Antigone
de Jean Anouilh
Mise en scène de Nicolas Briançon
Avec Barbara Schulz, Robert Hossein, Bernard Dhéran, Pierre Dourlens, Julie Kapour, Elsa Mollien, Julien Mulot, Bruno Henry, Claudia Fanni, Dominique Roncero / David Loyola
Créon un roi autoritaire, inflexible mais pas dupe, s'oblige - comme c'est la coutume - à abandonner aux corbeaux le cadavre d'un rebelle, Polynice.
Dans un décor futuriste et épuré, où tout est automatique et prévisible, les acteurs posent figés dans leurs personnages, pendant que le chur annonce quelle tragédie va se jouer : c'est le prologue de l'Antigone d'Anouilh, mise en scène au Théâtre Marigny. Une Antigone inspirée par l'Occupation de 1944 bravant son oncle Créon, qui interdit d'enterrer décemment son frère Polynice dont la dépouille pourrit sous le soleil de Thèbes. Ses raisons sont celles d'une adolescente déterminée "Je veux tout, tout de suite, et que cela soit entier, ou alors mourir", déclare-t-elle. En face, le roi tente de la sauver d'elle-même, en la raisonnant et justifie sa décision par la raison d'Etat : il fallait un exemple et c'est tombé sur Polynice. Si Antigone va jusqu'au bout de son entêtement, Créon n'assume pas son rôle de Roi : il est à cette place par défaut, "parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse". Autant le discours de la jeune fille est propice à séduire une jeunesse en quête d'idéal, autant celui de son oncle transpire le compromis, en légitimant l'indéfendable. Réduire le pouvoir à une corvée, c'est cracher sur la mémoire de tous ceux qui ont laissé leur vie en travaillant à l'émergence d'une dignité sous la forme de certaines libertés. A l'image de tous ces dirigeants qui n'ont d'autre intérêt que le leur, Créon ennuie et détourne l'intérêt public au profit des intérêts personnels, avec tout ce que ça implique de substituts à la réalité.
Sur scène, tout se joue lors du face à face entre Antigone et Créon, où les deux interprètes sont totalement habités par leurs personnages. Barbara Schulz notamment restitue parfaitement l'innocence et la passion du sien. Grâce à elle, parce qu'elle y croit et sert la pièce avec une technique irréprochable, on retrouve le souffle de la tragédie, quelque peu atténuée par quelques clichés tels que la caricature du garde/fonctionnaire, ou les longs manteaux de cuir façon SS.
Sur scène, tout se joue lors du face à face entre Antigone et Créon, où les deux interprètes sont totalement habités par leurs personnages. Barbara Schulz notamment restitue parfaitement l'innocence et la passion du sien. Grâce à elle, parce qu'elle y croit et sert la pièce avec une technique irréprochable, on retrouve le souffle de la tragédie, quelque peu atténuée par quelques clichés tels que la caricature du garde/fonctionnaire, ou les longs manteaux de cuir façon SS.
Hélène Chevrier
10/05/2003
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