


Macbeth Kanaval
de William Shakespeare
Mise en scène de Pascale Nandillon
Avec Séverine Batier, Serge Cartellier, Alban Gérôme, Myriam Louazani, Sophie Pernette
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Du 28/01/2013 au 05/02/2013
Jusqu'au 5 février à 20h, samedi 2 février à 19h, dimanche 3 février à 15h.
Théâtre du Soleil
Cartoucherie
75012 PARIS
Métro Château de Vincennes
01 43 98 16 96
"Salut, Macbeth ! Salut à toi, thane de Glamis !" "Salut, Macbeth ! Salut à toi, thane de Cawdor !" "Salut, Macbeth, qui seras roi un jour !"
Macbeth, la pièce maudite de William Shakespeare, celle dont il ne faut pas prononcer le nom, celle qui invoque les sorcières, les esprits, les morts... Dans sa version, l’Atelier Hors Champ s’inspire et utilise les codes du "Kanaval" haïtien pour retranscrire la folie de Macbeth et de son épouse. Ce carnaval est une grande fête colorée à la fois rite social magique de convocation et de conjuration des morts, et espace politique où les dirigeants peuvent être critiqués ouvertement et caricaturés grâce aux masques, aux maquillages et aux déguisements. Une formule tout à fait appropriée pour l’uvre du grand dramaturge anglais, traitant de manigance politique et de folie du pouvoir dans un univers de sorcellerie et de meurtre.Macbeth revient victorieux de bataille pour Duncan roi d’Ecosse. Sur le chemin du retour, trois sorcières lui prédisent son ascension jusqu’au plus haut titre, celui de roi. A son compagnon, Banquo, elles lui prédisent qu’il engendra toute une lignée de monarques. Poussé par son épouse, Macbeth assassine Duncan et devient le nouveau suzerain. Mais la prédiction des sorcières à Banquo le rend fou. Macbeth et sa femme sombrent dans la folie, une folie meurtrière du pouvoir qui corrompt l’âme et l’esprit.La proposition de l’Atelier Hors Champ est intéressante. Elle est résolument moderne et utilise les bandes sonores et la vidéo pour une ambiance contemporaine. Ce procédé fait un écho aux réflexions sur la guerre, le pouvoir et la folie qu’ils engendrent, par d’autres artistes tels que Francis Ford Coppola, Orson Welles, Carmelo Bene, Kurosawa... Ainsi, les voix des défunts acteurs sont présentes dans la pièce tout comme le sont les fantômes de Macbeth. Les sabots et les hennissements des chevaux qui s’agitent, de violents coups qui surprennent et résonnent... l’ambiance est dérangeante et quelque peu inquiétante.Reprenant cet univers propre à Shakespeare, le rêve, la pièce est construite sous forme de cauchemar. Les rythmes sont nettement distincts ; majoritairement longs au texte débité de façon trainante comme des voix d’outre-tombe, d’esprits qui revivraient leurs erreurs. Parfois les actions s’enchainent et s’accélèrent, les personnages courent, se percutent, s’affolent dans un chaos chorégraphié. Les comédiens interprètent plusieurs personnages et se déplacent comme des esprits coincés entre la vie et la mort.Le visuel est travaillé et le rendu magnifique. Le plateau, où tous les changements se font à vue, est un capharnaüm organisé avec des fauteuils-trônes montés sur roues, des praticables, des mannequins de couturières, de nombreux costumes... Le jeu des lumières est très important. Les techniciens jouent avec le clair-obscur. Certaines scènes ne nécessitent qu’une douche ou bien très peu de projecteurs, laissant le spectateur apercevoir ces formes, ces ombres se mouvoir et réaliser leur plans sinistres.L’utilisation des masques et de la peinture, indispensable au "kanaval" haïtien, apporte une dimension profonde à la mise en scène. Ces hommes de pouvoir sont des bouffons, ils se griment, s’apprêtent, veulent se distinguer, mais ne sont finalement que des clowns tristes perdus et ignorants de la tâche qui leur incombe. D’ailleurs la notion de tâche est indissociable de cet uvre et ici habillement menée et centrale. Lady Macbeth, au summum de sa folie, dans son insomnie est obsédée par cette tache du sang du défunt Duncan sur sa jolie main, preuve de sa culpabilité dans ce meurtre. Dans cette mise en scène, la peinture (rouge, blanche, verte...) s’étale sur les corps et les visages et les comédiens n’ont de cesse de se laver frénétiquement dans les bacs d’eau qu’ils salissent au fur et à mesure, pour se rebarbouiller derrière. Du début jusqu’à la fin, c’est un geste continu de salissure, de lavement et de nouvel infection, encore et encore.Intéressant aussi les costumes des personnages. Du kimono au kilt en passant par le manteau de caporal, les chapeaux à plumes... ce sont des déguisements plus que des costumes qui sont utilisés afin de dénoncer la mascarade des personnages. D’ailleurs, ce sont des costumes empruntés. Empruntés aux morts, à une autre époque, mais également à d’autres lieux géographiques ; les tailles et les fonctions de l’uniforme ne correspondent pas.Les cinq comédiens livrent une belle performance. On ressent une grande recherche de prime abord de la pièce avec un travail du corps poussé, une grande exploration du mouvement pour chaque personnage. Ayant subie d’importantes coupures dans le texte, c’est l’essentiel de l’uvre de Shakespeare qui a été retenu. Même si le débit de parole est bien souvent lancinant, ce qui perd l’énergie de la pièce au fur et à mesure, les comédiens ne sont pas en sur-jeu. Ils ressentent ce que vivent les personnages et s’interrogent réellement sur leurs actes. Macbeth et Lady Macbeth forment un couple convainquant et chacun, à sa manière, apporte une dimension réaliste au personnage. N’oublions pas toutefois que dans cette version, nous évoluons clairement dans un univers cauchemardesque, donc fantasmagorique et différent de ce que nous considérons comme réalité. Attention toutefois à une Lady Macbeth qui abuse du rire, car cette répétition stigmatise le personnage et l’on y voit plus une astuce de la comédienne qu’une réaction de la reine.Ainsi, Macbeth Kanaval est une version intéressante avec des propositions nouvelles et justifiées de cette uvre par l’atelier Hors Champ. Quel dommage que ce ne soit pas assez. Le rythme lent, même s’il est justifié, perd peu à peu le public qui attend plus d’étincelles et de folie. Quant aux projections vidéo et à l’utilisation des bandes sonores, elles laissent un goût de trop peu : elle mériteraient une présence en plus grand nombre, surtout au niveau des vidéos.Une belle proposition qui a le mérite d’être novatrice, en recherche et profondément accès sur la veine dénonciatrice et la réflexion de l’auteur. Même si Macbeth Kanaval requière des réajustements pour embarquer complétement le spectateur dans un tourbillon cauchemardesque qui le ferait ressortir de la salle groggy et fasciné, révolté par les absurdités et les abus des hommes de pouvoir.
Cyriel Tardivel
01/02/2013
Samedi 2 et dimanche 3 février, une rencontre est prévue après la représentation.

PARIS
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