Métiers de nuit
de Yves Borrini, Joseph Danan, Marie Dilasser, Philippe Dorin, Samuel Gallet, Pietro Pizzuti, Laurence
Mise en scène de Frédéric Andrau, Yves Borrini, Maryse Courbet, Guillaume Cantillon, Jeanne Mathis, Laurent Ziveri
Avec Stéphane Bault, Emilie Blon-Metzinger, Yves Borrini, Estelle Galarme, Sophia Johnson, Hervé Masquelier, Sébastien Tavel
Gens de nuit, les lumières peuplent les fantômes de vos angoisses.
Ce spectacle se décline sous le jeu de sept écritures, une succession de sept monologues librement inspirés sur le thème des métiers de nuit. Une création dont le cur du déroulé se découpe en sept parts égales : autant d'auteurs, que de metteurs en scène et d'interprètes. Une partie grandeur nature où chacun joue une partition ouverte à la page du sujet évoqué. Les mots s'entrechoquent dans une alternance de corps et de voix, lesquels empruntent des sens giratoires pour donner vie à ces scenarii.
Une forme d'expression théâtrale consensuelle qui désarticule les plaidants dans une suite analogique de situations dérangeantes.Métiers de nuit, la profondeur du sujet s'est échafaudée dans les entrailles d'une ville plongée dans l'insomnie. La Cité, agressée dans sa chair par des lumières diffuses et transversales, découvre des hommes et des femmes inégaux et sombres. Des hommes et des femmes qui ont choisi par commodité ou par contrainte d'exercer leur sacerdoce uniquement la nuit.Le plateau balayé de tout subterfuge libère son espace afin que chaque protagoniste n'ait pas à se cogner contre des murs invisibles qui capitonnent ces tranches de vie. Les monologues résonnent dans la nuit, se font écho comme pour rassurer le suivant et ainsi de suite jusqu'à ce que les lumières dénoncent l'arrivée du jour.La variabilité de la mise en scène insuffle une tournure novatrice dans la façon d'appréhender l'écriture sur scène. Dans cette dramaturgie, les textes sont disséqués au scalpel, les mots sont extirpés et déposés délicatement sur la table aseptisée du temps. La ponctuation respecte chaque passage à niveau décalé. Des voix qui percent le silence comme pour laisser l'ADN, témoignant de leur présence.L'encre de la nuit étale une calligraphie improbable de conditions humaines. Le spectacle commence par une lampe dont la projection éclaire de façon désordonnée le néant. Clin d'il à la
technologie de base : une lampe alimentée par une pile, l'interrupteur activé agit sur le mécanisme intérieur et les filaments de l'ampoule donnent naissance à une lumière spontanée. L'interprétation de ce monologue pourrait conduire à comparer en parallèle la physiologie du corps humain.L'aide soignante, sérieuse et méthodique, prémédite l'évasion des petites dames âgées de la maison de retraite. Complice de leurs extravagances communes, elle les libère une nuit de leur prison dorée jusqu'à les perdre de vue. Aurait-elle réagi ainsi, si de jour, elle avait travaillé ?Le philosophe noctambule s'apitoie sur le sort des livres qu'il a envie d'écrire, ceux qu'il voudrait écrire dans une collection philo pour les préados et enfin ceux pour lesquels il devrait se mettre à l'ouvrage tout de suite pour éveiller les consciences des ouvriers mécaniciens. La nuit ne porte pas toujours conseil. Il faut bien se le mettre à l'évidence.La serveuse du Mac Drive admire, juchée dans sa tour de contrôle et entre le service de deux packs de frites, les lumières de la zone marchande. Les reflets multicolores dégagés par les enseignes publicitaires des grands magasins, ne dénoncent-ils pas une forme de dumping commercial ?Miss Kittin, après une vie de "rave" sur les scènes techno aux quatre coins de la planète, s'aperçoit un jour que les paillettes n'accrochent plus. De ce fait, elle raccroche son micro pour revenir à des choses plus terre à terre.Le gardien de musée, ancien cadre dans les ressources humaines, devient le gardien de l'uvre. Cette dernière largement choyée, restaurée, protégée se laisse caresser par les propos échangés avec sa garde rapprochée, lors des tours de nuit. Tel le gardien de phare balayant l'océan de poèmes, le gardien du musée entretient une relation intime avec l'uvre. La nuit, les silences s'éclipsent quand il y a matière à converser avec la nature morte.Le pharmacien se dissimule dans son officine, le lourd rideau de fer baissé, car il a une peur bleue d'un ennemi sans nom. Une ombre croisée la nuit déclenche des battements de cur incessants.La nuit catalogue dans un seul registre toutes les émotions : la peur, le doute, le désespoir, l'angoisse, le malaise, le néant, l'agression, le silence, l'assurance, la solitude. Toutes ces thématiques ont été abordées par des comédiens solistes et réactifs. Sept brillantes interprétations doublées de réalisme.Métiers de nuit, un style théâtral très intéressant. Le metteur en scène se fond dans l'interprétation du comédien. Le texte s'écoute selon deux voix simultanément distinctes et communes. Pourtant, une seule le clamera. La juxtaposition de situations corrélant avec le sujet décale harmonieusement la compréhension, un flash-back transmis en quelques secondes par les intervenants.Métiers de nuit, un spectacle contemporain de qualité réalisé par des gens d'aujourd'hui pour un théâtre nouveau demain... après le jour, vient la nuit.
