Les Nœuds au mouchoir
de Denis Cherer
Mise en scène de Anne Bourgeois
Avec Anémone, Denis Cherer, Pierre-Jean Cherer
Anémone joue son Boulevard du Crépuscule. Abordée sans détour, la Maladie d’Alzheimer. Beaucoup de nostalgie. Le rire en plus.
Tout près du canal, entre les deux squares et, d’un côté la statue de Grisette, de l’autre le buste de Frédérick Lemaitre, pape du Boulevard du crime, le Faubourg du Temple monte jusqu’à Belleville. A deux jets de pierre, sur la gauche, le Palais des Glaces. Anémone y fait une rentrée en fanfare.
Dans un appartement où le passé a laisse sa trace, une femme répond au téléphone. Elle est perdue, bredouille, vouvoie quelqu’un qui lui est apparemment un familier. A son ton, on peut la qualifier de gentille vieille dame. Et l’homme du téléphone apparaît. Elle le qualifie de cousin alors que c’est un de ses fils : Jean, bohème, artiste intermittent divorcé et, depuis, solitaire. Il a le cœur sur la main et chérit sa maman. Il s’occupe d’elle, un jour sur deux. Tout ceci dans la joie, une certaine folie pour ne pas dire dans la loufoquerie. Sa tenue d’ailleurs est celle d’un bobo. On frappe la porte. Augustine est persuadée qu’il s’agit un voisin qui lui fait du plat et dont le prénom revient sans cesse. Jusqu’au bout il jouera les arlésiennes. Il nous suffit de l’imaginer.
Le visiteur en fait, c’est son second fils, Daniel, le banquier, toujours tiré à quatre épingles, marié, chef de famille et parfaitement infidèle. Vis-à-vis de sa mère, il fait son devoir. Oh, sans plus puisqu’il envisage même de la faire entrer au Val Fleuri, une maison de retraite. Sans doute impressionnée par l’allure de son rejeton « surbooké », Augustine ne voit que par lui. Le courant passe mal entre les deux frères, même plus du tout. Ils s’évitent. Et c’est par une erreur de planning – ils se relaient à tour de rôle auprès de leur mère qu’ils se retrouvent face à face. Se supportant à peine, la gué-guerre reprend, sous les yeux d’une femme tourneboulée dont les oublis frôlent la catastrophe, comme, au fond de la cuisine, ce début d’incendie. Augustine d’ailleurs ne s’en émeut pas. Délicieusement naïve, elle constatant les dégâts : "Y'a du changement… c’est pas comm’ avant".
Anémone après une longue tournée et le Off d’Avignon cet été, campe le personnage d’Augustine. Dans la tête, on a encore ses prestations au sein de la Bande du Splendid, son rôle dans Le Père Noël est une ordure, mais aussi ses merveilleux contre-emplois, comme dans Le Petit Prince a dit … ou dans Lautrec de Roger Planchon – c’était la mère du peintre, merveilleuse comtesse Adèle, souffrante et généreuse. Aujourd’hui elle récidive, mais sous le masque de la comédie. Une comédie, il est vrai, douce-amère, puisqu’on y aborde le crépuscule de la vie et, plus particulièrement la maladie d’Alzheimer. Le metteur en scène, Anne Bourgeois, a laissé la bride sur le cou à ses comédiens. Ils secondent Anémone avec pétulance et font rebondie la balle : Denis Cherer, l’auteur de la pièce Bcbg qui tombe la veste et, au fur et à mesure de l’action, perd ses préjugés - Pierre-Jean Cherer, le charmant bohème qui esquisse souvent les facéties de sa maman, avant de les reprendre en chœur. La musique fuse à certains moments, tout comme les bons mots. Ayant recueilli sur sa fenêtre une pigeonne - qu’elle nomme Françoise Augustine l’interroge : "Dis… Est-ce que tu as couché avec un pigeon- voyageur ?".
