Philippe Genty, designer de l'art vivant, modèle l'espace sur le principe de la ligne de fuite. Les chorégraphies esquissent des formes aux mouvements, l'intemporel domine la scène. La certitude du présent glisse progressivement vers un univers illusoire construit autour d'un collectif d'où se démarquent des individualités. Lesquelles conjuguent sur scène la pluridisciplinarité des performances artistiques de l'art vivant.Ne m'oublie, une recréation interprétée par de jeunes artistes norvégiens, la version initiale ayant été réalisée en 1992. La scénographie, une plastique compose le paysage boréal, un vent glacial souffle sur les éléments. En arrière-plan, se profilent de minuscules marionnettes articulées poussant un traineau à flanc de montagne.Une femelle chimpanzé élégamment vêtue apparaît sur le plateau. Dubitative, ses yeux interrogent la présence d'êtres humains doublés de leur mannequin respectif. L'approche simiesque de Clarisse se fond dans la transparence de ces personnages.Le concevable se dresse en opposition à la fiction, la raison fuit le permanent . L'inconscient s'installe dans l'histoire et à partir de ce moment, l'imaginaire de Philippe Genty s'ouvre sur ses univers, la liberté et l'irrationnel. La désorganisation synthétique du vivant lié à son semblant fait ressurgir les troubles du passé dans un jeu manigancé par le mouvement et l'absurde. Alchimie du jeu, de la réflexion et du burlesque, Ne n'oublie pas se découvre telle une création graphique. Sur scène, les intervenants se détachent en pop-up du décor comme dans un livre de contes pour enfant. La magie et le rêve se partagent l'émotion en suivant les évolutions du voile ébauchant des formes géométriques confondues de poésie et de trendresse. Cette performance rappelle une parenthèse extraite aux Voyageurs immobiles, une création de Philippe Genty programmée au festival Teatro a Corte en juillet 2010.Ne m'oublie pas explore des dimensions impalpables, la relation de l'homme au temps, et filtre une chrysalide de frissons, l'amour, la sensualité, la séduction.La mise en scène de Philippe Genty, un vertige des sens accordé à la création lumières de Vincent Renaudineau et Thierry Capéran, aux plasticiens, à l'équipe fabrications et costumes.A l'interprétation, Anne Magga Wigelius, Annie Dahr Nygaard, Morten Anda Berg, Lena Kvitvik, Henrik Hoff Vaagen, Benedikte Karine Sandberg, Sjur Marqvardsen, Maja Bekken, Stine Fevik. Ces jeunes artistes norvégiens intensifient Ne m'oublie pas de leur fraicheur et de leur prodigiosité à se dépasser. Un iceberg de promesses qui dérivent vers de belles scènes en régions et à l'étranger.Ne m'oublie pas, le merveilleux dimensionné à l'imaginaire de Philippe Genty.