La Leçon
de Eugène Ionesco
Mise en scène de Samuel Sené
Avec Jacques Verzier (professeur), Claire Baradat (l’élève), Marie-France Santon (la bonne)
Pour la première fois à Paris depuis 1957, une nouvelle mise en scène du "drame comique" de Ionesco !
La leçon de Ionesco, pièce datant de 1950 sur les thématique du pouvoir et de l’enseignement, est réputée pour être une création emblématique du courant de l’absurde au XXe siècle. Quid de sa reprise par Samuel Sené au XXIe ?Plusieurs procédés scéniques témoignent d’abord effectivement de la dimension comique de cette pièce : jeux de mots et gestes sans lien avec les propos qu’ils illustrent prêtent largement au rire. Néanmoins, la mise en scène de Samuel Sené remplit le bocal formellement absurde de cette pièce d'un contenu qui pousse à la réflexion. Ce spectacle présente en effet un questionnement sur l’assèchement du sensible auquel conduit le savoir trop poussé, un avertissement sur la relation de pouvoir intrinsèquement violente professeur/élève ou encore une interrogation sur la frontière floue entre folie et intelligence culminante.Le décor est simple mais ingénieux, l’usage des lumières mesuré, la bande sonore brève et puissante. Ces procédés formels permettent aux personnages d’affirmer leurs singularités en toute sobriété. Et quels personnages !...Marie-France Santon, la bonne, semble être l’incarnation du tragique de la pièce. Elle scrute la jeune élève sinistrement ; elle profère au professeur des avertissements qui résonnent comme ceux d’un coryphée de tragédie. Discrète mais efficace, son visage froid participe d’accroître le malaise chez le spectateur en mettant le doigt sur la violence symbolique et physique se jouant entre les deux protagonistes principaux.Claire Baradat interprète une bachelière bêtasse et souriante jusqu’au nud de cheveux rouge avec brio. Sa voix sur-aiguë et ses ridicules mimiques esthétisantes la gorgent, dans un premier temps, de cette imbécilité que le rôle réclame pour fonctionner. Mais, dans un second temps, ses geignements (dus à son "mal au dents" pendant un "cours de langue") évitent l’écueil du sur-jeu bêtifiant : bien que le personnage reste agaçant parce que profondément idiot, on se surprend à avoir réellement pitié de lui et à souhaiter que le professeur fasse droit de son statut d’individu au lieu de se cantonner à l’objectiver.Jacques Verzier incarne avec finesse un professeur tyrannique, raisonnant jusqu’à l’inhumanité. D’abord drôle involontairement, bouillonnant de connaissances et de charisme, il se montre rapidement sans pitié et aveuglément violent. Parfaite illustration de la sècheresse d’humanité que réclame l’abandon total d’un homme dans la science, il met l’emphase sur une problématique qui, si elle était déjà alarmante en 1950, l’est d’autant plus actuellement. Mais Jacques Verzier (est-ce son âge et son crâne chauve qui veulent ça ?) ne se limite pas à transpirer la cruauté : au personnage psychiquement atteint du texte Ionesquien, l’acteur ajoute une tension sexuelle subtilement suggérée. A plusieurs reprises, la satyre de l’éducation quitte l’intellectualité pure pour se nicher dans une ambiguïté physique.Cette reprise de Ionesco au Lucernaire est donc une réussite : sobre mais éloquente, elle témoigne du point auquel les procédés absurdes sont liés au tragiques et combien, dès lors, ils nous alertent largement sur (sous couvert de nous faire rire de) notre humaine condition.
Blandine Rinkel
21/09/2010
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