Chère Elena
de Ludmilla Razoumovskaïa
Mise en scène de Didier Long
Avec Myriam Boyer, Gauthier Battoue, Julien Crampon, François Deblock, Jeanne Ruff
Chère Elena, une pièce qui aborde les dérives d'une jeunesse russe influencée par l'implosion économique d'une société manipulée par l'appareil politique.
Rares sont les pièces de Ludmilla Razoumovskaia traduites et adaptées sur les scènes de l'hexagone, à l'exception de Didier Bezace qui monta Chère Elena Sergueievna en 2002 au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers. Didier Long a trouvé l'inspiration dans ce texte contemporain, traduit par Joëlle et Marc Blondel, lequel se conforme à l'écriture engagée de l'auteure.
1981, l'Europe s'enivre d'un vent de socialisme émergent, l'architecture politique européenne est en phase d'élargir son emprise d'Est en Ouest. En URSS, les chars s'avancent vers le centre ville, le Kremlin et sa célèbre Place Rouge verront la population, jeunesse en tête, manifestée sa colère. Le ministère de la culture demande à Ludmilla Razoumovskaia d'écrire une pièce avec pour toile de fond la jeunesse. Dès sa sortie, la pièce est sujet à controverses et se voit censurer par les instances dirigeantes.
La jeunesse soviétique se cherche une identité, elle s'offusque des contre-images dessinées par le gouvernement la vantant fière et déterminée, elle se revendique l'anti-icône d'une société intégralement contrôlée, elle bouscule la réalité en dénonçant le cynisme véhiculé par le communisme.
L'auteure éponyme du texte dépeint des personnages imprégnés de la gangrène sociale, qu'elle entoure d'une insolence due à leur âge.
Quatre lycéens de la classe de Terminale se présentent chez leur professeur, Elena Sergueievna, lui souhaiter son anniversaire. Elena, surprise de cette attention improvisée, les invite à rentrer dans son modeste appartement. Le bouquet de fleurs et le service à verres en cristal offerts pour l'occasion masquent une situation en trompe-l'il. Volodia, Pacha, Vitia et Lialia lui réclament la clé du coffre-fort pour corriger leurs copies d'examen final restituées le matin-même. Une bonne note leur ouvrirait les portes des grandes universités d'état. S'engage entre les quatre protagonistes et leur professeur un échange d'une violence extrême.
La clé de Chère Elena, une subversivité intronisée par Volodia, François Deblock, impulsée par Pacha, Gauthier Battoue, adoptée par Vitia, Julien Crampon et réfléchie par Lialia, Jeanne Ruff. Le lieu, le modeste appartement d'Elena Sergueievna. Les frondeurs, une jeunesse désabusée. L'objectif, une personne de confiance. Les moyens mis en uvre, l'influence psychologique, la menace et la violence. La raison, accéder aux études supérieures coûte que coûte. La finalité, des points de suspension.
La mise en scène de Didier Long, une écriture théâtrale administrée par un quintet de comédiens qui rentrent de corps avec leur personnage respectif. Une ligne artistique influencée par différents courants littéraires, la tragédie grecque avec Antigone de Sophocle, le roman de Dostoïevski Crime et Châtiment , le théâtre élisabéthain avec Othello de Shakespeare, et une page de la bible ouverte sur l'apôtre Judas.
Le différentiel existentiel entre la jeunesse occidentale et la jeunesse russe se mesure à pas d'hommes et de femmes, lesquels se sont battus pour imposer leurs idéaux. Dans la pièce, Elena Sergueievna, Myriam Boyer, ressemble à ces matriochkas qui s’emboîtent les unes dans les autres, une femme qui a suivi le chemin tracé par ses parents et antérieurs. L'essence de son existence, l'humilité tel un héritage qui se transmet de mère en fille.
La réalisation de Didier Long ouvre sur un débat universel, les problèmes de la jeunesse.
Volodia, interprété par François Deblock, impose une pression mêlée de tempérance et d'agitation. Il ressemble en tout point à Raskolnikov qui assassine avec froideur la prêteuse sur gages et feint ses émotions avec ses proches. Volodia est intelligent et cynique, mesuré et son inverse. François impose Volodia, Volodia s'impose en François Deblock. Une présence magistrale.
