




La Visite de la vieille dame
de Friedrich Dürrenmatt
Mise en scène de Omar Porras
Avec Yves Adam, Laurent Boulanger, Olivia Dalric, Peggy Dias, Fanny Duret, Karl Eberhard, Philippe Gouin, Adrien Gygax, Jeanne Pasquier, Omar Porras, Gabriel Sklenar
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Du 19/01/2016 au 29/01/2016
Mercredi, jeudi, samedi à 19h30, vendredi, mardi à 20h30, dimanche à 16h.
Théâtre 71
3 place du 11 Novembre
92240 MALAKOFF
Métro 13 Malakoff-Plateau de Vanves sortie gauche (n°2)
01 55 48 91 00
Site Internet
Un événement pour la ville de Güllen, la visite de la vieille dame, la milliardaire Claire Zahanassian… Une visite très attendue, inespérée même ; mais non pas désintéressée...
Créée en 1956 par Friedrich Dürrenmatt, La Visite de la vieille dame est reprise par Omar Porras et sa compagnie Teatro Malandro. Une troisième version haute en couleurs et satirique à souhait. Une version épurée dans sa scénographie, dans sa première version en 1993, "une quantité énorme de matériaux fut récoltée pour les débuts de l’exploration" ; mais surtout affinée dans son jeu et son regard sur les personnages et l’histoire.
Claire Zahanassian, aujourd’hui richissime veuve, revient dans sa ville natale de Güllen avec une idée très précise en tête. Jeune demoiselle sans le sous, elle connut à l’âge de 17 ans ses premiers émois amoureux avec Alfred Ill. De leur amour passionné, elle n’a rien oublié, de la trahison de son amant la délaissant pour en épouser une plus fortunée et refusant de reconnaître la paternité de l’enfant que Claire porte ; elle n’oublie rien. Plus de 40 ans après ces méfaits, et après de nombreux mariages qui ont fait d’elle une femme richissime, elle revient à l’endroit même où elle avait fui la tête basse, enceinte, esseulée sous les moqueries et les rudoiements des villageois. Mais aujourd’hui, tout a changé, Güllen, autrefois charmante ville prospère, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Son économie est au plus mal, ses habitants sont ruinés, toutes ses usines fermées... La ville en est arrivée à un tel point de non-retour que même le train ne s’arrête plus en sa gare. Autant dire que tout le monde attend avec impatience la seule personnalité de cette ville qui pourrait rapporter gros, entendant par cela publicité, espoir et surtout beaucoup d’argent !
Alors tout le monde est au petits soins avec cette vieille dame en dentelle et perruque, rafistolée de partout ; et l’on presse surtout son ancien amant Alfred Ill, de se montrer des plus aimables et courtois avec la milliardaire. Ce que Ill fait sans se faire prier, car il est réellement content de revoir sa "petite sorcière" dont il n’a jamais oublié les tendres moments partagés. Claire apparaît donc en sauveuse et promet cent milliards à Güllen, cinquante pour la ville et cinquante à se répartir entre ses habitants. A une seule condition, elle exige la mort d’Alfred Ill.
"Je vous donne cent milliards, et pour ce prix, je m’achète la justice. (Claire Zahanassian, acte I). Il va de soi que la ville est indignée et qu’elle refuse tout net à l’annonce de cette proposition. Mais l’appât du gain est fort, la ville dans une grande détresse, la proposition colossale et... qu’est-ce qu’une vie face à toute une ville dans le besoin ?
Ce chef-d’uvre de Friedrich Dürrenmatt (salué par un Molière et adapté de nombreuses façons, de diverses manières et par bon nombre de grands metteurs en scène et autres) est une vision magnifique d’une nature humaine prête à sacrifier ses pairs pour sa propre survie, tout cela en s’efforçant de se donner bonne conscience évidemment. Ce texte est travaillé par le Teatro Malandro depuis plus de 20 ans. Omar Porras s’y permet certaines adaptations, notamment dans les personnages qui disparaissent ou sont regroupés, afin de créer une cohésion et un travail de chœur important. En effet, ils ne sont que onze comédiens sur scène, interprétant chacun plusieurs rôles. Pourtant, il nous semble voir toute une ville se démener sous nos yeux pour plaire à la vieille dame. La patte du Teatro Malandro donne une vision joyeuse et burlesque, proche de la bouffonnerie, à cette histoire tragique. Peu d’éléments de décor, mais des transformations sans cesse (la robe du prêtre devient arbre, celle de la mariée un fauteuil...) invitant notre imagination à rentrer dans cet univers en toute simplicité. Des éléments simples apparaissant pour créer un lieu comme la corde à linge suspendue, un panneau roulant pour la boutique de Ill...
