


Dernière Station avant le désert
de Lanie Robertson
Mise en scène de Georges Werler
Avec Vincent Grass (Pete), Emeric Marchand (Clancy), Florence Muller (Sally), Frédéric Pellegeay (Major), Benjamin Penamaria (Sergent Kelly)
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Du 14/09/2010 au 20/11/2010
A 20h30 pour 60 représentations exceptionnelles.
Théâtre du Petit Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 PARIS
Métro Strasbourg Saint-Denis
01 42 02 32 82
Site Internet
Toutes mes pièces traitent de l’importance de l’individu. Toutes mes pièces sont politiques. Toutes mes pièces sont intenses. Toutes mes pièces sont contemporaines. (Lanie Robertson)
Il est rare de voir en France une pièce américaine où l'on a très vite
l'impression de plonger au plus bas des Etats-Unis, et d'y être. Chaque acteur (voir la distribution ci-dessus) a ici une présence
d'une forte densité, plombée du soleil du sud et de ses colères. La
paresse dépouille de tout, le désir est à nu.Comme dans un film d'Elia Kazan, tous coulent au fond d'eux-mêmes en se déchirant. Comme dans un roman de Jim Thompson, tous s'arrachent dans la boue en souriant. Comme dans un texte de Freud, noirs, vides, perversions, manipulations, coups, chantages... expriment notre pessimisme actuel : "La barbarie est la norme, la civilisation l'exception".Georges Werler sert le texte sans créer d'effets inutiles. Il s'efface derrière ces personnages de lutteurs pervers, leur donne la place et le relief du riche sous-texte qu'ils portent, vies de remords, nouvelles illusions. La souffrance de chacun est ce qui se voit le plus et que l'on regarde le moins.Cette pièce fait du bien au théâtre car elle nous rend plus
intelligents et lucides, du cynisme d'Etat et des manières dont on s'y débat. Elle mérite évidemment le détour, d'autant plus que le bémol que j'ajouterai à ces éloges mérités n'était peut-être que le fait d'un soir : le jeune soldat colle trop à sa folie, ses cris en
deviennent d'ailleurs disproportionnés, sortes d'hurlements du désir d'India Song. On sent que ce n'est plus le même registre.Le jeu de l'acteur n'en est pas moins remarquable mais cet excès perpétuel d'émotions, finalement déforce le surprenant rebondissement, de ce que l'on pourrait appeler le quatrième acte. Le soldat Clancy rue trop, il en devient un peu bête, ce qui affaisse l'intelligence générale de la pièce. Alors que son long passé de survie devrait le rendre au moins rusé, à la hauteur de cette bestialité dont il se protège. Tendre des pièges ouvre le silence. La lame finale n'en serait que plus soudaine.Sur le moment, cela se perçoit à peine, d'autant que cette fameuse surprise balaie tout, emporte les actes précédents. Mais le lendemain, à l'analyse plus froide de la pièce, ce grain des cris se révèle et montre qu'il en vient aussi à contredire, en partie, la logique du texte. Je pourrais l'argumenter mais ce serait vous priver du plaisir de l'intrigue, impossible d'en dire plus sans la raconter.Conclusion sans risque : vous serez sûr de passer un très bon moment de théâtre, vous aurez le plaisir d'y repenser, d'en chercher les ombres et les fils, vous n'oublierez jamais cette pièce. Qui oublie le
désert ? Qui oublie la nuit ?