Pacha, Gauthier Battoue, l'avenir de l'empire soviétique, se révèle-t-il. Il incarne ce que l'homme a de plus mauvais en lui, la trahison. Il montre ses faiblesses dès que la situation ne tourne plus en son sens. Pacha, un personnage à double-fond interprété de main de maitre par Gauthier Battoue. Vitia, alias Julien Crampon, se réfugie vite dans la déraison et dans l'alcool. Il avoue avoir toujours tricher à l'école, il ne cache pas son penchant pour la boisson, un héritage paternel. Vitia, un personnage emporté par les vices de l'existence qui sombre progressivement dans une absence semée de vide et de solitude. Julien Crampon se montre convaincant dans ce rôle à double tranchant, il restitue avec brio Vitia.
Lialia est jouée par Jeanne Ruff, l'amie de cœur de Pacha. Fille d'une mère bibliothécaire, elle confie à Elena Sergueievna ses projets d'avenir, lesquels se résument à se marier avec un bon parti pour mener grand train. Lialia essaie de raisonner Volodia et Pacha de mettre un terme à ce chantage qui engendre menaces et violence. Jeanne Ruff est très exigeante dans l'interprétation de son personnage. Lialia convient d'aise à Jeanne Ruff, l'une est l'autre dans la manifestation des expressions du regard et du mouvement. Une très belle interprétation.
Elena Sergueievna est interprétée par Myriam Boyer. Un personnage auquel elle rend grâce à l'esthétique de l'écriture de Ludmilla Razoumovskaia. Elena Sergueievna se veut humble, honnête et sincère. Vulnérable, pourrait-elle apparaître, l'inverse se produit sans que les quatre lycéens s'en rendent compte. Face à l'insupportable situation, elle s'isole dans des silences, lesquels attisent les braises d'un feu qui la ronge de l'intérieur.
Myriam Boyer est le reflet intact du personnage projeté par un miroir. Le miroir des grandes dames de la scène française qui donnent vie à des rôles qui les magnifient et les immortalisent. Merci Madame Myriam Boyer, chère Elena.
Chère Elena, un texte de Ludmilla Razoumovskaia à lire, une mise en scène intense de Didier Long à découvrir, à l'interprétation Myriam Boyer, Gauthier Battoue, Julien Crampon, François Deblock, Jeanne Ruff, des comédiens exceptionnels, une scène le Théâtre de Poche.
1981, l'Europe s'enivre d'un vent de socialisme émergent, l'architecture politique européenne est en phase d'élargir son emprise d'Est en Ouest. En URSS, les chars s'avancent vers le centre ville, le Kremlin et sa célèbre Place Rouge verront la population, jeunesse en tête, manifestée sa colère. Le ministère de la culture demande à Ludmilla Razoumovskaia d'écrire une pièce avec pour toile de fond la jeunesse. Dès sa sortie, la pièce est sujet à controverses et se voit censurer par les instances dirigeantes.
La jeunesse soviétique se cherche une identité, elle s'offusque des contre-images dessinées par le gouvernement la vantant fière et déterminée, elle se revendique l'anti-icône d'une société intégralement contrôlée, elle bouscule la réalité en dénonçant le cynisme véhiculé par le communisme.
L'auteure éponyme du texte dépeint des personnages imprégnés de la gangrène sociale, qu'elle entoure d'une insolence due à leur âge.
Quatre lycéens de la classe de Terminale se présentent chez leur professeur, Elena Sergueievna, lui souhaiter son anniversaire. Elena, surprise de cette attention improvisée, les invite à rentrer dans son modeste appartement. Le bouquet de fleurs et le service à verres en cristal offerts pour l'occasion masquent une situation en trompe-l'il. Volodia, Pacha, Vitia et Lialia lui réclament la clé du coffre-fort pour corriger leurs copies d'examen final restituées le matin-même. Une bonne note leur ouvrirait les portes des grandes universités d'état. S'engage entre les quatre protagonistes et leur professeur un échange d'une violence extrême.
La clé de Chère Elena, une subversivité intronisée par Volodia, François Deblock, impulsée par Pacha, Gauthier Battoue, adoptée par Vitia, Julien Crampon et réfléchie par Lialia, Jeanne Ruff. Le lieu, le modeste appartement d'Elena Sergueievna. Les frondeurs, une jeunesse désabusée. L'objectif, une personne de confiance. Les moyens mis en uvre, l'influence psychologique, la menace et la violence. La raison, accéder aux études supérieures coûte que coûte. La finalité, des points de suspension.