Si l’on frôle dans une scène la comédie musicale, l’émotion reste au rendez-vous, aussi bien sur scène que dans la salle, car on a tous croisé des Augustine. Et, face à ce mur terrible, on a communié avec elles. "Je voudrais seulement que ça redevienne comme avant" murmure Anémone. Cette fois, elle ne rit pas.
Dans un appartement où le passé a laisse sa trace, une femme répond au téléphone. Elle est perdue, bredouille, vouvoie quelqu’un qui lui est apparemment un familier. A son ton, on peut la qualifier de gentille vieille dame. Et l’homme du téléphone apparaît. Elle le qualifie de cousin alors que c’est un de ses fils : Jean, bohème, artiste intermittent divorcé et, depuis, solitaire. Il a le cœur sur la main et chérit sa maman. Il s’occupe d’elle, un jour sur deux. Tout ceci dans la joie, une certaine folie pour ne pas dire dans la loufoquerie. Sa tenue d’ailleurs est celle d’un bobo. On frappe la porte. Augustine est persuadée qu’il s’agit un voisin qui lui fait du plat et dont le prénom revient sans cesse. Jusqu’au bout il jouera les arlésiennes. Il nous suffit de l’imaginer.
Le visiteur en fait, c’est son second fils, Daniel, le banquier, toujours tiré à quatre épingles, marié, chef de famille et parfaitement infidèle. Vis-à-vis de sa mère, il fait son devoir. Oh, sans plus puisqu’il envisage même de la faire entrer au Val Fleuri, une maison de retraite. Sans doute impressionnée par l’allure de son rejeton « surbooké », Augustine ne voit que par lui. Le courant passe mal entre les deux frères, même plus du tout. Ils s’évitent. Et c’est par une erreur de planning – ils se relaient à tour de rôle auprès de leur mère qu’ils se retrouvent face à face. Se supportant à peine, la gué-guerre reprend, sous les yeux d’une femme tourneboulée dont les oublis frôlent la catastrophe, comme, au fond de la cuisine, ce début d’incendie. Augustine d’ailleurs ne s’en émeut pas. Délicieusement naïve, elle constatant les dégâts : "Y'a du changement… c’est pas comm’ avant".
Anémone après une longue tournée et le Off d’Avignon cet été, campe le personnage d’Augustine. Dans la tête, on a encore ses prestations au sein de la Bande du Splendid, son rôle dans Le Père Noël est une ordure, mais aussi ses merveilleux contre-emplois, comme dans Le Petit Prince a dit … ou dans Lautrec de Roger Planchon – c’était la mère du peintre, merveilleuse comtesse Adèle, souffrante et généreuse. Aujourd’hui elle récidive, mais sous le masque de la comédie. Une comédie, il est vrai, douce-amère, puisqu’on y aborde le crépuscule de la vie et, plus particulièrement la maladie d’Alzheimer. Le metteur en scène, Anne Bourgeois, a laissé la bride sur le cou à ses comédiens. Ils secondent Anémone avec pétulance et font rebondie la balle : Denis Cherer, l’auteur de la pièce Bcbg qui tombe la veste et, au fur et à mesure de l’action, perd ses préjugés - Pierre-Jean Cherer, le charmant bohème qui esquisse souvent les facéties de sa maman, avant de les reprendre en chœur. La musique fuse à certains moments, tout comme les bons mots. Ayant recueilli sur sa fenêtre une pigeonne - qu’elle nomme Françoise Augustine l’interroge : "Dis… Est-ce que tu as couché avec un pigeon- voyageur ?".
Si l’on frôle dans une scène la comédie musicale, l’émotion reste au rendez-vous, aussi bien sur scène que dans la salle, car on a tous croisé des Augustine. Et, face à ce mur terrible, on a communié avec elles. "Je voudrais seulement que ça redevienne comme avant" murmure Anémone. Cette fois, elle ne rit pas.
Pierre Breant
11/10/2017
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Mise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
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