Cela a très mal commencé. Imaginez un attroupement furieux devant une billetterie. Des réservations non prises en compte. Une sur-réservation évidente. Il reste 10 places à vendre et il en reste encore 25 à trépigner. Et, trônant derrière son guichet, un type désagréable comme il est rare, arborant fièrement un ridicule chapeau. L’entrée à 15 €... Pourtant, elle était indiquée à 14 € sur le programme du festival. Le prix est mesquinement corrigé à la main sur une pauvre affiche. 1 € de gratte, c’est toujours bon à prendre… Un spectateur souhaite payer par chèque les 45 € qui lui sont réclamés. «Ah non, monsieur !», aboie le cerbère «je ne prends que les chèques postaux ». Le pauvre vieux, dépité, lui jette un regard désespéré mais vain. Aucune importance, d’autres gogos viennent prendre sa place, ses places.Cela avait mal commencé… Cela a mal continué. L’affreux du guichet, le voilà maintenant sur scène, le chapeau en moins. Puis, il est rejoint par une jeune fille charmante, très jeune, très charmante. A qui il reste encore un peu de travail pour être vraiment comédienne. Et, de toute évidence, ce n’est pas avec son partenaire actuel qu’elle pourra progresser. Parce qu’il n’est pas très bon, le bougre. Et, qui plus est, irrespectueux. Car, le niveau sonore de sa diction approximative n’a pas la décence d’atteindre le 4ème rang.Le minimum de respect que l’on attend d’un comédien à l’égard de son public est qu’il parle suffisamment fort pour être simplement entendu.La mise en scène, à peu près inexistante, est, toutefois, assez ignominieuse pour obliger, sans aucune nécessité, la pauvre demoiselle à se déshabiller face public. Certes, pas complètement ; mais, pourquoi alors, son soutien-gorge est-il transparent ?Le racolage au service de la médiocrité !Disons enfin, pour en revenir au triste sire, responsable de ce naufrage, que son jeu, empreint de poses auto-satisfaites, rend son personnage profondément antipathique (en serez-vous surpris ?) jusqu’à la fin de la pièce. Le comble, pour un rôle de macho absolu qui découvre le bouleversement de l’amour.Eclair de lucidité ou seulement puérile forfanterie, il se dissimule, dans les programmes, sous le pseudonyme de John Steed.Du chapeau melon, il n’a gardé que le melon !
Il s’appelle, en réalité, Thierry Souffir. Si vous lisez ce nom sur une affiche, passez votre chemin, il y a trop de belles choses à voir en Avignon, ou ailleurs, pour perdre son temps. Et, lui, n’est pas beau !