Le film de Frédéric Fonteyne, Une Liaison pornographique, sorti en salle en 2009 et dans la direction d'acteurs Nathalie Baye et Sergi Lopes, présente le rapport de l'homme à la femme dans un relation purement sexuelle. La mise en scène d'Olindo Cavadini reprend trait pour trait cette approche humaine et anecdotique avec l'expression théâtrale exigée pour la circonstance.Le monde s'arrête à la première rencontre. La séduction danse avec fébrilité autour d'une envie qui caresse un désir naissant. Des paroles échangées autour d'une table de bistrot, la banalité de l'instant s'émeut quand les regards convergent de l'un vers l'autre. Le désir se consomme dans une chambre d'hôtel. La relation s'intensifie au point de s'écrire tous les jeudis dans l'agenda de l'un et dans la mémoire de l'autre.Une adaptation qui idéalise la transparence des rapports intimes sous le jeu de la video. L'anamorphose rationalise la vision des bouches. Lesquelles s'articulent dans un élan géométrique planifié sur l'écran blanc. Le poids des mots prononcés s'enchevêtrent dans un maillage inaudible. La transparence des rapports se définit ainsi, les protagonistes s'identifient dans l'anonymat d'une jouissance fusionnelle.L'histoire. Un homme répond à l'annonce rédigée par une femme dans un journal. Un cognac et une tasse de thé délient les langues et découvrent l'expression des regards échangés. Une chambre d'hôtel lie cette rencontre et s'initialise au lit. "Alors, c'était comment cette première fois ?" Interrogation qui soulève l'appréhension chez tous les couples à l'issue du premier assaut conjugal. Soupirs de soulagement à ces mots libérés des conventions d'usage : "C'était bien, très bien". L'homme se satisfait d'un "très bien". La femme se satisfait d'un "très, très, très bien".Sur l'échelle du plaisir, le désir ne se mesure pas de la même façon. Condition symétrique optimale, l'homme et la femme prennent le temps de se voir tous les jeudis à la même heure, dans le même hôtel et peut-être toujours dans la même chambre. Une relation érotique aiguillée d'habitudes. Le temps joue un rôle important, l'âge mûr des amants explique certainement cela. Les sentiments naissent selon l'intensité et la jouissance des désirs assouvis. Les corps découverts esquissent des contrastes à claire-voie. Le bonheur toque à la porte de la chambre de l'hôtel tous les jeudis. Au fil des rencontres, une lassitude se manifeste et un point d'interrogation dessine des courbes sombres sur ces rendez-vous coquins.Françoise Dehlinger et Jean-Paul Cessey interprétent les amants de façon convaincante et énigmatique. Le jeu de l'amour et du hasard catapulte les lois de la raisons sous la couverture des conventions morales. Les fantasmes inhibent la quête de la personnalité. Ni l'un, ni l'autre ne connaissent leur prénom. Pourtant...La puissance de leur prestation respective respire par la profondeur de la mise en scène et la puissance du texte répliqué. Les violoncelles harmonisent leurs notes sur les cordes de l'érotisme. La scènographie est intimiste, les effets vidéos donnent de l'ampleur à cette pièce. Une Liaison pornographique, une très jolie pièce qui effeuille, un à un, les vers d'une poésie humaine et sensuelle.