Doute
de John Patrick Shanley
Mise en scène de Robert Bouvier
Avec Josiane Stoléru, Robert Bouvier, Émilie Chesnais, Elphie Pambu
Le doute traverse une vie comme un bateau déboussolé et s’il est bien un sujet aussi monumental que le doute, qu’en est il d’une pièce qui en porte le titre ?
René Descartes est le premier à faire du doute une principe métaphysique à valeur épistémique qui conduit à la connaissance certaine. Le "cogito ergo sum" refrain de nos classes de philosophie, semble avoir sa place dans l’uvre théâtrale de John Patrick Shanley au point qu’on peut y reconnaître des comportements qui semblent être capables de faire table rase du doute.Pour autant arrivés à l’indubitable dans leur vie et à ce qu’ils croient être une certitude, on les appréhende finalement bien extrémistes à ce moment là, eux dont la vocation semble les animer d’une sensibilité au regard de l’existence de Dieu inlassable au doute comme si, finalement, c’était l'aliment quotidien de leur croyance.Les personnages de la pièce de l’Américain John Patrick Shanley surgissent ainsi dans les lumières fluctuantes de la mise en scène troublante et véritablement possédante de Robert Bouvier, incarnant le rôle d’un prêtre accablé de pédophilie sans preuves.On respire un peu de cet air et l’on se laisse vaporeusement envahir des lumières du Bronx où a grandi l’auteur, y fréquentant une école catholique. Décor froid de fer ajouré, grillagé, lumières entretenant le clair-obscur, la pénombre d’un confessionnal ajouté de la voix sentencieuse en sermon du Père Brendan Flynn. Eclats de voix et visages essorés de rigueur d’une religieuse directrice d’établissement dans les années 60 : Sur Aloysus Beauvier. Un enfant noir, le premier à intégrer une école de blancs. Le combat d’une mère qui ferme les yeux sur le qu’en-dira-t-on, préférant voir son fils heureux, comme une traversée de la nuit sans visibilité mais qu’il faut parcourir coûte que coûte car la lumière se trouve au bout.Ces fragments énumérés, synopsis de l’uvre de John Patrick Shanley autant que la mise en scène de Robert Bouvier suffiront au lecteur pour qu’il plante le décor.L’état de suspens et l’émotion dans laquelle le jeu de ces quatre comédiens très talentueux nous plonge a quelque chose que le cinéma transporte jusqu’en nous quand il nous donne la chair de poule. On ne s’étonnera donc pas que ce sujet en version cinématographique ait été primé par cinq Oscars. Cette sensation, on la ressent et, comme un enfant qui ne sait rien de la vie, on aimerait monter sur scène à certains moments et changer l’histoire en prenant part pour l’un ou pour l’autre des protagonistes.Rares sont les pièces et les mises en scène qui font naître cet émoi. Je crois l’avoir ressenti la dernière fois dans Quai Ouest de Bernard-Marie Koltés où l’univers inquiétant venait me prendre le bras comme un revenant sorti de son catafalque... On transpire puis soudain, on a froid, la pièce nous parle ainsi car c’est un peu de notre être intérieur à travers elle, cet autre avec lequel nous frayons dans nos rêves profonds.Le malaise est omniprésent dans cette pièce, entretenu par des femmes, des religieuses face à un prêtre qu’on découvre et qu’on suit dans une bonne humeur fragile.
Le cri d’un corbeau lui fera un instant se tenir la tête comme un migraineux souffrant qui hurle à l’oiseau qui le frôle un "tais toi" nous montrant un autre visage plus sombre et névrosé.Difficile d’être un spectateur plaideur et pourtant le sujet et la mise en scène nous conduiraient bien à une plaidoirie inextricable tant ils s’imprègnent en nous. C’est par là la preuve que Robert Bouvier a réussi le challenge de faire percevoir au public, à travers sa scénographie, que la porte s’ouvre sur les choix qu’il doit faire. On reste dans l’inconfort, c’est douloureux mais le plaisir ne comporte-t-il pas quelques particules de douleur au final qui transgressent cet état voulu par un tel récit ?
Le cri d’un corbeau lui fera un instant se tenir la tête comme un migraineux souffrant qui hurle à l’oiseau qui le frôle un "tais toi" nous montrant un autre visage plus sombre et névrosé.Difficile d’être un spectateur plaideur et pourtant le sujet et la mise en scène nous conduiraient bien à une plaidoirie inextricable tant ils s’imprègnent en nous. C’est par là la preuve que Robert Bouvier a réussi le challenge de faire percevoir au public, à travers sa scénographie, que la porte s’ouvre sur les choix qu’il doit faire. On reste dans l’inconfort, c’est douloureux mais le plaisir ne comporte-t-il pas quelques particules de douleur au final qui transgressent cet état voulu par un tel récit ?
Yves-Alexandre Julien
19/11/2013
PARIS
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Mise en scène de François Nambot
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