Les Inattendus
de Antonin Artaud, Anne Delbée, Camille Claudel, Nijinski Vaslav, Christian Dumais-Lvowski
Mise en scène de Alain Piallat
Avec Reynald Rivart, Sarah Darnault
Une soirée triptyque à la Cave Poésie.
Trois monologues nous sont présentés dans la même soirée. Le premier texte sur Van Gogh de Antonin Artaud est étrange et déconcertant. De prime abord, le texte est un peu difficile, on ne saisit pas tout et c'est bien dommage. Mais très vite, on se laisse emporter par le rythme de Reynald Rivart qui nous offre les mots semblables aux notes d'une partition de musique. Il transpire Artaud et nous adresse son texte et sa vision de Van Gogh avec toute la force et la conviction de l'auteur. Artaud, qui se sentait proche de Van Gogh car il fut, lui aussi, déclaré "fou" et interné dans un hôpital psychiatrique durant de nombreuses années, voue une violente haine aux psychiatres. Il est persuadé que le médecin de Van Gogh et sa propre famille l'ont conduit au suicide. C'est un texte fort et palpitant que nous offre Reynald Rivart ponctué de représentation des tableaux choisis du maître Van Gogh. Rivart nous entraîne dans cette folie où les génies sont incompris. Un bel hommage au peintre Van Gogh que nul autre ne pourra jamais égaler.Suite de la soirée avec le monologue Requiem pour Camille Claudel interprété avec succès par Sarah Darnault. Assise seule sur scène durant une heure, la comédienne est habitée par l'esprit de Camille Claudel. Ses yeux nous transpercent dans une intensité déconcertante. Le rythme des mots est intelligent et de nombreuses envolées nous transmettent la passion de l'artiste (Camille) pour son art, sa vie : la sculpture. Sarah Darnault défend corps et âme cette artiste de génie qui fut, dés l'âge de 6 ans, portée par le "souffle divin". Malheureusement, comme beaucoup d'autres artistes incompris, Camille Claudel fut brimée et enfermée par la société. On la déclara folle car elle était totalement et entièrement impliquée et dévouée à son art. Mais après tout, n'est-ce pas cela être un véritable artiste ? Lorsque l'on est passionné, "il n'y a plus d'heure pour manger, pour dormir, ou pour sculpter" ; seul importe son travail et les résultats obtenus. Cette femme incroyable a consacré sa vie à son uvre. Telle une mère créatrice, elle insufflait la vie a ses personnages de marbre avec une infinie patience et une grande persévérance.Fin de la soirée avec le dernier monologue, et non des moindre, Le Journal de Nijinski. Reynalt Rivart revient sur scène pour nous interpréter les dernières paroles du danseur russe Nijinski. Ce merveilleux danseur tint jusqu'à la fin de sa vie des journaux où il retranscrivait toutes ses réflexions et ses idées. Humaniste, fou d'amour pour l'Homme et pour la vie, c'est avec passion que Reynalt Rivart nous transmet les pensées de Nijinski. Ses paroles semblent parfois confuses et même allant jusqu'à se contredire, mais Nijinski avait compris et surtout ressenti la vie. C'est peut-être à cause de cela que son entourage, tout particulièrement sa femme et son psychiatre, s'inquiétaient de sa santé mentale. Nijinski, peut-être un fou, à chacun de se faire sa propre opinion, mais avant tout un danseur fabuleux et un homme rempli d'amour voulant s'élever de la condition humaine pour atteindre le divin.Une soirée riche, parfois déconcertante mais à coup sûr très intéressante. Tous ces artistes déclarés "fous" par la société ont souffert et beaucoup d'entre eux souffrent encore de l'incompréhension des autres et pour leur part, d'une trop grande compréhension du monde. Venez découvrir ou redécouvrir ces hommes et cette femme habités par la passion de leur art. A chacun de se faire sa propre idée sur ce trio d'illuminés. Mais au fait, "illuminé" ne veut-il pas dire, littéralement, touché par la lumière, éclairé ?
Cyriel Tardivel
12/10/2010
Intégrale les samedi 9, 16 et 23 octobre. 19h : Van Gogh le suicidé de la société, 20h : Requiem pour Camille Claudel, 21h30 : Le Journal de Nijinski. Entracte entre chaque spectacle.
PARIS
Nord-Ouest
Mise en scène de Alain Plagne
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“Triste et Vagabonde”
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