Le jeu de lumière est très important ! Des couleurs, des poursuites... On est proche d’un show de cabaret ou même par moment, d’une comédie musicale. Si bien que la visite de cet ange de la mort, Claire Zahanassian, se transforme en farce, et même en émission de télévision people. La dimension du jeu masqué, chère à Omar Porras et à sa troupe, transforme les personnages en caricatures humaines. Ils semblent tout droit sortis d’un cartoon avec leur long nez et leur gros bidon. Une mise en scène épurée, mais millimétrée, chaque détails, costumes, accessoires est pensé, travaillé et rien n’est laissé au hasard. Une minutie qui ajoute à la beauté de cette création du Teatro Malandro.
Cette version de La Visite de la vieille dame est une comédie humaine. Car c’est bien d’humanité et d’humains dont nous parlons. La notion de l’argent y est prépondérante, mais ça n’est pas l’avarice ou la cupidité qui motivent les protagonistes, mais bel et bien la justice. Claire Zahanassian a été bafouée, trompée et meurtrie par l’homme qu’elle aimait. Son plan est diabolique de précision et d’ingéniosité, tant il est pensé dans les moindres détails et tant elle accule la ville à répondre à sa demande. Elle demande la mort d’un homme ayant eu à subir, par la faute de celui-ci, la perte de son enfant. Une vie pour une vie. Quant aux habitants, découvrant avec horreur toute l’histoire de cette femme, se rallient vite de son côté (il est vrai que ses arguments sont convaincants, tout spécialement les cent milliards). Ce qui est très intéressant dans cette version, c’est qu’à aucun moment l’un des partis n’est diabolisé ou mis en avant. Les faits et les désirs sont exposés simplement. A chacun de se faire sa propre vision, et la sympathie du public penche d’un personnage à un autre tout au long de la pièce. Ils nous sont tous sympathiques, et l’on en vient à se poser la question : "Et moi, qu’aurais-je fait ?".
Claire Zahanassian, interprétée magistralement par Omar Porras, à la jambe leste, au port de tête sublime, à mille lieues d’une caricature ; il est cette vieille femme blessée et endurcie par les épreuves de sa vie ; devient un ange libérateur pour Ill. Elle l’aime toujours et le tue pour le libérer de ce monde humain si froid et dur. En ce sens, la mort devient une fête avec musiques et paillettes.
C’est une version magnifique et forte d’une proposition de réflexion sur la nature humaine que nous offrent Omar Porras et le Teatro Malandro. Une pièce ayant reçu le prix romand des spectacles indépendants en 1994, sur scène depuis de nombreuses années et aujourd’hui à nouveau en tournée. Une pièce intelligente qui mérite d’être représentée sur les scènes du monde entier pendant encore de longues années. Une remarquable performance d’acteur. Un travail en tout point réussi !
Claire Zahanassian, aujourd’hui richissime veuve, revient dans sa ville natale de Güllen avec une idée très précise en tête. Jeune demoiselle sans le sous, elle connut à l’âge de 17 ans ses premiers émois amoureux avec Alfred Ill. De leur amour passionné, elle n’a rien oublié, de la trahison de son amant la délaissant pour en épouser une plus fortunée et refusant de reconnaître la paternité de l’enfant que Claire porte ; elle n’oublie rien. Plus de 40 ans après ces méfaits, et après de nombreux mariages qui ont fait d’elle une femme richissime, elle revient à l’endroit même où elle avait fui la tête basse, enceinte, esseulée sous les moqueries et les rudoiements des villageois. Mais aujourd’hui, tout a changé, Güllen, autrefois charmante ville prospère, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Son économie est au plus mal, ses habitants sont ruinés, toutes ses usines fermées... La ville en est arrivée à un tel point de non-retour que même le train ne s’arrête plus en sa gare. Autant dire que tout le monde attend avec impatience la seule personnalité de cette ville qui pourrait rapporter gros, entendant par cela publicité, espoir et surtout beaucoup d’argent !
Alors tout le monde est au petits soins avec cette vieille dame en dentelle et perruque, rafistolée de partout ; et l’on presse surtout son ancien amant Alfred Ill, de se montrer des plus aimables et courtois avec la milliardaire. Ce que Ill fait sans se faire prier, car il est réellement content de revoir sa "petite sorcière" dont il n’a jamais oublié les tendres moments partagés. Claire apparaît donc en sauveuse et promet cent milliards à Güllen, cinquante pour la ville et cinquante à se répartir entre ses habitants. A une seule condition, elle exige la mort d’Alfred Ill.
"Je vous donne cent milliards, et pour ce prix, je m’achète la justice. (Claire Zahanassian, acte I). Il va de soi que la ville est indignée et qu’elle refuse tout net à l’annonce de cette proposition. Mais l’appât du gain est fort, la ville dans une grande détresse, la proposition colossale et... qu’est-ce qu’une vie face à toute une ville dans le besoin ?
