Les Bâtisseurs d'empire ou le Schmurz
de Boris Vian
Mise en scène de Loïc Fieffé
Avec Renaud Gillier, Sandrine Moaligou, Marie Chapet, Emilie De Lemos, Laura Lutard, Etienne Guérin, Pierre Serra
La famille, des parents ubuesques, une jeune fille bien comme il faut, une bonne portée par les anses
Les Bâtisseurs d'empire ou le Schmurz n'est pas la pièce la plus connue du répertoire de Boris Vian. Jean Négroni la monta sur scène en décembre 1959 au Théâtre Récamier et pour interpréter les rôles principaux, il s'entoura de Henri Virlogeux, Madeleine Cheminat et Dany Saval. Cette pièce est un pied de nez à la gravitation familiale recentrée autour du père. L’autorité illusoire associée au prestige d’une potentielle réussite sociale montre la décadence d’un homme perverti à sa propre condition entrainant dans son ascension vertigineuse sa femme, sa fille et la bonne. Le ridicule de situation extrapole la classe moyenne française à l’heure où Boris Vian écrit cette pièce. Le style s’échafaude d’entrefilets gras et lubriques dans un jeu de répliques courtes et imbues. Les parents feintent la réalité en s’inventant un mode d’évolution existentiel synonyme de paradis artificiel. La maxime "la vérité sort toujours de la bouche des enfants" convient au contexte. Sous couvert de sa jeunesse, la jeune fille s’accorde à rappeler la vie avant. Réfléchie et spontanée, sa façon d’amener le propos juste déstabilise ses parents. La déraison l’emportant sur la raison, cette pièce pourrait être comparée à une étude des murs socio-familiaux au beau milieu des trente glorieuses.L’histoire. Derrière le rideau, un bruit persistant semblable à un râle déloge le silence. Le plateau se découvre sur le père de famille, Renaud Gillier, la mère, Sandrine Moaligou, Zénobie la fille, Marie Chapet et la bonne surnommée la Cruche, Laura Lutard. Le décor éclaire l’intérieur d’un modeste deux-pièces, cuisine. Le bruit dérange et contraint la famille de quitter l’appartement, d’emprunter l’escalier qui conduit d’étage en étage à un logement plus modeste. Le Schmurz, personnage pour le moins étrange, se glisse dans les coins et subit les coups et les contrecoups.La scénographie de Marie Chap’, une galerie de paravents qui donnent l’illusion du vrai, les trompes-l’il narguent l’il de leurs couleurs. Marie Chap’, une belle artiste.Pour Loïc Fieffé, le texte de Boris Vian est un baptême inaugural en trois actes. Première mise en scène. A n’en point douter, sa jeunesse et sa passion manifeste pour le théâtre lui ouvrent des appétits. D’habitude, il foule les planches, la réplique en bouche et le jeu de circonstance. Grand bien lui a pris l’idée de mettre en scène Les Bâtisseurs d'empire ou le Schmurz. D’entrée, l’intrigue prend à la gorge, les notes du piano se dispersent par crainte d’être rattrapées. La confrontation sociale du couple de petits bourgeois repenti à leur contraire en la présence de la bonne mixe les rapports établis à hauteur d’homme. L’imposante allure du père convient à l’arrogance dont il s’amuse comme un grand gamin éclaboussant son entourage de caprices puérils. Renaud Gillier n’est pas comédien à faire dans la demi mesure. Généreux et sincère, ce comédien possède un talent indéniable à interpréter toute sorte de registre.La communication se décline à la première personne et dans l’ombre la suivante. Le "je" se donne de l’importance, le "tu" tutoie la négligence et suit la fatuité du personnage. La Cruche n’est pas ébréchée et porte à la perfection la représentation sociale de sa condition. Laura Lutard pousse l’humour jusqu’à un point de non retour, de ses répliques fusent des mots amidonnés avec excès. Marie Chapet interpréte Zénobie, la jolie et infortunée jeune fille. A croire que ses parents ont décidé de lui pourrir la vie dès son enregistrement à l’état civil. Zénobie, ce prénom recherché a tout d’une torture morale ! Boris Vian n’avait pas son pareil pour créer des écarts littéraires, tout comme Jacques Tati au cinéma. L’insouciance maquillée témoigne de cette volonté de dénoncer avec volubilité et exagération les travers d’une époque. Si le miroir est fêlé, l’image restituée ne dépareille pas quelques décennies plus tard. Loïc Fieffé trace la voie aux comédiens en conservant intact le spectacle de la représentativité. Sandrine Moaligou incarne à souhait la femme-toupie qui dit oui, qui dit non, suit son mari jusqu’à l’approuver dans les ascensions successives. Leur fille, un objet que l’on emmène comme un vulgaire bagage chargé de colifichets. Les interventions de Marie Chapet apaisent l’atmosphère et son regard pose des interdits sur les inconvenances passagères orchestrées dès que les coups pleuvent sur le Schmurz. Marie Chapet, une comédienne qui gagne à être connue.Sous les bandelettes du Schmurz, se dissimule Pierre Serra. Quelle patience et quelle tolérance ! Débandé, il voit bleu. Un rôle discret et ô combien important pour situer l’égoïsme et la perversité des parents. Le voisin est incarné par Etienne Guérin, de courtes apparitions qui suffisent à lui conférer une importance dans la pièce.La mise en scène mélange les cadences sociales avec force et persuasion, l’intrigue au drame, le déni et la chute finale. Bon travail réalisé avec l’intérêt porté à Boris Vian et le rendu mérite le détour au théâtre Les Rendez-Vous D’Ailleurs.
Philippe Delhumeau
08/11/2012
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