La Tempête
de William Shakespeare
Mise en scène de Philippe Awat
Avec Thierry Bosc, Mikael Chirinian, Xavier De Guillebon, Laurent Desponds, Benjamin Egner, Malik Faraoun, Serge Gaborieau, Florent Guyot, Pascale Oudot, Jean Pavageau, Angélique Zaini
Il est des tempêtes violentes qui arraisonnent les bateaux à les envoyer sombrer dans les profondeurs abyssales des océans ou à venir s'échouer sur des rivages en terre inconnue. Des rescapés, naissent des illusions perdues et retrouvées dans les confrontations d'une existence nouvelle soumise à l'exploration de l'homme qui resurgit d'entre les hommes, et se greffe à un temps qui ne lui appartient plus.
Le monde de Shakespeare ne serait plus monde si des metteurs en scène comme Irina Brook et Philippe Awat ne possédaient cette envergure qui magnifie d'une montée en puissance insoupçonnée l'adaptation des uvres du dramaturge anglais.Sur la scène du Théâtre d'Ivry Antoine Vitez, souffle du 13 mai au 9 juin, La Tempête de Philippe Awat. Une mise en scène qui surélève les falaises creusées dans l'inconscient de l'homme décliné au pluriel. Régence et déchéance, tels sont les courants qui ont poussé Prospero loin de son royaume de Milan. Rescapé d'un naufrage, il s'est construit une vie nouvelle en compagnie de sa fille Miranda et de son esclave Caliban sur une île dessinée dans l'insondabilité géographique des cartes du XVIIe siècle.La Tempête de Shakespeare, une tragi-comédie qui passe en revue l'esprit des sciences de l'époque auquel il convient d'associer la notion de philosophie exprimée en l'égo de l'auteur. L'universalité des fondements de l'homme extraits en son intimité et confrontés aux jugements de ses pairs se traduit par une découverte de la psychologie humaine. Essence des valeurs intérieures dont la fragrance se diffuse dans l'horizontalité des utopies individuelles et collégiales.Le spectre de la carcasse d'un bateau se profile dans l'obscurité transgressée par les éclairs cinglant la nuit. Grondent les râles de l'orage à faire tressauter l'espace balayé par le souffle de la tempête. Des silences se révèlent à l'apparition de l'esprit, Ariel, jouée par Pascale Oudot. Le corps couvert de sa plus simple expression se déplace avec la grâce vouée aux chimères. Elle accompagne Prospero depuis qu'il a trouvé refuge sur cette île. Il n'est pas une décision qu'il ne prenne sans la consulter. Ariel apparaît et disparaît dans les vapeurs de la brume et sa silhouette se fond dans l'élément accroché à l'intemporalité de sa condition.Miranda, interprétée par Angélique Zaini, réveille une jeune fille qui a grandi en dehors du monde. Le seul homme qu'elle connaisse est son père, Prospero, incarné par Thierry Bosc. Ainsi, furète-elle avec la vie comme les ressacs déversant l'écume sur la grève. La présence étrangère d'un naufragé impromptu soulèvera des sentiments intenses jamais révélés pour le sexe opposé. Angélique Zaini est humblement magnifique dans le jeu double de Miranda, en enfant naïve et spontanée, en jeune femme éveillée par les sens de l'amour.Caliban, joué par Florent Guyot, sort de l'ombre de la carcasse du bateau et s'identifie à l'homme-sauvage asservi à sa plus misérable condition, esclave de son maître, Prospero. Les haillons se confondent à la crasse qui le recouvre, Caliban est mi-homme, mi-primate dans ses déplacements et ses attitudes. Souple et hargneux, il cherche un moyen de se venger pour fuir celui qui l'a recueilli et réduit à la bestialité. Florent Guyot, une présence étonnante et intense.Thierry Bosc transcende le personnage de Prospero. Il en importe les vibrations des illusions expérimentées, la vieillesse pardonnée, le libre-arbitre du destin de sa fille. Il pose la réflexion sur les inverses, le bien et le mal et demande à son conseil, l'esprit, le verdict de sa pensée. Rien n'est supposition sans illusion, la perversité de l'effet "utopie" entre Ariel et Prospero souligne une magie impalpable. Le rendu est éblouissant à l'image de Prospero interprété par Thierry Bosc.La Tempête de Philippe Awat traduit une douleur à la beauté qui se mire sur une musique du monde imperceptible et envoûtante. Awat insuffle à la tragi-comédie de Shakespeare des directions diamétralement opposées que sont l'amour et la trahison, la fidélité et la soumission, la poésie et la cruauté. Allégorie de chants intérieurs, vent de rébellion fomentée par des esprits extérieurs, le lyrisme jaillit de la philosophie et de la violence dans certains épisodes.Awat intègre des scènes décalées, lesquelles faites d'un rien maquillent l'intrigue de rire. La mise en scène innove avec la présence des rescapés du second naufrage pour lesquels l'importance scénique accordée intensifie l'acheminement de l'homme face à son point de gravité, la vie. La rencontre de toutes ces âmes magnifie la beauté du monde qu'offre le théâtre.Philippe Awat tend la main à une nouvelle tendance inspirée du théâtre classique et le souffle porté par cette Tempête déconventionne les exigences d'une mise en scène stricte et sans génie en l'apport d'une orientation résolument humaine sur les misères du monde. Les illusions enlacent la réalité d'images empruntées à la douleur et à la douceur de l'existence.La Tempête de Philippe Awat, c'est un cercle magique composé de l'ensemble des comédiens exceptionnels auxquels il convient de citer Clément Debailleul et Raphael Navarro aux effets techniques, Benjamin Lebreton à l'espace scénique, Nicolas Faucheux à la création lumière, Pascale Robin à la création des costumes.
Philippe Delhumeau
15/05/2013
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Mise en scène de Mikael Chirinian
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