De la rue du Département aux Jardins d’Eole, il y avait Le Grand Parquet et aujourd’hui, il y a de nouveau Le Grand Parquet. Théâtre populaire, théâtre de proximité, le chapiteau de François Grosjean, le très sympathique directeur, ouvre la saison avec La Farce de Maitre... Demarcy. Pardon à l’auteur éponyme, c’était un lapsus. Mais, rendons à Pathelin ce qui est à Pathelin. La Farce de Maitre Pathelin et sa troupe de joyeux comédiens va battre le parquet du talon et de talent jusqu’au 28 octobre sous le chapiteau du Grand Parquet installé dans les Jardins d’Eole, sis rue d’Aubervilliers.Eut-il eu raison l’auteur de conserver l’anonymat. L’histoire de la littérature retiendra cette fantaisie légère comme étant le premier chef-d’œuvre du théâtre comique médiéval.
Cette pièce eut pour vice et vertu de maquiller en friponnerie les insolences des notables de l’époque. Le ton s’accordait selon le dialecte des régions visitées et ne fut pas considéré de bonne fortune par les contribuables aux bourses pleines. Satire joviale farcissant allègrement le quand-dira-t-on ; à la naïveté, la rime invite à la plaisanterie. Le modèle du trompeur trompé fit rire les gueux et continue d’amuser un public inter-générationnel au XXIe siècle. Pour preuve, Le Grand Parquet ne faillit pas à sa tradition et c’est peu dire si nous nous y sentons bien chez François Grosjean & Co.
Maitre Pathelin est un fieffé bonimenteur qui se gausse ouvertement de n’avoir aucun scrupule à prêcher le ridicule. Aussi, n’hésite-t-il pas à fourvoyer le drapier en lui dressant louanges et éloquences jusqu’à obtenir ce qui sied à sa désinvolture, un crédit. Guillemette, son épouse, reproche à son mari, plus auguste qu’avocat, ses épanchements pour la tromperie.Pathelin, qui n’est pas en reste d’idées, fait fi des basses considérations et s’amuse de la situation. Le drapier lui prête largesse d’une étoffe à suivre le client jusque chez lui en échange d’un bon repas et du paiement de la pièce de tissu. Quelle n’est pas la surprise du marchand au moment où Guillemette lui ouvre la porte. Pathelin geint de délire et se meurt d’agonie.L’adaptation de Richard Demarcy en une version contemporaine ne déroge pas à l’esprit insufflé au style et à la moralité de l’histoire. Les escrocs font des crocs-en-jambe à ceux qu’ils considèrent comme étant plus vils qu’eux. La ruse se prépare, se travaille et demande abnégation car elle a le mérite de fanfaronner en habit de soie. Le farceur est instruit, intelligent et il connait les codes de déontologie du ridicule de situation à en user avec adresse. La scénographie est une passerelle entre le passé et le présent. Le décor se compose de deux meubles faisant office de lit ou de table. Des paravents drapés dissimulent l’avant et l’après des farces fomentées. Il n’est pas de bon ton de rire sous cape, les pitreries se vivent de part et d’autre de la scène et elles sont le facteur burlesque de la jovialité transmise ipso facto.La richesse du répertoire de Maitre Pathelin s’adapte à toutes les époques. In situ, le ridicule de situation a pris forme avec les costumes de cirques portés par les comédiens. Les instruments de musique, un ensemble ethnique en accord avec le métissage de la troupe, Léontina Fall et Jean-Lacroix Kamga.Richard Demarcy est un fieffé farceur, son Maitre Pathelin revendique une authentique personnalité et chapeau bas à Leontina Fall, Antonio Da Silva, Guy Lafrance, Jean-Lacroix Kamga et Nicolas Le Bosse. La Farce de Maitre Pathelin se déguste à couvert de rires et de surprises au Grand Parquet.