A Nu
de Tom Fontana, Marc Saez
Mise en scène de Marc Saez
Avec Véronique Picciotto, Pascale Denizane, Helmi Dridi, Anatole Thibault
Quand les états utilisent la psychose du terrorisme pour justifier leur abus et leur violation de la constitution des droits de l’homme... Certains décident de faire éclater cette vérité au grand jour. Magistral !
Le 11 septembre, World Trate Center, la pendaison de Saddam, Al Quaida, le Plan Vigipirate... une ribambelle de mots passés dans le langage courant au XXIe siècle. Des mots, des expressions qui expriment tous la même chose : la psychose et la peur. Les autres siècles ont eu les épidémies, les invasions, les guerres ; à notre époque nous avons le terrorisme. Un grand mot (pour ne pas dire gros mot) que l’on utilise à toutes les sauces et qui divise les hommes.De tout temps l’homme a cherché à protéger sa famille et son foyer des dangers, mais depuis pas si longtemps que cela, il est devenu extrêmement patriotique, à la limite de la paranoïa et du racisme. Que la vie a changé en quelques années... Le coup de semonce du 11 septembre 2001 à bouleversé le quotidien du monde entier et aujourd’hui plus de dix ans après, nous trouvons cela normal. Des contrôles plus poussés dans les aéroports, des militaires se promenant dans les grandes villes mitraillettes en main, moins de poubelles dans les villes et interdiction de rester rassemblé à plus de cinq personnes plus de dix minutes dans des espaces publics... Folie !Et cela n’est encore que la partie visible de l’iceberg. A Nu, une pièce bouleversante, coup de cur du festival d’Avignon 2012, dénonce les "magouilles" des gouvernements et les moyens qu’ils utilisent pour préserver la paix dans leur pays et prévenir de tous dangers. Un bon moyen surtout de contrôler le monde et de justifier leurs actes qui vont à l’encontre des droits de l’homme et de la liberté d’expression. C’est donc avec horreur que cette pièce nous apprend que la cellule anti-terroriste des USA peut, en toute impunité, fouiller le domicile des ressortissants étrangers sans même que ceux-ci ne soient, ne serait-ce que, soupçonnés de terrorisme ; qu’ils peuvent détenir une personne sans preuve ni autre faits six jours, six mois, un an ; et que l’usage de la torture psychologique et physique est plus que jamais utilisée pour parvenir à leurs fins.
Deux pays, deux décors, des moyens techniques qui diffèrent et des attitudes qui se veulent, au premier abord, diamétralement opposées. Mais finalement, c’est une même technique et un même langage, celui de l’intimidation et de la peur. La scène se divise en deux parties qui se rejoignent au centre. À jardin, les Etats-Unis d’Amérique. A cour, la Chine. Des deux côtés, un bureau où sont interrogées les personnes arrêtées en attente de confirmation pour savoir si elles prévoient de commettre des actes terroristes, ou seraient en contact avec des personnes suspectes, et si elles sont une menace pour le pays. Du coté des USA, c’est une femme qui interroge un homme typé maghrébin. Elle est blonde, imposante, en tailleur, droite comme un I et parle d’un voix forte et impressionnante. Elle est immédiatement dans un rapport conflictuel de domination avec cet homme qui ne comprend pas ce qui lui arrive et tente de se défendre tant bien que mal. Les moyens techniques sont modernes, hi-tech, le bureau est design, fait de plastique et de blanc. De l’autre coté, c’est un homme qui doit interroger une femme, une Française. Les locaux sont vétustes et les dossiers sont traités à l’ancienne, avec du papier et des photos. L’agent administratif qui procède à l’interrogatoire est plus ou moins avenant et s’excuse de la gêne occasionnée. Il est l’inverse parfait des USA. Au premier abord seulement car bien vite, le coté sadique, violent et dominateur prend le dessus et le contraste du personnage avec sa gentillesse du début rend la pratique des interrogatoires plus violente et plus cauchemardesque encore. Ainsi les deux cotés se répondent. Les textes sont les mêmes au mot près. Seul diffèrent les intonations et les intentions. La scène devient un miroir. Miroir de deux scènes et miroir d’une réalité consternante et inquiétante en dehors des murs du théâtre. Visuellement, c’est intelligent et fort. La répétition de l’interrogatoire n’est ni rébarbative, ni préméditée puisque le jeu diffère. Du début à la fin, on reste scotché. Pour casser les noirs et les reprises de scènes, des enregistrements des différents présidents des Etats-Unis d’Amérique sont diffusés. Ils parlent des lois, des mesures prises à l’encontre des ennemis de l’Etat, de la liberté de chaque individu... Il y a également deux scènes importantes qui cassent avec le visuel des interrogatoires. Des scènes où l’on apprend que les Etats contrôlent les médias et qu’il est très difficile de lever le voile sur ces abus. Très difficile, mais pas impossible. La preuve avec cette merveilleuse mise en scène de Marc Saez du texte du grand Tom Fontana qui découlera d‘un film signé Sydney Lumet. Des personnes concernées, engagées qui utilisent l’art et leur savoir-faire pour informer le peuple, afin d’ouvrir les yeux et de ne pas rester comme un mouton ignorant en train de végéter. Mais tout cela ne serait rien sans l’équipe au grand complet du spectacle A Nu. Tant les comédiens que l’équipe technique (notamment les lumières et tous les enregistrements sonores...) font de ce spectacle un réel coup de poing. Il y à deux ans déjà, A Nu était un petit bijou théâtral, il revient grandi, gonflé et encore meilleur. La comédienne Pascale Denizane a rejoint l’équipe et elle est à la hauteur du rôle. C’est avec passion et en y mettant leurs tripes, que les quatre comédiens évoluent sur scène pour se mettre au sens propre à nu. Quatre comédiens magistraux qui rendent justice au texte et défendent son message avec rage. On ignore tout des personnes interrogées. Sont-elles coupables ? Là n’est pas le propos. Ce qui nous importe, c’est les droits que s’octroient ceux qui sont censés nous "diriger" et les moyens dont ils abusent pour qu’il n’y ait pas de débordement. Des débordements qu’ils s’empressent de refréner ou d’étouffer dans l’uf, car il ne faudrait à aucun prix que le peuple se soulève sous peine de perdre leur pouvoir. A Nu est donc un spectacle qui doit être vu, tant par son message que par sa réalisation intelligente. C’est un spectacle qui doit tourner dans le monde entier, il est universel et de notre époque. Il nous touche tous. Et bien loin d’être moralisateur ou de défendre un point de vue ou une opinion, il lève juste le voile sur une vérité troublante et inquiétante qui doit être divulgué au grand jour pour qu’enfin les hommes puissent vivre en paix et ne soient plus soumis à une angoisse psychotique de l’autre.
