Une jeune femme arrive devant le Bar des Tilleuls. Elle hésite à y entrer et s'installe sur un banc, juste à coté. Après 12 ans d'absence, lassée de fuir un passé qui la hante, Claire (Delphine Depardieu) revient dans la ville de sa jeunesse pour retrouver les siens qui y tiennent ce bar. La première personne à l'apercevoir est sa sœur Marie (Marie Tirmont). Elle est plutôt contrariée et l'accueille avec agressivité. Si son frère Julien (Jérémie Duvall) est joyeux de la revoir, son père, Jean (Michel Voletti), se referme comme une huître et se réfugie dans une pièce de son bar. La tension est palpable. Le retour de la « grande » est l'occasion de faire face aux souvenirs d'enfance, à celui d'une mère décédée et non oubliée, aux rancœurs et aux non-dits devenus trop lourds à porter. Ces retrouvailles sont également l'occasion de communiquer, de se redécouvrir et de se donner peut être une nouvelle chance d'être heureux tous ensemble...
La pièce de Christelle George évoque un sujet brûlant d'actualité : doit-on ou pas aider une personne aimée à s'envoler vers les cieux ? Est-ce courageux ou lâche ? Depuis 10 ans, malgré la loi Léonetti qui essaie de faire avancer la législation, les esprits se déchirent toujours sur ce sujet sensible.
L'action se situe au sein d'une famille divisée, touchée par la perte de la mère et l'abandon mystérieux de la fille aînée Claire pendant de nombreuses années. Deux lieux se juxtaposent : la cour lumineuse avec le banc où se tient Claire et l'intérieur du café tout en couleurs le refuge du reste de la famille. Le père renfermé, blessé et colérique, et la jeune sœur tout en énergie et rancœur campent sur leurs positions. Electron libre, le jeune frère cherche à réconcilier sa famille tout en apportant sa touche d'humour. En revenant, Claire est venue également chercher des réponses sur elle et sur ses proches.
La lumière se pose sur les décors, focalisant l'attention du public sur des moments intenses, telle une caméra zoomant sur un ou plusieurs personnages et laissant les autres vaquer à leurs occupations. Les dialogues intenses de tensions et d'émotions se passent alternativement dans ces deux lieux où l'on perçoit nostalgie du passé, secrets, disputes et silences éloquents des uns et des autres. Les acteurs, tout en finesse et émotions, font passer à travers les dialogues les différentes questions abordées dans la pièce : Comment dans une famille accepter la disparition de l'un des siens ? Comment pardonner à celui qui en est responsable ou qui s'en sent responsable ? Les êtres les plus chers sont-ils forcément ceux qui nous sont les plus proches ? Autant de questions que chacun peut être amené à se poser sur son chemin de vie.
Un Deux Trois Soleil est une jolie pièce, pleine d'émotions sur les conséquences de ses actes et sur la force de la famille. Si le sujet est poignant, les acteurs mettent tout leur talent à amener le public à avoir une réflexion sur la vie. A ne pas rater !