Depuis le mois de janvier, la halle Saint-Pierre accueille en son sein Anne et Julien, les créateurs de la revue Hey !, ainsi que plus d'une soixantaine d'artistes venus exposés leurs œuvres fortes et colorées. Une expo percutante qui ne laisse pas indifférent. Ces jeunes artistes bousculent les conventions et les esprits des biens pensants. A l'heure où notre monde va mal, entre les guerres de religion, le politiquement correct et le pape qui démissionne, les artistes offrent leur vision crue et parfois troublante de la vie. C'est puissant, coloré, certains tableaux donnent l'impression d'un univers enfantin, de dessins animés ; des symboles plus ou moins religieux sont détournés ou poussés à l'extrême... Bref, c'est osé, vivant, vibrant et ça fait du bien !A l'image de cette exposition, la compagnie Hey ! s'entoure de plusieurs performeurs d'horizons différents pour créer tout un spectacle sur l’événement. Au son de quatre énormes gramophones et de leur bébé, le mikiphone, Anne et Julien, ces deux amoureux du bon son "old school" qui crache et crépite, nous offrent un voyage au delà de notre réalité. En fond de scène, les œuvres picturales de l'exposition sont projetées et les artistes exécutent leur numéro en fonction.Ainsi, une apparition divine descend du ciel et Ariadna Gilabert fait une démonstration hallucinante de corde. Force, équilibre, garce et beauté dans un corps de femme serpent ! Et ça n'est que le début. Yannick Unfricht, l'homme rouge, est littéralement terrifiant. Il se donne entièrement lors de ses performances devenant homme-cerf, psychopathe envieux des appendices d'Edward aux mains d'argent... En plus du son nostalgique et merveilleux des galettes de blues et de jazz tournant sur les gramophones, Ezra donne de la voix et du souffle et apporte son son, son univers. Quel talent ! Un jeune homme à la beauté de Narcisse qui crée tout un monde entre ses lèvres. En parlant de beauté, l'équipe se complète d'une sorcière envoûtante en la personne de Lalla Morte. Elle capte l'assistance sous son charme et la déroute lorsqu'elle marche sur du verre pilé et s'écrase une cigarette sur la langue. Dans le pur style burlesque, une déesse tatouée belle et trash qui s'adonne au fakirisme.Tout cet univers décalé à l'esthétisme travaillé, qui fait reculer encore et encore les limites de la recherche dans la transformation des corps et des codes sociaux, ne laisse pas indifférent. Quel plaisir sur la scène artistique parisienne de voir et d'entendre quelque chose de différent qui ne soit ni aseptisé, ni vu et revu mille fois ou bien uniquement là pour l'argent. Hey ! Ils sont vrais, authentiques. Ils ne sont pas sans rappeler Freaks, la monstrueuse parade ou même semblent être apparentés à la Famille Adams. Ils sont beaux, dérangeants et donnent un bon coup de pied au cul des bonnes mœurs et des conventions. Hey !, ça fait du bien !!!