Anne-Laure Liégeois a pensé Macbeth dans un style qui va au-delà de l’écriture de Shakespeare. Les personnages se réincarnent dans une mise en scène décomplexée du mythe de la tragédie et des arcanes qui gravitent autour. La haine et la vengeance prennent l’odeur de la damnation et de la folie, la trahison se veut élégante et subtile.Un théâtre revu avec les éclairs de la création, une scénographie incroyable, des moyens scéniques audacieux, tels sont les intérêts, côté technique, qui intriguent et accrochent l’attention du public. A mise en scène exceptionnelle, techniciens exceptionnels et les citer individuellement leur revient de droit. Dominique Borrini aux lumières, François Leymarie à la réalisation sonore, Alice Duchange à la scénographie, Elisa Ingrassia aux costumes, François Corbal au décor, Patrice Lechevallier à la régie lumière, Antoine Gianforcaro à la régie générale, Guillaume Monard à la régie son, Les Ateliers du Grand T-Nantes pour la construction du décor.2014, année qui célèbre le 450e anniversaire de la naissance de Shakespeare, l’histoire de Macbeth n’est plus à raconter. Elle ressuscite les fantômes de la littérature classique, à se demander s’ils se sont un jour évanouis dans les sphères de la mémoire collective. Anne-Laure Liégeois les réhabilite à sa façon, un œil ouvert sur le monde et une main dans la poche à chercher le détail qui se remarque. Ses réalisations, la connaissance approfondie des auteurs classiques et vivants qui l’inspirent à créer de nouvelles formes théâtrales tout en respectant l’instruction de la ligne d’écriture. Anne-Laure, un génie décliné(e) au féminin.Ce Macbeth, un mélange de Kerouac et de Mouawad, des styles affirmés et un rythme soutenu. La mise en scène, une projection de suspicions, la lie de la trahison noie les hommes sans fond, les passions réveillent des syncopes, les sommeils virent au cauchemar, l’amour déraisonne la passion, la folie maquille l’illusion.Le travail d’Anne-Laure Liégeois, marcher en funambule sur un fil tendu entre théâtre-réalisme et théâtre-illusion. La confrontation hauteur-précipice manifeste un équilibre précaire à l’image de la relation instable homme-femme, Macbeth et Lady Macbeth.Les sentiments sont piqués du dard de la violence, telle est l’impression partagée par le couple Macbeth et Lady Macbeth. Olivier Dutilloy et Anne Girouard ne jouent pas les faux-semblants, ils insufflent à leur personnage une vérité élisabéthaine et contemporaine. L’un et l’autre sont magnifiés par leur prestation.Sébastien Bravard, alias Banquo, joue l’ami trompé à revers. Il interprète son rôle avec une intelligence qui ne laisse pas présager de sa destinée. Un rôle parfaitement adapté pour cet excellent comédien.A mise en scène exceptionnelle, comédiens exceptionnels. Olivier Dutilloy, Anne Girouard, Pauline Belle, Sébastien Bravard, Elsa Canovas, Alessandro de Pascale, Philippe Houriet, Pauline Masse, Noé Mercier, Sarah Pasquier, Jean-François Pellez, Jérémy Petit, Loïc Renard, Alexandre Ruby, Charles-Antoine Sanchez, Willie Schwartz.
Macbeth d’Anne-Laure Liégeois révèle des hommes et des femmes, tant à la technique, que sur scène, une alchimie artistique digne des plus beaux textes de Shakespeare.