Une forme d'expression théâtrale consensuelle qui désarticule les plaidants dans une suite analogique de situations dérangeantes.Métiers de nuit, la profondeur du sujet s'est échafaudée dans les entrailles d'une ville plongée dans l'insomnie. La Cité, agressée dans sa chair par des lumières diffuses et transversales, découvre des hommes et des femmes inégaux et sombres. Des hommes et des femmes qui ont choisi par commodité ou par contrainte d'exercer leur sacerdoce uniquement la nuit.Le plateau balayé de tout subterfuge libère son espace afin que chaque protagoniste n'ait pas à se cogner contre des murs invisibles qui capitonnent ces tranches de vie. Les monologues résonnent dans la nuit, se font écho comme pour rassurer le suivant et ainsi de suite jusqu'à ce que les lumières dénoncent l'arrivée du jour.La variabilité de la mise en scène insuffle une tournure novatrice dans la façon d'appréhender l'écriture sur scène. Dans cette dramaturgie, les textes sont disséqués au scalpel, les mots sont extirpés et déposés délicatement sur la table aseptisée du temps. La ponctuation respecte chaque passage à niveau décalé. Des voix qui percent le silence comme pour laisser l'ADN, témoignant de leur présence.L'encre de la nuit étale une calligraphie improbable de conditions humaines. Le spectacle commence par une lampe dont la projection éclaire de façon désordonnée le néant. Clin d'il à la
technologie de base : une lampe alimentée par une pile, l'interrupteur activé agit sur le mécanisme intérieur et les filaments de l'ampoule donnent naissance à une lumière spontanée. L'interprétation de ce monologue pourrait conduire à comparer en parallèle la physiologie du corps humain.L'aide soignante, sérieuse et méthodique, prémédite l'évasion des petites dames âgées de la maison de retraite. Complice de leurs extravagances communes, elle les libère une nuit de leur prison dorée jusqu'à les perdre de vue. Aurait-elle réagi ainsi, si de jour, elle avait travaillé ?Le philosophe noctambule s'apitoie sur le sort des livres qu'il a envie d'écrire, ceux qu'il voudrait écrire dans une collection philo pour les préados et enfin ceux pour lesquels il devrait se mettre à l'ouvrage tout de suite pour éveiller les consciences des ouvriers mécaniciens. La nuit ne porte pas toujours conseil. Il faut bien se le mettre à l'évidence.La serveuse du Mac Drive admire, juchée dans sa tour de contrôle et entre le service de deux packs de frites, les lumières de la zone marchande. Les reflets multicolores dégagés par les enseignes publicitaires des grands magasins, ne dénoncent-ils pas une forme de dumping commercial ?Miss Kittin, après une vie de "rave" sur les scènes techno aux quatre coins de la planète, s'aperçoit un jour que les paillettes n'accrochent plus. De ce fait, elle raccroche son micro pour revenir à des choses plus terre à terre.Le gardien de musée, ancien cadre dans les ressources humaines, devient le gardien de l'uvre. Cette dernière largement choyée, restaurée, protégée se laisse caresser par les propos échangés avec sa garde rapprochée, lors des tours de nuit. Tel le gardien de phare balayant l'océan de poèmes, le gardien du musée entretient une relation intime avec l'uvre. La nuit, les silences s'éclipsent quand il y a matière à converser avec la nature morte.Le pharmacien se dissimule dans son officine, le lourd rideau de fer baissé, car il a une peur bleue d'un ennemi sans nom. Une ombre croisée la nuit déclenche des battements de cur incessants.La nuit catalogue dans un seul registre toutes les émotions : la peur, le doute, le désespoir, l'angoisse, le malaise, le néant, l'agression, le silence, l'assurance, la solitude. Toutes ces thématiques ont été abordées par des comédiens solistes et réactifs. Sept brillantes interprétations doublées de réalisme.Métiers de nuit, un style théâtral très intéressant. Le metteur en scène se fond dans l'interprétation du comédien. Le texte s'écoute selon deux voix simultanément distinctes et communes. Pourtant, une seule le clamera. La juxtaposition de situations corrélant avec le sujet décale harmonieusement la compréhension, un flash-back transmis en quelques secondes par les intervenants.Métiers de nuit, un spectacle contemporain de qualité réalisé par des gens d'aujourd'hui pour un théâtre nouveau demain... après le jour, vient la nuit.
Philippe Delhumeau
04/03/2011
AVIGNON
Théâtre La Luna
Mise en scène de Violaine Arsac
Une histoire vraie, au mot, à la virgule, à l’orthographe. Une étudiante se prostitue pour payer ses études et décide un jour d'arrêter. Elle envoie un sos sur internet vers une association aidante. François reçoit son message, le lit, et répond. En découle un échange de...
L'avis de Geneviève Brissot
Théâtre La Luna
AVIGNON
"J'aimerais arrêtée"
de François WiolandMise en scène de Violaine Arsac
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Au Coin de la Lune (La Luna)
Jeune fille cherche maison douce où pratiquer son piano
de Amandine Sroussi
Mise en scène de Amandine Sroussi
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Jeune fille cherche maison douce où pratiquer son piano
de Amandine Sroussi
Mise en scène de Amandine Sroussi