l'impression de plonger au plus bas des Etats-Unis, et d'y être. Chaque acteur (voir la distribution ci-dessus) a ici une présence
d'une forte densité, plombée du soleil du sud et de ses colères. La
paresse dépouille de tout, le désir est à nu.Comme dans un film d'Elia Kazan, tous coulent au fond d'eux-mêmes en se déchirant. Comme dans un roman de Jim Thompson, tous s'arrachent dans la boue en souriant. Comme dans un texte de Freud, noirs, vides, perversions, manipulations, coups, chantages... expriment notre pessimisme actuel : "La barbarie est la norme, la civilisation l'exception".Georges Werler sert le texte sans créer d'effets inutiles. Il s'efface derrière ces personnages de lutteurs pervers, leur donne la place et le relief du riche sous-texte qu'ils portent, vies de remords, nouvelles illusions. La souffrance de chacun est ce qui se voit le plus et que l'on regarde le moins.Cette pièce fait du bien au théâtre car elle nous rend plus
intelligents et lucides, du cynisme d'Etat et des manières dont on s'y débat. Elle mérite évidemment le détour, d'autant plus que le bémol que j'ajouterai à ces éloges mérités n'était peut-être que le fait d'un soir : le jeune soldat colle trop à sa folie, ses cris en
deviennent d'ailleurs disproportionnés, sortes d'hurlements du désir d'India Song. On sent que ce n'est plus le même registre.Le jeu de l'acteur n'en est pas moins remarquable mais cet excès perpétuel d'émotions, finalement déforce le surprenant rebondissement, de ce que l'on pourrait appeler le quatrième acte. Le soldat Clancy rue trop, il en devient un peu bête, ce qui affaisse l'intelligence générale de la pièce. Alors que son long passé de survie devrait le rendre au moins rusé, à la hauteur de cette bestialité dont il se protège. Tendre des pièges ouvre le silence. La lame finale n'en serait que plus soudaine.Sur le moment, cela se perçoit à peine, d'autant que cette fameuse surprise balaie tout, emporte les actes précédents. Mais le lendemain, à l'analyse plus froide de la pièce, ce grain des cris se révèle et montre qu'il en vient aussi à contredire, en partie, la logique du texte. Je pourrais l'argumenter mais ce serait vous priver du plaisir de l'intrigue, impossible d'en dire plus sans la raconter.Conclusion sans risque : vous serez sûr de passer un très bon moment de théâtre, vous aurez le plaisir d'y repenser, d'en chercher les ombres et les fils, vous n'oublierez jamais cette pièce. Qui oublie le
désert ? Qui oublie la nuit ?
Philippe Dohy
22/09/2010
LA NOTE DE L'ATTACHÉE DE PRESSE. Dans une station service américaine, doublée d'un café minable, au bord du désert, un couple se déchire une femme jeune et désirable, un homme vieillissant, moitié brute moitié malin. Un jeune homme à tout faire, déglingué par la guerre reste hanté par les horreurs qu’il a vues et celles auxquelles il a participé. Il est amoureux de la jeune femme. Pour lui appartenir totalement, celle-ci voudrait qu'il tue son mari ; pour être enfin libre ; pour partir...
Lorsque la pièce fut représentée au Texas, Lanie Robertson dut quitter l’Etat à la hâte devant les menaces de mort qu’il recevait. On l’accusait de cracher sur l’Amérique et d’insulter l’armée. Car il y dénonce habilement la manipulation dont usent les gouvernements pour servir la "raison d’Etat" et justifier la barbarie de la guerre.
Lorsque la pièce fut représentée au Texas, Lanie Robertson dut quitter l’Etat à la hâte devant les menaces de mort qu’il recevait. On l’accusait de cracher sur l’Amérique et d’insulter l’armée. Car il y dénonce habilement la manipulation dont usent les gouvernements pour servir la "raison d’Etat" et justifier la barbarie de la guerre.
LA NOTE DE L’AUTEUR. "Dernière station avant le désert a été à la fois un plaisir et une torture à écrire. C’était à la fois un mythe réconfortant et un cauchemar qui me forçait à affronter des peurs politiques, des monstres, des types répugnants et un Minotaure dans le psyché duquel je n’aurais pas voulu me reconnaître. Des mois durant, la pièce est restée en suspension au bord de ma conscience jetant des éclats de lumière sur des choses irréalisées que je ne tenais pas à voir.
En tant que mythe, la pièce, le décor, les personnages et leur façon de parler m’étaient proches. C’étaient des échos encourageants d’une enfance passée dans l’Ouest du Texas. Ils m’ont frappé comme des échos drôles et réconfortants de ma terre natale.
Un autre élément, plus sinistre, moins connu était aussi présent. La pièce m’a obligé à me confronter à la nature éphémère de la vie. Elle m’a forcé à voir combien facilement, rapidement, le monde solide de quelqu’un peut changer, se dissoudre ou disparaître. J’ai senti la terre ferme sur laquelle je vis, agis, existe, s’effondrer. Les souvenirs liquéfiés en cauchemars.
Tout ce qu’on croit savoir, tout ce qu’ont croit avoir, toutes ces choses ridicules sur lesquelles on compte ou qu’on tient pour certaines, peut cesser d’exister et on reste sans souffle, sans mots, effrayé comme la victime au bûcher d’Artaud… "faisant des signaux à travers les flammes".
J’aime la pièce. Je déteste avoir eu à l’écrire."
Lanie Robertson (octobre 2009)
En tant que mythe, la pièce, le décor, les personnages et leur façon de parler m’étaient proches. C’étaient des échos encourageants d’une enfance passée dans l’Ouest du Texas. Ils m’ont frappé comme des échos drôles et réconfortants de ma terre natale.
