Florence Foster Jenkins a hérité d’une belle fortune à la mort de son père. Son rêve étant de devenir cantatrice, elle utilise son magot pour développer sa carrière artistique. Car Madame est persuadée d’avoir l’oreille absolue et d’être une soprano colorature hors pair. Elle deviendra célèbre... mais pour son manque de justesse, son faible sens du rythme et son incapacité totale à chanter correctement !Mrs Jenkins emploie chez elle un jeune pianiste, Cosme Mac Moon qui deviendra son accompagnateur officiel. Evidemment, ce dernier est au début, surpris de la voix et de l’oreille musicale atypiques de la pseudo-cantatrice. D’abord dépossédé de ses moyens, il l’accompagnera pourtant lors des concerts qu’elle va donner au Ritz-Carlton de New York. Mais la cantatrice voir encore plus grand et souhaite se donner en concert dans la plus grande salle de spectacle de la ville, au Carnegie Hall. Elle y est tellement attendue que les billets d’entrée se vendent comme des petits pains... Son fidèle pianiste fait tout, pourtant, pour la persuader de ne pas jouer, mais la cantatrice, qui n'en fait décidément qu'à sa tête, donnera un récital de plus de vingt-quatre airs et cinq rappels, avec un costume pour chaque air, s'il vous plaît ! Comme d’habitude, le public rit de cette joyeuse fausseté du chant de Mrs Jenkins... qui, elle, ne voit là la moindre moquerie.Dans une très belle mise en scène épurée d’Agnès Boury, le pianiste interprété par Grégori Baquet raconte son aventure atypique avec la cantatrice. Le spectacle alterne entre récit et scènes des moments de vie et de rencontres entre Mrs Jenkins et son pianiste. Tout est suggéré par de simples jeux de lumière, donnant à ce spectacle intimiste une note – juste – de poésie musicale. On se prend d’affection pour cette chanteuse, incarnée par Agnès Bove, qui croit vraiment en son talent et qui fait tout pour réussir, sans même se rendre compte qu’elle chante faux. Et quand elle chante, c’est hilarant ! On ne peut que saluer l’exceptionnel travail de la comédienne-chanteuse qui a dû énormément travailler (si, si !) pour chanter aussi faux avec... autant de justesse !On apprécie surtout le fait que le spectacle ne soit pas un simple enchaînement d’airs massacrés. Le texte et la scénographie nous transportent dans l’humanité des deux personnages, qui les lie et les délie. On découvre comment ils s’entraident, se supportent et se conseillent. Tout est réalisé avec finesse et on entre directement dans la personnalité de Mrs Jenkins et de son pianiste, jusqu’à comprendre, ou du moins tenter de comprendre, pourquoi la cantatrice croit en son talent et pourquoi son pianiste accepte finalement de travailler avec elle, persuadée qu'elle est un génie !