


Louise Weber dite La Goulue
de Delphine Gustau
Mise en scène de Delphine Gandsart, Delphine Gustau
Avec Delphine Grandsart, Mathieu Michard (accordéon)
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Du 15/05/2017 au 27/06/2017
Tous les lundis et mardis à 21h30.
Théâtre Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard
75004 PARIS
Métro Hôtel-de-ville ou Rambuteau
01 42 78 46 42
Site Internet
Sortant directement des toiles de Toulouse-Lautrec, la plus scandaleuse des danseuses du Moulin Rouge lève le voile dans ce biopic musical. Belle prestation d’une comédienne qui s’est révélée dans Cabaret et qui nous charme aujourd’hui par sa seule présence. Soixante-dix minutes de bonheur.
Sous la clef-de-voûte du Théâtre Essaïon, une femme paraît. Elle est au bout de rouleau, l’alcool ayant fait son effet. Elle titube, grommelant : « Qui qu’en veut, qui veut du feu ? » Du feu, elle en a donné toute sa vie, de l’enthousiasme, du plaisir. Elle dansait, levant la jambe dans un French-cancan effréné, car celle qui se meurt aujourd’hui - en cette année 1929 - raide comme un passe-lacet, fut la reine de Paris que tout le gratin venait voir, au Moulin-Rouge. La mort de son fils qu’elle appelait Bouton d’or lui a donné le coup de grâce. Comme dans un film de François Ozon, Delphine Gustau nous dévoile sa vie, mais à l’envers.Matthieu Michard, seul à l’accordéon, en trace les détours. Et nous, spectateurs, il nous fait réellement décoller. La tristesse, puis la mélancolie s’effacent. On est comme dans une comédie musicale et ce qui apparemment est terriblement triste devient l’objet de chansons. Chansons réalistes, chansons d’époque, anar’ ou révolutionnaires. On frôle Aristide Bruant, on n’hésite pas à aborder Monthéus. Et c’est Saint-Ouen, et c’est La Butte rouge, refrain anti-guerre qui évoque le grand conflit : 1914.
Quelques années plus tôt, Louise Weber était dompteuse. Belle fin de carrière pour une danseuse, mais une danseuse éprise de liberté et qu’on se donne la peine d’aller voir, dans sa roulotte ou aux portes de sa ménagerie, entourée de deux cartons de Toulouse-Lautrec, qui tiennent de l’affiche et de la caricature. A l’entendre, les fauves qu’elle dresse sont moins dangereux que les hommes. Il est vrai qu’à son heure de gloire, cette femme aux longues jambes affolait l’espèce masculine. Il lui suffisait de paraître...Au fur et à mesure qu’on remonte son existence, Delphine Grandsart qui l’incarne- prend sous nos yeux un sacré coup de jeune. Paroxysme avec le French Cancan, interprété à l’accordéon, ce qui amplifie la gouaille de celle qu’on appellera La Goulue, car cette plante-nature ne peut s’empêcher de vider le moindre verre qui traîne sur un guéridon. Charles Zidler, un boucher devenu impresario et créateur du Moulin-Rouge, en fait la vedette de son "quadrille naturaliste". A ses côtés, Grille d’égout et La Môme Fromage – qui deviendra sa grande copine de Louise, mais plus, allez savoir... Et puis il y a Valentin le Désossé, un clerc de notaire qui s’ennuie la journée et qui s’encanaille la nuit. Sa souplesse et son profil à coup de serpe en font le cavalier idéal. Et il suffit que le couple se montre pour que les billets pleuvent. Louise vit de grandes aventures : industriels, ducs, têtes couronnées comme Edouard VII. Ils s’exhibent ensemble et le futur roi d’Angleterre ne tarit pas d’éloge à l’encontre de la Goulue : "c’est l’esprit de Paris sur le plus beau cul qui soit". Delphine Gustau retient cet éloge, mais l’arrange quelque peu. Pardonnez-moi d’être cuistre, mais, selon Mme de Staël, "la gloire est le deuil éclatant du bonheur". Louis Weber en fera son miel et, comme Brigitte Bardot soixante plus tard, elle plaquera tout pour une retraite dorée. Elle habiter alors un hôtel particulier sur les Champs-Elysées.