Un autre élément, plus sinistre, moins connu était aussi présent. La pièce m’a obligé à me confronter à la nature éphémère de la vie. Elle m’a forcé à voir combien facilement, rapidement, le monde solide de quelqu’un peut changer, se dissoudre ou disparaître. J’ai senti la terre ferme sur laquelle je vis, agis, existe, s’effondrer. Les souvenirs liquéfiés en cauchemars.
Tout ce qu’on croit savoir, tout ce qu’ont croit avoir, toutes ces choses ridicules sur lesquelles on compte ou qu’on tient pour certaines, peut cesser d’exister et on reste sans souffle, sans mots, effrayé comme la victime au bûcher d’Artaud… "faisant des signaux à travers les flammes".
J’aime la pièce. Je déteste avoir eu à l’écrire."
Lanie Robertson (octobre 2009)
LA NOTE DE MISE EN SCÈNE. Dernière station avant le désert est la troisième pièce de Lanie Robertson que nous créons et que nous avons accrochée telle un drapeau d’orgueil au répertoire de la compagnie.
Lorsqu’en 1997 j’ai découvert le Théâtre de cet auteur américain j’ai eu l’impression d’avoir rencontré une oeuvre importante. Depuis, Lanie ne m’a plus quitté et nos lettres se croisent régulièrement.
Toutes les interrogations angoissées du metteur en scène ne sont jamais restées sans réponse de l’auteur. Comment aborder son oeuvre ? Son postulat est clair : "Toutes mes pièces traitent de l’importance de l’individu. Toutes mes pièces sont politiques. Toutes mes pièces sont intenses. Toutes mes pièces sont contemporaines."
A chaque fois donc j’ai pris ces quatre affirmations comme base de réflexion et demandé aux comédiens de les avoir en permanence à l’esprit comme règle et de s’en servir pour la construction de leur personnage et la violence de leurs rapports.
Chacune des scènes nous oblige à une remise en question du travail accompli la veille car j’ai vite compris qu’il fallait privilégier l’action pour éviter le piège de la démonstration voire celui d’une pseudo intelligence. Les personnages doivent baigner dans la bestialité pour que la manipulation puisse éclater afin d’arriver à l’horreur de la bêtise effarante. La provocation -- quelle que soit la forme et le levier utilisés -- est nécessaire pour que l’autorité puisse la revendiquer pour le bien et l’aveuglement du plus grand nombre. Tout est mensonge, immoralité, cruauté, perversité. Qu’importe ! La raison d’état n’a pas à avoir d’état d’âme. Elle est répugnante ! mais elle EST.
Georges Werler (3 décembre 2009)
Lorsqu’en 1997 j’ai découvert le Théâtre de cet auteur américain j’ai eu l’impression d’avoir rencontré une oeuvre importante. Depuis, Lanie ne m’a plus quitté et nos lettres se croisent régulièrement.
Toutes les interrogations angoissées du metteur en scène ne sont jamais restées sans réponse de l’auteur. Comment aborder son oeuvre ? Son postulat est clair : "Toutes mes pièces traitent de l’importance de l’individu. Toutes mes pièces sont politiques. Toutes mes pièces sont intenses. Toutes mes pièces sont contemporaines."
A chaque fois donc j’ai pris ces quatre affirmations comme base de réflexion et demandé aux comédiens de les avoir en permanence à l’esprit comme règle et de s’en servir pour la construction de leur personnage et la violence de leurs rapports.
Chacune des scènes nous oblige à une remise en question du travail accompli la veille car j’ai vite compris qu’il fallait privilégier l’action pour éviter le piège de la démonstration voire celui d’une pseudo intelligence. Les personnages doivent baigner dans la bestialité pour que la manipulation puisse éclater afin d’arriver à l’horreur de la bêtise effarante. La provocation -- quelle que soit la forme et le levier utilisés -- est nécessaire pour que l’autorité puisse la revendiquer pour le bien et l’aveuglement du plus grand nombre. Tout est mensonge, immoralité, cruauté, perversité. Qu’importe ! La raison d’état n’a pas à avoir d’état d’âme. Elle est répugnante ! mais elle EST.
Georges Werler (3 décembre 2009)

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Mise en scène de Séverine Vincent
La direction veut mettre Tony à la retraite, il a presque 70 ans. Mais lui ne veut pas, il aime son métier, gardien d'immeuble, il aime ses locataires, il aime les potins. Que ferait-il sans cet environnement ? Alors il refuse, et pour asseoir sa décision, il nous raconte sa vie avec les...
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