Roman publié en 1782, Les Liaisons dangereuses narre le duel pervers de deux aristocrates du siècle des Lumières, libertins et manipulateurs. Considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature française, cette œuvre majeure du XVIIIe siècle s’inscrit dans la tradition du libertinage de mœurs et du roman d'analyse psychologique portant à un degré de perfection la forme épistolaire. Adaptée librement de différentes façons au cinéma et au théâtre, cette nouvelle version respecte la version initiale du livre, basée sur des échanges de lettres.Dans l'obscurité des jolies caves voûtées du théâtre Essaïon, une chandelle s'allume. Apparaît alors une femme qui vient s'asseoir devant son écritoire et prend la plume. Il s'agit de Rosemonde (excellente Maria Laborit), la vieille tante du Vicomte de Valmont. Prisonnière de la révolution et enfermée dans un cachot, elle sait qu'elle va bientôt être conduite à la guillotine.Alors, elle écrit à Cécile de Volanges, enfermée dans un couvent, depuis les circonstances narrées dans le roman épistolaire, afin d'essayer de comprendre ce qui s'est passé. A travers leurs échanges, nous revivons les manigances de la Marquise de Merteuil et du Vicomte de Valmont, deux aristocrates libertins, cyniques et perfides...Voici une approche intéressante du roman de Pierre Choderlos de Laclos, avec comme fil rouge, le regard de la tante de Valmont sur les événements. Le metteur en scène a misé audacieusement sur l'aspect historique, en datant cette peinture des mœurs décadentes de l'aristocratie avant la révolution française.Les scènes importantes du roman alternent avec ces petits moments particuliers où les personnages prennent la plume afin de dévoiler leurs secrets d'alcôve. La lueur de la bougie révèle la magnificence des costumes d'époque et voile de mystère les intrigues qui se nouent. Le couple diabolique Merteuil (Marie Delaroche) et Valmont ( Michel Laliberte) manipulent la vertueuse Mme de Tourvelle (excellente Guylaine Laliberte) et la jeune Cécile de Volanges (Coralie Coscas, très bien).Tous les acteurs sont bons et mettent en valeur de façon moderne l'écriture au vitriol de Laclos. Michel Laliberte endosse avec talent son rôle de séducteur pervers et forme avec Marie Delaroche un joli duo machiavélique à souhait. Le décor est d'époque et facilement modifiable pour faciliter la mise en scène. Un joli moment de poésie et de séduction à la lueur frémissante des chandelles...