La mise en scène de Didier Long, une écriture théâtrale administrée par un quintet de comédiens qui rentrent de corps avec leur personnage respectif. Une ligne artistique influencée par différents courants littéraires, la tragédie grecque avec Antigone de Sophocle, le roman de Dostoïevski Crime et Châtiment , le théâtre élisabéthain avec Othello de Shakespeare, et une page de la bible ouverte sur l'apôtre Judas.
Le différentiel existentiel entre la jeunesse occidentale et la jeunesse russe se mesure à pas d'hommes et de femmes, lesquels se sont battus pour imposer leurs idéaux. Dans la pièce, Elena Sergueievna, Myriam Boyer, ressemble à ces matriochkas qui s’emboîtent les unes dans les autres, une femme qui a suivi le chemin tracé par ses parents et antérieurs. L'essence de son existence, l'humilité tel un héritage qui se transmet de mère en fille.
La réalisation de Didier Long ouvre sur un débat universel, les problèmes de la jeunesse.
Volodia, interprété par François Deblock, impose une pression mêlée de tempérance et d'agitation. Il ressemble en tout point à Raskolnikov qui assassine avec froideur la prêteuse sur gages et feint ses émotions avec ses proches. Volodia est intelligent et cynique, mesuré et son inverse. François impose Volodia, Volodia s'impose en François Deblock. Une présence magistrale.
Pacha, Gauthier Battoue, l'avenir de l'empire soviétique, se révèle-t-il. Il incarne ce que l'homme a de plus mauvais en lui, la trahison. Il montre ses faiblesses dès que la situation ne tourne plus en son sens. Pacha, un personnage à double-fond interprété de main de maitre par Gauthier Battoue. Vitia, alias Julien Crampon, se réfugie vite dans la déraison et dans l'alcool. Il avoue avoir toujours tricher à l'école, il ne cache pas son penchant pour la boisson, un héritage paternel. Vitia, un personnage emporté par les vices de l'existence qui sombre progressivement dans une absence semée de vide et de solitude. Julien Crampon se montre convaincant dans ce rôle à double tranchant, il restitue avec brio Vitia.
Lialia est jouée par Jeanne Ruff, l'amie de cœur de Pacha. Fille d'une mère bibliothécaire, elle confie à Elena Sergueievna ses projets d'avenir, lesquels se résument à se marier avec un bon parti pour mener grand train. Lialia essaie de raisonner Volodia et Pacha de mettre un terme à ce chantage qui engendre menaces et violence. Jeanne Ruff est très exigeante dans l'interprétation de son personnage. Lialia convient d'aise à Jeanne Ruff, l'une est l'autre dans la manifestation des expressions du regard et du mouvement. Une très belle interprétation.
Elena Sergueievna est interprétée par Myriam Boyer. Un personnage auquel elle rend grâce à l'esthétique de l'écriture de Ludmilla Razoumovskaia. Elena Sergueievna se veut humble, honnête et sincère. Vulnérable, pourrait-elle apparaître, l'inverse se produit sans que les quatre lycéens s'en rendent compte. Face à l'insupportable situation, elle s'isole dans des silences, lesquels attisent les braises d'un feu qui la ronge de l'intérieur.
Myriam Boyer est le reflet intact du personnage projeté par un miroir. Le miroir des grandes dames de la scène française qui donnent vie à des rôles qui les magnifient et les immortalisent. Merci Madame Myriam Boyer, chère Elena.
Chère Elena, un texte de Ludmilla Razoumovskaia à lire, une mise en scène intense de Didier Long à découvrir, à l'interprétation Myriam Boyer, Gauthier Battoue, Julien Crampon, François Deblock, Jeanne Ruff, des comédiens exceptionnels, une scène le Théâtre de Poche.
Philippe Delhumeau
31/10/2014
AVIGNON
Théâtre des Béliers
Mise en scène de Mikael Chirinian
Marion Mezadorian, après son one woman show "Pépites", nous présente son deuxième spectacle intitulé "Craquage". Elle décortique des situations différentes les unes des autres, qui se terminent toutes inexorablement par la même conclusion : dire une bonne fois pour...
L'avis de Jeanne-Marie Guillou
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Craquage
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Essaion-Avignon (ex-Gilgamesh)
Virginie et Paul
de Jacques Mougenot,composition Musicale De Hervé Devolder
Mise en scène de Hervé Devolder
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A vos fables, prêt ? partez !
de Nicolas Masson,d'Après Jean De La Fontaine
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