Ce caprice la ramène à l’enfance, celle de la petite orpheline de 3 ans recueillie par les sœurs. Elle est belle, elle est naïve. L’actrice qui l’incarne plonge dans la fraicheur : le premier bal et toutes les illusions pour une gamine qui deviendra blanchisseuse. Mais la première dans ce ruisseau d’outre-mémoire est significative. Elle participe à une fête à l’Elysée Montmartre, une de ces matinées enfantines. L’homme qui la préside la prend sur ses genoux. Ses yeux expressifs et la barbe qu’il porte le fait ressembler à saint Nicolas. C’est Victor Hugo.
Louise Weber dite La Goulue est un spectacle écrit par Delphine Gustau. Si sa sensibilité nous tire vers un féminisme qui peut parfois dérouter - comme l’avortement vu en ombres chinoises - la poésie l’emporte et l’on se laisse porter par Delphine Gandsart, à la chevelure blonde et aux yeux tirant sur le vert. Avec l’auteur, Delphine Gustau, elle partage la mise en scène. Ce clair de femmes dégage des ondes qui nous font apprécier le bonheur, fût-il fugace.
Mention spéciale pour les lumières, dues à Jacques Rouveyrollis et Jessica Duclos !
Quelques années plus tôt, Louise Weber était dompteuse. Belle fin de carrière pour une danseuse, mais une danseuse éprise de liberté et qu’on se donne la peine d’aller voir, dans sa roulotte ou aux portes de sa ménagerie, entourée de deux cartons de Toulouse-Lautrec, qui tiennent de l’affiche et de la caricature. A l’entendre, les fauves qu’elle dresse sont moins dangereux que les hommes. Il est vrai qu’à son heure de gloire, cette femme aux longues jambes affolait l’espèce masculine. Il lui suffisait de paraître...Au fur et à mesure qu’on remonte son existence, Delphine Grandsart qui l’incarne- prend sous nos yeux un sacré coup de jeune. Paroxysme avec le French Cancan, interprété à l’accordéon, ce qui amplifie la gouaille de celle qu’on appellera La Goulue, car cette plante-nature ne peut s’empêcher de vider le moindre verre qui traîne sur un guéridon. Charles Zidler, un boucher devenu impresario et créateur du Moulin-Rouge, en fait la vedette de son "quadrille naturaliste". A ses côtés, Grille d’égout et La Môme Fromage – qui deviendra sa grande copine de Louise, mais plus, allez savoir... Et puis il y a Valentin le Désossé, un clerc de notaire qui s’ennuie la journée et qui s’encanaille la nuit. Sa souplesse et son profil à coup de serpe en font le cavalier idéal. Et il suffit que le couple se montre pour que les billets pleuvent. Louise vit de grandes aventures : industriels, ducs, têtes couronnées comme Edouard VII. Ils s’exhibent ensemble et le futur roi d’Angleterre ne tarit pas d’éloge à l’encontre de la Goulue : "c’est l’esprit de Paris sur le plus beau cul qui soit". Delphine Gustau retient cet éloge, mais l’arrange quelque peu. Pardonnez-moi d’être cuistre, mais, selon Mme de Staël, "la gloire est le deuil éclatant du bonheur". Louis Weber en fera son miel et, comme Brigitte Bardot soixante plus tard, elle plaquera tout pour une retraite dorée. Elle habiter alors un hôtel particulier sur les Champs-Elysées.
Ce caprice la ramène à l’enfance, celle de la petite orpheline de 3 ans recueillie par les sœurs. Elle est belle, elle est naïve. L’actrice qui l’incarne plonge dans la fraicheur : le premier bal et toutes les illusions pour une gamine qui deviendra blanchisseuse. Mais la première dans ce ruisseau d’outre-mémoire est significative. Elle participe à une fête à l’Elysée Montmartre, une de ces matinées enfantines. L’homme qui la préside la prend sur ses genoux. Ses yeux expressifs et la barbe qu’il porte le fait ressembler à saint Nicolas. C’est Victor Hugo.
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Pierre Breant
25/05/2017

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