Père
de August Strindberg
Mise en scène de Jean-Luc Jeener
Avec Frédéric Almaviva (le docteur), Guy Bourgeois (Nöjd), Cécile Descamps (Margret), Enrike Fiestas (le pasteur), Alice Froidevaux (Bertha), Analia Perego (Laura), Pierre Sourdive (le capitaine)
La psychanalyse s’est penchée sur la personnalité d’August Strindberg de manière posthume mais l’homme de lettres suédois "s’allonge sur le divan" de son vivant en écrivant Père.
S’il fallait en quelques mots qualifier Père au vu de l’intégralité de l’uvre de Strindberg, il serait aisé de penser qu’il s’agit là d’un testament autobiographique de son homosexualité latente où la misogynie entremêlée à la haine cristallise la famille dans une apoplexie hystérico-affective.La démonstration selon laquelle le théâtre serait le lieu du drame familial est le théorème retenu par Strindberg dans cette pièce magistrale trop peu jouée sur les scènes d’outre-Baltique à la faveur d’autres pièce plus populaires comme Mademoiselle Julie (Fröken Julie), La Danse de mort (Dödsdansen) ou bien encore, La Sonate des Spectres (Spöksonaten). Père n’en a pas moins perdu ses fabuleux pouvoirs sismiques à être boudée des feux de la rampe en enflammant le sensible affect familial d’un point d’acupression tourmentant. La réalité du couple marié se met en scène nécrosée et pétrifiée par une toreutique ciselée par le maître suédois qui le conduisit aux confins de la démence. Son vécu, ce "combat des cerveaux" pour le citer, transpire dans cette uvre comme un exutoire.Si la loi se range du côté de l’homme, il n’en demeure pas moins la victime incessante de la folie féminine et matriarcale. Père est quelque-part, ici ou là et de manière gémellaire, le miroir d’Hedda Gabler : un drame à huit clos dont le mâle sort anéanti."La force naturelle est vaincue par la faiblesse sournoise" : tel est la funeste destinée de Père, la tragédie d’un homme qui croit "machistement" à la suprématie de son identité sexuée et qui se retrouve confiné, esseulé, incompris dans une antre de femmes une fosse aux lions : l’épouse, la fille, la belle-mère, la nourrice bouté par ces femmes à la cyclothymie polycéphale jusqu’à devenir fou progressivement dans l’inconscience puis dans la conscience acceptée comme seul soulagement, sans être cependant convaincu de cette pathologie, mais finalement résigné et emporté à le reconnaitre exténué de sa propre lutte sans issue.Strindberg va plus loin encore dans une remise en cause de la virilité et de la raison en érigeant dans Père son protagoniste en misogyne supplicié. La verve de sa plaidoirie pas plus que sa rage de vaincre ne viendront à bout des forces qui le dépassent, malgré sa lutte contre le ciel qui s’abat sur lui comme les murs qui l’abritent peuvent l’enserrer jusqu’à l’asphyxie.Le tragique de situation est inéluctable, incontournable et fatidiquement implacable, au-delà d’un contenu dramatique qui pérore, s’ébroue, se débat sportivement pour n’être au final qu’un moulin à vent mu par un vent de désespoir et de rémission.Accorte envers le texte et donnant aux comédiens les moyens de se repaître, la mise en scène de Jean-Luc Jeener dépouillée, silencieuse, dans un décor plein de sécheresse utilement minimaliste, usant de l’architecture du théâtre du Nord-Ouest pour tremper l’uvre dans l’humeur glauque et crisique de la folie offre par sa vêture sobre un habit curieusement excentrique qui salue la névrose dont Strindberg a voulu se faire le chantre en publiant ce chef-d’uvre de psychologie.Les spectateurs se trouveront là comme envoutés et passionnément impuissants, les nerfs zygomatiques crispés par la fatalité qui s’abat sur le protagoniste. Chacun sort de ce voyage effrayant dans les profondeurs de l’être, ému, bouleversé, tremblant de la prise de conscience qui empoigne, non par l’éclairage sur les zones d’ombre afférentes à la notion de paternité mais parce que cette pièce starifie la manipulation comme seule véritable arme d’assomption, de survie et de suprématie.
Yves-Alexandre Julien
03/02/2010
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