Viol
de Danièle Sallenave
Mise en scène de Brigitte Jaques-Wajeman
Avec Marie-Armelle Deguy, Myriam Boyer
Elle aime celui qui l’a trahie jusque dans sa fille. Le mari de Mado est en prison. Pour inceste. Aveuglée par son amour et par l’angoisse de ce qui s’est passé, Mado pardonne, trouve des excuses à celui qui a brisé leur vie.
Ça commence par un noir, un noir long comme une ronde, déjà cruelle. Un noir déchiré par un violoncelle. Un archer. Puis une femme immobile dans un canapé, figée, sur laquelle la lumière se lève doucement, comme une vérité qui va la révéler, lentement, tandis qu’une voix off lit une lettre. Une lettre de rendez-vous, avec une autre. Une autre femme, comme une autre de
soi-même, qui témoigne, de ses questions. Comme une autre en moitié, celle qui manquerait pour trouver l’unité, celle de la vérité. La vérité qui commence par déchirer. Comme un archer. Sa proie d’ombre. D’ombres et sombres langages. Si sombres. A lever des lumières, et les contraster.
C’est le sujet : cette femme figée, Mado, seule, sans sa moitié. Comme la moitié du canapé, coupée par le décor. Et la moitié de Mado, son homme, son mari, coupé de la scène : en prison. Moitiés et coupures, comme le rappelle aussi, à l’avant-scène, la moitié d’une chaise de paille, posée sur sa tranche, horizontale, une chaise où l’on ne peut plus s’asseoir ni se reposer. Comme Mado qui triture sans trêve, sans repos, un ouvrage au crochet, car c’est bon pour les nerfs lui a dit le médecin, car “les nerfs, quand ça commence, on ne sait pas quand ça s’arrête”.
Le sujet d’une histoire, c’est toujours l’histoire d’un sujet. C’est ici, celle, remarquablement écrite, jouée et mise en scène, de Mado (Myriam Boyer magistrale) interrogée par une dame curieuse mais délicate, indiscrète mais pas inquisitrice, Sophie (Marie-Armelle Deguy, aiguë). C’est l’histoire de Mado autour d’un viol. Ce n’est pas elle qui a été violée, pas vraiment, pas au sens physique, pas comme sa fille de treize ans et sa belle-fille d’à peu près le même âge, quand le mari de Mado, Lucien, se mit à leur faire ”l’amour”, à le leur faire comme la haine. Plusieurs fois, plusieurs années durant. Avec ou pas la complicité de Mado ? Vous voyez que c’est une histoire terrible - qui ne sombre jamais dans le mélo - une histoire toujours juste, à la crête de ce que les mots peuvent délivrer. Mado ne voulait pas le perdre, son homme, le seul de sa vie, son coup de foudre. Coment fait-on, avec un foudroiement ? Comme son coup de grâce, l’homme de sa mort. Mais qui voudrait perdre sa mort ?Ça pourrait être seulement horrible ou sordide ou politiquement incorrect juste comme il faut... Ça pourrait être seulement le genre de fait-divers rabâché, hélas, jusqu’à l’écurement. Mais l’écriture simple, somptueuse, essentielle de Sallenave l’élève au tragique, dans une mise en scène (de Brigitte Jaques-Wajeman) très dépouillée, respectueuse de chaque force du texte et de ses vulnérabilités.
Une pièce de très haut-vol, l’une des meilleures de la saison : car elle
épouse l’une des profondes vocations du Théâtre depuis la naissance de la tragédie : incarner l’innommé, rejouer l’innommable. S’en délivrer.
soi-même, qui témoigne, de ses questions. Comme une autre en moitié, celle qui manquerait pour trouver l’unité, celle de la vérité. La vérité qui commence par déchirer. Comme un archer. Sa proie d’ombre. D’ombres et sombres langages. Si sombres. A lever des lumières, et les contraster.
C’est le sujet : cette femme figée, Mado, seule, sans sa moitié. Comme la moitié du canapé, coupée par le décor. Et la moitié de Mado, son homme, son mari, coupé de la scène : en prison. Moitiés et coupures, comme le rappelle aussi, à l’avant-scène, la moitié d’une chaise de paille, posée sur sa tranche, horizontale, une chaise où l’on ne peut plus s’asseoir ni se reposer. Comme Mado qui triture sans trêve, sans repos, un ouvrage au crochet, car c’est bon pour les nerfs lui a dit le médecin, car “les nerfs, quand ça commence, on ne sait pas quand ça s’arrête”.
Le sujet d’une histoire, c’est toujours l’histoire d’un sujet. C’est ici, celle, remarquablement écrite, jouée et mise en scène, de Mado (Myriam Boyer magistrale) interrogée par une dame curieuse mais délicate, indiscrète mais pas inquisitrice, Sophie (Marie-Armelle Deguy, aiguë). C’est l’histoire de Mado autour d’un viol. Ce n’est pas elle qui a été violée, pas vraiment, pas au sens physique, pas comme sa fille de treize ans et sa belle-fille d’à peu près le même âge, quand le mari de Mado, Lucien, se mit à leur faire ”l’amour”, à le leur faire comme la haine. Plusieurs fois, plusieurs années durant. Avec ou pas la complicité de Mado ? Vous voyez que c’est une histoire terrible - qui ne sombre jamais dans le mélo - une histoire toujours juste, à la crête de ce que les mots peuvent délivrer. Mado ne voulait pas le perdre, son homme, le seul de sa vie, son coup de foudre. Coment fait-on, avec un foudroiement ? Comme son coup de grâce, l’homme de sa mort. Mais qui voudrait perdre sa mort ?Ça pourrait être seulement horrible ou sordide ou politiquement incorrect juste comme il faut... Ça pourrait être seulement le genre de fait-divers rabâché, hélas, jusqu’à l’écurement. Mais l’écriture simple, somptueuse, essentielle de Sallenave l’élève au tragique, dans une mise en scène (de Brigitte Jaques-Wajeman) très dépouillée, respectueuse de chaque force du texte et de ses vulnérabilités.
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Philippe Dohy
04/02/2003
Viol est paru chez Gallimard.
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