Deux pays, deux décors, des moyens techniques qui diffèrent et des attitudes qui se veulent, au premier abord, diamétralement opposées. Mais finalement, c’est une même technique et un même langage, celui de l’intimidation et de la peur. La scène se divise en deux parties qui se rejoignent au centre. À jardin, les Etats-Unis d’Amérique. A cour, la Chine. Des deux côtés, un bureau où sont interrogées les personnes arrêtées en attente de confirmation pour savoir si elles prévoient de commettre des actes terroristes, ou seraient en contact avec des personnes suspectes, et si elles sont une menace pour le pays. Du coté des USA, c’est une femme qui interroge un homme typé maghrébin. Elle est blonde, imposante, en tailleur, droite comme un I et parle d’un voix forte et impressionnante. Elle est immédiatement dans un rapport conflictuel de domination avec cet homme qui ne comprend pas ce qui lui arrive et tente de se défendre tant bien que mal. Les moyens techniques sont modernes, hi-tech, le bureau est design, fait de plastique et de blanc. De l’autre coté, c’est un homme qui doit interroger une femme, une Française. Les locaux sont vétustes et les dossiers sont traités à l’ancienne, avec du papier et des photos. L’agent administratif qui procède à l’interrogatoire est plus ou moins avenant et s’excuse de la gêne occasionnée. Il est l’inverse parfait des USA. Au premier abord seulement car bien vite, le coté sadique, violent et dominateur prend le dessus et le contraste du personnage avec sa gentillesse du début rend la pratique des interrogatoires plus violente et plus cauchemardesque encore. Ainsi les deux cotés se répondent. Les textes sont les mêmes au mot près. Seul diffèrent les intonations et les intentions. La scène devient un miroir. Miroir de deux scènes et miroir d’une réalité consternante et inquiétante en dehors des murs du théâtre. Visuellement, c’est intelligent et fort. La répétition de l’interrogatoire n’est ni rébarbative, ni préméditée puisque le jeu diffère. Du début à la fin, on reste scotché. Pour casser les noirs et les reprises de scènes, des enregistrements des différents présidents des Etats-Unis d’Amérique sont diffusés. Ils parlent des lois, des mesures prises à l’encontre des ennemis de l’Etat, de la liberté de chaque individu... Il y a également deux scènes importantes qui cassent avec le visuel des interrogatoires. Des scènes où l’on apprend que les Etats contrôlent les médias et qu’il est très difficile de lever le voile sur ces abus. Très difficile, mais pas impossible. La preuve avec cette merveilleuse mise en scène de Marc Saez du texte du grand Tom Fontana qui découlera d‘un film signé Sydney Lumet. Des personnes concernées, engagées qui utilisent l’art et leur savoir-faire pour informer le peuple, afin d’ouvrir les yeux et de ne pas rester comme un mouton ignorant en train de végéter. Mais tout cela ne serait rien sans l’équipe au grand complet du spectacle A Nu. Tant les comédiens que l’équipe technique (notamment les lumières et tous les enregistrements sonores...) font de ce spectacle un réel coup de poing. Il y à deux ans déjà, A Nu était un petit bijou théâtral, il revient grandi, gonflé et encore meilleur. La comédienne Pascale Denizane a rejoint l’équipe et elle est à la hauteur du rôle. C’est avec passion et en y mettant leurs tripes, que les quatre comédiens évoluent sur scène pour se mettre au sens propre à nu. Quatre comédiens magistraux qui rendent justice au texte et défendent son message avec rage. On ignore tout des personnes interrogées. Sont-elles coupables ? Là n’est pas le propos. Ce qui nous importe, c’est les droits que s’octroient ceux qui sont censés nous "diriger" et les moyens dont ils abusent pour qu’il n’y ait pas de débordement. Des débordements qu’ils s’empressent de refréner ou d’étouffer dans l’uf, car il ne faudrait à aucun prix que le peuple se soulève sous peine de perdre leur pouvoir. A Nu est donc un spectacle qui doit être vu, tant par son message que par sa réalisation intelligente. C’est un spectacle qui doit tourner dans le monde entier, il est universel et de notre époque. Il nous touche tous. Et bien loin d’être moralisateur ou de défendre un point de vue ou une opinion, il lève juste le voile sur une vérité troublante et inquiétante qui doit être divulgué au grand jour pour qu’enfin les hommes puissent vivre en paix et ne soient plus soumis à une angoisse psychotique de l’autre.
Cyriel Tardivel
15/04/2014
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de Paul Spera,andrea Redavid
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