seul, sert à captiver, du début à la fin de la pièce, l’attention du spectateur. Chacune de ces comédiennes joue dans un registre bien particulier et les rôles des personnages ont été distribués à merveille. Manon Fortino y interprète une veuve au caractère fort, jouant parfaitement avec les intonations ou autres trémolos de sa voix. Laurence Wilkosz, sous ses faux airs de simplette du village, voit clairement ce qui se passe autour d’elle. Quant à Vanessa Logel, elle aura toutes les peines du monde à se débarrasser de la tête de son mari.Cette pièce est un vrai divertissement. Même si les hommes sont énormément égratignés et leurs défauts sans cesse projetés sur le devant de la scène, il n’en demeure pas moins vrai que les femmes y sont tout de même pour beaucoup. Bref, aucun des deux camps en présence n’est irréprochable quant à sa vertu et sa morale. Passion, haine et fantasmes sont les trois thèmes développés dans cette comédie où les quiproquos s’enchaînent à un rythme de plus en plus élevé.