Le 6 décembre 1892, ce fut la première représentation de Casse-Noisette devant la famille impériale de Russie. Depuis, chaque année, dans le monde entier, ce ballet devenu mythique est rejoué, le plus souvent en période de fêtes. Il faut dire qu’à plus de cent ans, ce spectacle n’a pas pris une ride et provoque toujours l’admiration et l’émerveillement du public.Cette version simplifiée et édulcorée du conte d’Hoffman, Casse-Noisette et le Roi des Rats, raconte l’incroyable aventure d’une jeune fille, Clara (se prénommant différemment selon les versions), à qui son parrain (l’étrange Drosselmeier, un peu sorcier) offre un casse-noisette pour Noël. Prise de passion pour son nouveau jouet, la petite fille s’endort en le serrant contre son cœur. Ainsi la magie opère. Lorsqu’elle se réveille (ou est-elle toujours endormie ? A chacun de voir...), le casse-noisette est en vie. Surgit une armée de rats qui attaque le jouet animé. Le roi des rats est sur le point de tuer notre héros, lorsque la jeune fille détourne son attention et c’est le casse-noisette qui finalement terrasse l’ennemi. Le pantin de bois se transforme en un jeune et séduisant prince charmant. La mort du roi des rats a rompu le charme.Le prince charmant emmène sa sauveuse et jeune amoureuse, la jolie Clara, dans son royaume enchanté, le pays de la Fée Dragée. Au cours de leur voyage interplanétaire, ils traversent le Royaume des neiges et arrivent à la Cour où ils racontent leurs aventures. Pour remercier Clara d’avoir délivré le prince charmant, la Fée Dragée et ses sujets dansent pour la divertir. Cinquante ans plus tard, lorsque Clara retrouve son casse-noisette dans une vieille malle du grenier, elle se souvient de cette nuit avec émotion.La première de Casse-Noisette. L’ouverture du rideau se fait attendre et la représentation prend du retard. Inhabituel pour le Théâtre du Capitole. On nous informe qu'à la suite d'un problème technique, l’ensemble du système des décors et des effets scénographiques est paralysé. Mais qu’on se rassure, les techniciens ont accepté d’assurer leur travail manuellement. Ainsi, the show must go on et le rideau se lève. Un grand merci à toute l’équipe technique !Un spectacle magnifique, comme toujours, orchestré par le ballet et l’orchestre du Capitole. Les danseurs virevoltent, jettent la jambe, se portent et tels de petites fées ou des esprits, s’envolent sur scène. La scénographie est soignée. De très grands panneaux décorés avec soin et précision représentent les différents lieux de l’action. Les costumes sont une pure merveille ! Des tutus, des froufrous, des strass, des paillettes, des couronnes et des bijoux brillent de mille feux. Les petites filles sont émerveillées et les plus grandes aussi. Pour sublimer le tout, la musique de Tchaïkovski : douce, atypique et onirique, connue et reconnue par toutes les générations à travers le monde.Une fois de plus, un très beau travail servi par une équipe remarquable. Maria Gutierrez est belle et enfantine dans le rôle de Clara. Toute petite et entourée d’enfants dans le deuxième tableau, on la confond avec les petits rats de l’opéra. Et ce n’est qu’après plusieurs minutes que l’on reconnaît la grande soliste du ballet du Capitole. Son jeu tout en joie et en grâce nous remémore son interprétation d’Alice dans Alice au pays des merveilles.Un couple marque véritablement les esprits : les talentueux Magali Guerry et Kazbek Akhmedyarov, la Fée Dragée et le prince bienfaisant. Ils sont, à la scène, une conjugaison parfaite de beauté, de précision, de grâce, de sensualité et d’harmonie. Ils créent l’événement et on en redemande. On atteint un très haut niveau de danse et de perfection avec le solo de Magali Guerry sur la partition musicale la plus connue de ce ballet. A ce moment précis, elle devient l’incarnation même de la magie des fêtes de Noël.A noter également le duo Paola Pagano et Takafumi Watanabe dans la danse orientale. O combien de légèreté et de grâce ! Bien que l’on remarque certaines faiblesses de la part de Takafumi lors des portés, sa partenaire Paola (marquante et même un peu dérangeante du fait de sa minceur, pour ne pas dire maigreur) est sublime. Ses gestes sont précis et stylisés, on est porté par l’univers oriental à forte consonance indienne. Cette danse peut être encore améliorée mais c’est déjà très fort, vibrant et, disons-le, très beau.La danse des Flocons de neige est un enchantement pour les yeux. Toutes ces jolies ballerines souriantes et rafraichissantes, parées de neige et de doré virevoltent sous les flocons. C’est de saison et c’est adorable.Le ballet Casse-Noisette a beau être un des plus vieux créés et toujours en représentation, il n’a pas fini de nous émerveiller. Parfait en cette saison, un très beau cadeau à offrir à toute la famille.