Francis Bacon, la gloire d’un insoumis
de Antoine Merlino
Mise en scène de Philippe Mercier
Avec Elodie Menant, Maxime Bailleul, Benjamin Zana
Un texte fulgurant pour une lecture-spectacle, dans le cadre d’un atelier d’artiste. Avec des comédiens qui sont loin d’être de simples lecteurs, mais des acteurs qui vivent « le désespoir joyeux » du plus dérangeant des peintres de notre époque.
Francis Bacon, amorçant la dernière partie de sa vie, se cantonne dans son atelier où tout traîne, tout s’amoncelle – papiers, journaux, tubes de dentifrice, vieux cartons, verres ébréchés. L’homme, dont à l’extérieur on admire l’élégance, a besoin de ce chaos pour créer. La vie pour lui est d’ailleurs synonyme d’apocalypse. D’où cette phrase : « L’odeur du sang humain ne me quitte pas des yeux ».Magnifique correspondance baudelairienne !
Bacon, il est vrai, a connu bien des traumatismes. Et ceci dès l’enfance, quand son père le faisait fouetter par ses valets. La découverte de l’homosexualité du fils s’est soldée par une sorte de « mort familiale ». A 16 ans, il s’est retrouvé dans la rue. Autodidacte, il se tournera vers la décoration, non sans avoir auparavant enchaîné beaucoup de petits métiers. Les déceptions seront là également, comme l’interdiction ne 1931 de participer à l’Exposition surréaliste, lui qui admirait tant André Breton. Son surréalisme – il faut le noter – s’inspire surtout du cinéma, comme Le Chien Andalou de Luis Bunuel. D’échec en échec, Bacon aura le courage en 1941de détruire toute son œuvre, à l’exception de 12 toiles. Recommençant tout à zéro, avec dans l’œil la peinture de Picasso, il fera peau neuve, exposant sur tous les continents.
Quand La Gloire D’un Insoumis commence, on surprend le peintre en grande conversation avec l’ami photographe, dont les clichés sont le point de départ de la plupart de ses toiles. Si du bout de son pinceau Bacon affiche une incroyable cruauté avec des corps musculeux, ramassés à l’extrême, tordus, écrabouillés, disloqués il use de la même cruauté avec son entourage. Mais l’alcool tempère ce type de relations sadomasochistes. Le second visiteur qui se pointe est la seule femme qui aurait pu être sa maîtresse : l’extravagante Isabel Rawsthorne, telle qu’en elle-même et digne du tableau qu’il lui a consacré où on la voit se profiler dans une rue de Soho. Elle apporte ici sa force et son bonheur de vivre auquel il ne peut résister. Véritable égérie, elle a peut-être orienté l’esthétique de Bacon qui, dans la seconde partie de son existence, a plutôt peint le cri de ses modèles que la terreur qu’il déployait auparavant. Comme dans un portrait du pape Innocent X, d’après Vélasquez, où le pape hurle, mais au travers d’un rideau plissé.
Isabel en tous cas s’impose. Philippe Mercier, qui règle la mise en scène, a donné le rôle Elodie Menant qui nous communique sa fougue et sa drôlerie. Jouant sur différents registres, elle plonge dans son expérience vécue : Le Soldat Rose de Louis Chedid, La Peur et La Pitié Dangereuse de Stefan Zweig. Maxime Bailleul – qui a joué Copi, Dubillard, Tenessee Williams et, au petit écran, Engrenages – lui donne la réplique dans cet univers trash qu’il partage sur scène, avec Benjamin Zana, jeune comédien d’avant-garde qui a fait son miel des leçons Claude Mathieu dont il fut l’élève. Un mot sur le partition de Bruno Montovani qui fait respirer le texte. Hélène Fouquart, « produit » du Conservatoire de Lyon, est au piano.
Mais encore une fois, saluons le beau texte d’Antoine Merlino qui est passé de l’univers de Beethoven ( Le Chant d’Un Amour Impossible) et de celui de Marcel Proust (Du Côté de Vinteuil) à celui de Francis Bacon, à la fois tragique et festif. Il nous fait entrer dans le cerveau du peintre : « L’existence est tellement absurde qu’on peut aussi bien en faire quelque chose de grand. » Ainsi naissent les chefs-d’œuvre. Avec impatience, nous attendons La Gloire d’un Insoumis sur les planches.
Bacon, il est vrai, a connu bien des traumatismes. Et ceci dès l’enfance, quand son père le faisait fouetter par ses valets. La découverte de l’homosexualité du fils s’est soldée par une sorte de « mort familiale ». A 16 ans, il s’est retrouvé dans la rue. Autodidacte, il se tournera vers la décoration, non sans avoir auparavant enchaîné beaucoup de petits métiers. Les déceptions seront là également, comme l’interdiction ne 1931 de participer à l’Exposition surréaliste, lui qui admirait tant André Breton. Son surréalisme – il faut le noter – s’inspire surtout du cinéma, comme Le Chien Andalou de Luis Bunuel. D’échec en échec, Bacon aura le courage en 1941de détruire toute son œuvre, à l’exception de 12 toiles. Recommençant tout à zéro, avec dans l’œil la peinture de Picasso, il fera peau neuve, exposant sur tous les continents.
Quand La Gloire D’un Insoumis commence, on surprend le peintre en grande conversation avec l’ami photographe, dont les clichés sont le point de départ de la plupart de ses toiles. Si du bout de son pinceau Bacon affiche une incroyable cruauté avec des corps musculeux, ramassés à l’extrême, tordus, écrabouillés, disloqués il use de la même cruauté avec son entourage. Mais l’alcool tempère ce type de relations sadomasochistes. Le second visiteur qui se pointe est la seule femme qui aurait pu être sa maîtresse : l’extravagante Isabel Rawsthorne, telle qu’en elle-même et digne du tableau qu’il lui a consacré où on la voit se profiler dans une rue de Soho. Elle apporte ici sa force et son bonheur de vivre auquel il ne peut résister. Véritable égérie, elle a peut-être orienté l’esthétique de Bacon qui, dans la seconde partie de son existence, a plutôt peint le cri de ses modèles que la terreur qu’il déployait auparavant. Comme dans un portrait du pape Innocent X, d’après Vélasquez, où le pape hurle, mais au travers d’un rideau plissé.
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Pierre Breant
30/03/2018
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