Chanter des chansons de Brigitte Bardot, pourquoi pas ? Là, rien ne semble bien extraordinaire hors mis le fait qu’elle soit encore de ce monde et que bien souvent, les théâtres parisiens proposent des prestations de chanteurs ou chanteuses de talent reprenant un répertoire posthume comme pour Barbara ou Edith Piaf. Eh bien là, ce n’est pas n’importe qui qui chante Brigitte Bardot au Trois Baudets ce 28 août pour une représentation unique de chansons méconnues ou inédites de la coqueluche des sixties.Evidemment, ceux qui l’ignorent vont dire : mais qui est donc cette Marie-France qui traverse théâtralement la main levée au ciel, l’allée d’un public qui l’acclame, pour rejoindre la scène ? Une femme de talent connue du tout-Paris pour qui les planches n’ont plus aucun secret, ancienne meneuse de revue à l’Alcazar célèbrement connue comme sosie de Marylin Monrœ, chanteuse (reprises de chansons d’Edith Piaf, enregistrement d’un duo avec Hélène Noguerra dans son dernier album intitulé Fraise Vanille en 2007, actrice française (Barroco d’André Téchiné) et comédienne (Le Navire night de Marguerite Duras).Une personnalité plus complexe dans laquelle le militantisme en faveur de la population LGBT : Lesbiennes, Gaies, Bi et Transsexuelles (militante au FAHR auprès de Guy Hocquenghem : Front homosexuel d’action révolutionnaire) lui donne les stigmates d’une icône parisienne : transsexuelle connue même si elle se dédie de ce nom en déclarant à la presse : "Quand on est passé de l'autre côté, pourquoi est-ce qu'on garde cette appellation ?", interroge-t-elle pleine de regrets !Avec une extraordinaire acuité et un don inné, elle sait tel un caméléon, s’habiller de la mélancolie d’une chanson sans pour autant jamais laisser poindre une once de son jardin secret.
Entourée de ses trois fidèles musiciens, Marie-France réussit bien la métamorphose Bardot en charisme comme dans le choix de ce que jamais personne n’avait encore entendu chanter par la célébrissime BB.Marie-France nous réserve donc un récital hors norme excellemment orchestré par Christophe Cravero au piano, violon et percussions, Valentine Duteil au violoncelle et à la basse, sans oublier François Sabin aux saxophones, guitares et piano. C’est un bel hommage à ne surtout pas manquer, rendu par une femme haute en couleurs à une chanteuse française qui tira trop vite sa révérence des projecteurs où elle fut tant adulée.