Silence. La nuit londonienne s'engouffre dans les moindres recoins de la salle Gémier. A nightmare to be afraid by... Soudainement, un halo de lumière infusée old Earl Grey jaillit de nulle part. Il encercle un homme dans le grand âge, vêtu d'une redingote couleur vieux renard et plus tout à fait so bristish, pitoyablement appuyé sur une paire de cannes, l'une anglaise, l'autre... Si la parole lui était donnée, que de choses serait-elle à même de raconter à qui voudrait bien lui prêter attention.Le vieil homme et la scène, debout seul dans sa chambre, de mobilier seul le nom reste, un lit paré de draps fanés par naguère, une bibliothèque envoutée de livres poussiéreux, une vasque en émail maculée de crasse, et là une porte ouvrant sur un minuscule vestibule donnant l'accès à la cuisine et à la salle d'expérimentation, ainsi se compose l'antre de ce foyer à ne pas y poser un ...Un quoi d'ailleurs ou un qui, pour ne par dire un quidam qui est passé par ici, ne ressortit pas par là. L'homme âgé, une canne posée sise sur le lit, l'autre solidement accrochée au poignet, commence un plaidoyer long et ennuyeux comme les faits divers encrés au sang-froid dans le Times. La narration, une débauche d'énergie loquace menée grand train, une lecture en apnée sans texte balancée de mots évadés du Littré, édition XIXe siècle. Comprendra qui voudra, écoutera à qui pourra le comprendre.Détail important à porter ici, le narrateur s'immerge à raconter la vie d'un jeune homme ordinaire à plus tout à fait ordinaire, les années en portées sur les tempes de l'histoire.
Mister Jekyll tells mister Hide's life. What's a strange compromission between Jekyll and Hide or a mysterious confusion between Hide and Jekyll.Un air de Brahms joué par des violons flotte dans l'air. De à peine perceptible, le volume augmente considérablement et violemment à couvrir les paroles de Jekyll, balbutiant des propos inaudibles, agenouillé devant sa couche miséreuse et digne pour un rat si fier d'y coucher. Londres plongée dans les entrailles d'une nuit noire à couper au couteau, le brouillard lève un voile épais à ne plus distinguer les silhouettes des passants tardifs.Un homme dissimulé dans sa redingote erre dans les ruelles des bas-fonds, bien éloignées des quartiers aux demeures victoriennes. La canne s'abat sur un passant innocent, s'acharne sur ce corps démantibulé, bye bye can I. Et de nouveau, un autre passager de la nuit subit les assauts insoupçonnés de cet homme habitué à fréquenter la taverne à des heures indues. Cette fois, c'est la serveuse qui n'aurait pas du être là quand il ne fallait pas. La canne n'a pas eu raison d'elle, la vie lui appartient même sous la violence assénée des coups. Trafalgar pour l'assassin, square des malheurs, la jeune femme l'a reconnu.Synopsis de la vie d'un homme que rien ne prédestinait à la folie de tuer comme on écrase une mouche sur le parvis de la table débarrassée des miettes du passé. Jekyll, transfuge génétique du scientifiquement pas prouvé à s'exercer dans des expériences inutiles, inavouables et humainement franchissant les limites de l'horreur. Un poil de trop, il s'abreuve de liquides oxydant son corps à métamorphoser le galbe de sa main en une forêt velue de poils drus et hirsutes.Petites notes de Brahms en fond pour calmer les ardeurs véhémentes de Hide, jusqu'à cette musique d'épouvante à vous glacer les sans-remords d'être venu regardé, écouté et sué de frissons Le Cas Jekyll interprété par Denis Podalydès. Hide erre comme un vieux renard rusé, la robe déteinte par la cruauté, l'œil hagard et avide de chair à lacérer. Ici, une fillette a le malheur d'avoir laissé son père à quelques inches et la canne afflige le supplice insupportable et sur un écran de larmes, la stupeur innocente s'affiche dans les yeux de l'enfant. Alea jacta est. A jamais, les yeux rougis de la môme se ferment. Les larmes ont parfois le goût sanguinolent de l'incompréhension.Un bémol dans cet entretien de la déraison patho-psychiatrique de l'homme en quête de lui-même, le texte en épilogue s'est perdu dans les arcanes de l'oubli. Denis Podalydès, un Comédien-Français occupe la loge à Chaillot. Là un peu plus bas, la Tour Eiffel salue la prestation du comédien côté Seine-ci en lui adressant sur scène, un bouquet composé de mille lumières scintillantes. La folie à Chaillot hante la scène, ce n'est pas de la Comédie.