Tea time cheZ’Alice
de Lewis Carroll
Mise en scène de Boréades
Avec Thierry Bordereau, Raphaëlle Diou, Jean-Christophe Henry, Paulin Bündgen, Anne-Sophie Moret, Nathalie Mellet
Alice au pays de la musique baroque
L'ensemble Boréades, créé en 1997, travaille autour d’un projet artistique original : il met en scène des spectacles mêlant théâtre, musique, danse et performance de plasticiens. Cette fois, ce sont Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir qui sont à l’origine de sa dernière création. L'ensemble pluridisciplinaire a fait un choix de textes variés parmi l’uvre de Lewis Carroll et les a associés à des "songs" de John Dowland et de Tobias Hume, deux compositeurs anglais du XVIIe siècle. Alors que rien ne rendait évidente l'alliance de ces récits oniriques, presque surréalistes avant l’heure, du XIXe siècle et de la musique baroque de Dowland et Hume, le mélange est totalement réussi.Si le spectacle manque parfois d’un fil conducteur (mais, après tout, c’est le propre des aventures d’Alice que d’être décousues), les saynètes qu’il propose, qu’elles soient jouées ou chantées, sont réjouissantes. Les morceaux choisis chez Lewis Carroll ne manquent pas de nous tirer un sourire et d’enchanter les enfants (à qui la pièce est accessible). Thierry Bordereau, le seul comédien à proprement parler présent sur scène, sait faire vivre les mots et convoquer sous nos yeux le petit monde magique d’Alice, grâce à quelques accessoires (une mini marionnette griffon, des roses rouges en tissu, des peluches...) et des jeux de lumière très simples.Quant à la musique, elle ravit véritablement nos oreilles : un chanteur (en alternance Paulin Bündgen et Jean-Christophe Henry, respectivement contre ténor et ténor) et deux musiciennes, à la viole de gambe, Anne-Sophie Moret et Nathalie Mellet, nous transportent dans l’univers du baroque. Le son de la viole de gambe se fait sensuel et émouvant, nous envoûtant littéralement. Aussi les passages musicaux, s’ils ne sont pas directement reliés au texte mis en scène, ont-ils tout de même cette faculté à nous laisser rêveurs ; tels Alice, nous nous laissons bercer et porter par les notes délicates de Hume et Dowland. Ce Tea time est une petite parenthèse onirique et harmonieuse hors du temps.
Caroline Vernisse
21/02/2009
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