Ce chef-d’uvre de Friedrich Dürrenmatt (salué par un Molière et adapté de nombreuses façons, de diverses manières et par bon nombre de grands metteurs en scène et autres) est une vision magnifique d’une nature humaine prête à sacrifier ses pairs pour sa propre survie, tout cela en s’efforçant de se donner bonne conscience évidemment. Ce texte est travaillé par le Teatro Malandro depuis plus de 20 ans. Omar Porras s’y permet certaines adaptations, notamment dans les personnages qui disparaissent ou sont regroupés, afin de créer une cohésion et un travail de chœur important. En effet, ils ne sont que onze comédiens sur scène, interprétant chacun plusieurs rôles. Pourtant, il nous semble voir toute une ville se démener sous nos yeux pour plaire à la vieille dame. La patte du Teatro Malandro donne une vision joyeuse et burlesque, proche de la bouffonnerie, à cette histoire tragique. Peu d’éléments de décor, mais des transformations sans cesse (la robe du prêtre devient arbre, celle de la mariée un fauteuil...) invitant notre imagination à rentrer dans cet univers en toute simplicité. Des éléments simples apparaissant pour créer un lieu comme la corde à linge suspendue, un panneau roulant pour la boutique de Ill...
Le jeu de lumière est très important ! Des couleurs, des poursuites... On est proche d’un show de cabaret ou même par moment, d’une comédie musicale. Si bien que la visite de cet ange de la mort, Claire Zahanassian, se transforme en farce, et même en émission de télévision people. La dimension du jeu masqué, chère à Omar Porras et à sa troupe, transforme les personnages en caricatures humaines. Ils semblent tout droit sortis d’un cartoon avec leur long nez et leur gros bidon. Une mise en scène épurée, mais millimétrée, chaque détails, costumes, accessoires est pensé, travaillé et rien n’est laissé au hasard. Une minutie qui ajoute à la beauté de cette création du Teatro Malandro.
Cette version de La Visite de la vieille dame est une comédie humaine. Car c’est bien d’humanité et d’humains dont nous parlons. La notion de l’argent y est prépondérante, mais ça n’est pas l’avarice ou la cupidité qui motivent les protagonistes, mais bel et bien la justice. Claire Zahanassian a été bafouée, trompée et meurtrie par l’homme qu’elle aimait. Son plan est diabolique de précision et d’ingéniosité, tant il est pensé dans les moindres détails et tant elle accule la ville à répondre à sa demande. Elle demande la mort d’un homme ayant eu à subir, par la faute de celui-ci, la perte de son enfant. Une vie pour une vie. Quant aux habitants, découvrant avec horreur toute l’histoire de cette femme, se rallient vite de son côté (il est vrai que ses arguments sont convaincants, tout spécialement les cent milliards). Ce qui est très intéressant dans cette version, c’est qu’à aucun moment l’un des partis n’est diabolisé ou mis en avant. Les faits et les désirs sont exposés simplement. A chacun de se faire sa propre vision, et la sympathie du public penche d’un personnage à un autre tout au long de la pièce. Ils nous sont tous sympathiques, et l’on en vient à se poser la question : "Et moi, qu’aurais-je fait ?".
Claire Zahanassian, interprétée magistralement par Omar Porras, à la jambe leste, au port de tête sublime, à mille lieues d’une caricature ; il est cette vieille femme blessée et endurcie par les épreuves de sa vie ; devient un ange libérateur pour Ill. Elle l’aime toujours et le tue pour le libérer de ce monde humain si froid et dur. En ce sens, la mort devient une fête avec musiques et paillettes.
C’est une version magnifique et forte d’une proposition de réflexion sur la nature humaine que nous offrent Omar Porras et le Teatro Malandro. Une pièce ayant reçu le prix romand des spectacles indépendants en 1994, sur scène depuis de nombreuses années et aujourd’hui à nouveau en tournée. Une pièce intelligente qui mérite d’être représentée sur les scènes du monde entier pendant encore de longues années. Une remarquable performance d’acteur. Un travail en tout point réussi !
Cyriel Tardivel
24/01/2016

PARIS
Comédie Bastille
de Alexandre Delimoges
Mise en scène de Alexandre Delimoges
En 1818, Géricault démarre sa plus célèbre toile "Le radeau de la méduse" et fait scandale autant sur le plan artistique que sur le plan politique. Il devient le maître du romantisme comme Hugo avec ses "Misérables". Il critique la Restauration et son nouveau roi Louis...
L'avis de Joseph Agostini
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Le Radeau de la Méduse
de Alexandre DelimogesMise en scène de Alexandre Delimoges
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