La Cagnotte
de Eugène Labiche
Mise en scène de Adel Hakim
Avec Maryse Aubert, Thierry Barèges, Isabelle Cagnat, Etienne Coquereau, Jean-Charles Delaume, Malik Faraoum, Serge Gaborieau, Nigel Hollidge, Prunella Rivière, en alternance Thomas Germaine, Bruno Paviot
Voilà comment quelques amis, du cercle de la bouillotte de la Ferte-sous-Jouarre, décident de monter à Paris dépenser les gains de la cagnotte... Péripéties assurées.
Le Théâtre d'Ivry Antoine-Vitez, situé dans le cur populaire de cette ville de la banlieue sud, draine un flux quotidien de centaines de spectateurs en ses artères tous les soirs, pour venir assister à La Cagnotte de Labiche, mise en scène par Adel Hakim.Cette somptueuse comédie en cinq actes fut présentée au Théâtre du Palais-Royal le 22 février 1864. Cette année-là, les auteurs de théâtre ne sont plus dans l'obligation de dimensionner leurs uvres en fonction d'une prestation musicale. Il s'agit de la fameuse loi sur la libéralisation des théâtres.Labiche raconte de façon très anecdotique le quotidien de plusieurs amis de la Ferte-sous-Jouarre qui se réunissent régulièrement pour s'adonner à quelques parties de bouillotte, un dérivé de poker. L'argent est de mise et chacun de verser quelques pièces aussitôt remisées dans une cagnotte.Entre pièces et boutons de culottes, les protagonistes s'essaient à la tricherie de petite main à qui donnera le moins pour gagner l'estime de l'autre. Invectives et mauvaise foi restent au fond de la poche car ce n'est pas ainsi que la cagnotte va se remplir.Pourtant, il est grand temps de casser la tirelire et de faire fructifier le gain accumulé selon les envies et saucissonades extravagantes des personnages. Un vote est organisé pour déterminer, in fine, qui choisira d'aller à la foire de Crépy, d'acheter une dinde truffée ou encore d'aller à Paris. A la majorité, la capitale obtient la faveur du suffrage.Le ton est donné, Adel Hakim infuse son savoir-faire dans une ingénieuse et virevoltante mise en scène, laquelle, deux heures durant, enthousiasme le public entre rires, pitreries et quiproquos. La modularité du décor s'immisce admirablement dans ce ballet où les comédiens n'ont de cesse de vivre la pièce contextuellement interprétée en occupant le vaste plateau offert pour ce genre de théâtre.Deux énormes lampes, au style rococo posées de part et d'autre de la scène, illuminent la salle d'un restaurant recommandé de vive voix par un ami de Champbourcy. Les amis attablés, la carte des menus en main, les yeux perplexes défilent sur l'appellation des plats, ils s'offusquent quant aux tarifs prohibitifs. Le serveur de les recommander de certains bons petits plats à la portée de toutes les bourses... pas provinciales.Chacun apprécie la qualité des mets servis, la tablée ploie sous la bonne humeur, le p'tit rouge aidant les esprits à se délier jusqu'au moment où l'addition, délicatement jointe dans un livret, rend furibond Champbourcy. Tollé populaire autour de la table, les amis refusent, à l'unanimité, de régler le solde. Le départ inopiné du restaurant, couvert sous un halo d'invectives, ne les conduit-il pas directement aux mains des policiers, lesquels manu militari les amènent illico presto au commissariat. La province profonde ressurgit confrontée à une situation inattendue. On se rassure mutuellement, on se dit qu'il s'agit d'une erreur judiciaire, on va être relâché assez vite. Malheureusement, le destin escompté ne se révèle pas celui optimisé à coups de paroles fédérées.De la chaise sise devant le bureau du commissaire-adjoint, le banc des accusés les attend et les barreaux de la garde-à-vue pour tout horizon. Heureusement, Colladan a conservé sa pioche. Commence, dès lors, un long labeur pour intenter une évasion.Les amis codétenus jouent la complicité, entonnant à tue-tête le refrain d'une chanson solognote, pour dissimuler les coups de pioche. Tintamarres et cacophonie s'emparent de la scène, jusqu'au moment où le notaire, perdu depuis l'arrivée à Paris le matin même, vient déposer plainte pour le vol de sa montre.L'état d'esprit de Labiche caricaturant la naïveté et l'exagérée fragilité des petite gens de province est traitée avec finesse et désinvolture dans la mise en scène d'Adel Hakim. Un vaudeville mené tambour battant par cette joyeuse horde de comédiens, un rythme endiablé emblavé au cordon dans l'expression textuelle, de bien jolies répliques parodiées en joutes verbales à soulever des torrents de rires dans la salle ; une gestuelle constante qui donne à la pièce une agréable sensation de fraîcheur et de tonicité ; les costumes un tantinet kitch et les postiches à faire rougir tontons et cousins de Navarre ; le décor déménage et emménage à la vitesse d'une piste de cirque où alternent clowns, trapézistes et félins, grandiose ; chants et musiques se marient allègrement au gré de la ponctuation en virgule apposée entre chaque scène et situations sciemment considérées.Les comédiens, dans leur intégralité, excellent dans les rôles respectifs qui leur sont prêtés de jouer. Adel Hakim offre avec La Cagnotte, un vaudeville de très belle facture, la définition du burlesque décliné en opéra-bouffe. Un très grand moment théâtral. D'ajouter que le personnel du Théâtre d'Ivry Antoine-Vitez assure un accueil des plus convivial. La cerise, la sincérité dans le sourire et le bonheur de recevoir le public, une mise en salle vraiment très plaisante.
Philippe Delhumeau
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