Simon Renard, chargé d'organiser le mariage politique de l'Angleterre et de l'Espagne, va utiliser l'amour passionné d'un homme du peuple et la jalousie maladive d'une reine pour tendre un piège au favori dont le sacrifice est exigé par la raison d'Etat. C'est l'histoire d'un drame amoureux auquel se superpose une tragédie où le véritable enjeu est la prise de pouvoir, où les rancœurs privées servent un dessein politique, où un homme, au demeurant condamnable, est exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis. C'est la drame passionnel de Victor Hugo !"Si je n'étais pas moi, je voudrais être vous." Marie Tudor, Jeanne Talbot, Gilbert, Fabiano Fabiani, Simon Renard, M. Eneas et le Juif, tour à tour apparaissent sur les planches, tous plus justes et plus sincères les uns que les autres. Nous sommes à chaque seconde un peu plus absorbés par ce qui se joue sous nos yeux. Une énergie vive et intense est maintenue tout au long de la pièce, les comédiens sont dynamiques et puissants. Les changements de décors se font à vue et sont joués très naturellement. L'espace scénique est occupé pertinemment et les jeux de lumière donnent encore plus de force à la passion et au dilemme qu'ont à affronter les protagonistes. Une atmosphère poétique et cornélienne est ainsi créée."Aujourd'hui, ton père dans huit jours ton mari." L'intrigue jusqu'au bout nous tient en haleine. Ce drame policier populaire et décomplexé donne néanmoins à rire ponctuellement. Les stéréotypes et clichés clamés à l'égard des Italiens et des Juifs font jaillir des rires : "i>Juif qui parle, bouche qui ment", "Italien, cela veut dire fourbe, Napolitain cela veut dire lâche", tout comme les répliques de la reine souvent excessive et autoritaire. L'ironie et le cynisme de cette pièce donne donc à voir une jolie palette d'émotions aux nombreuses nuances. Les personnages se retrouvent tous à agir par raison ou par passion et font appel à des sentiments et des états intemporels qui traversent les siècles : l'amour, la volonté, l'ambition, la trahison, la vengeance, la manipulation, le pardon..."Il trompe une femme et renie l'autre." Le conflit est au cœur des relations qui lient les personnages. La détresse et le désespoir amoureux des femmes – même celui de la reine caché sous le masque de la fierté – et de Gilbert sont palpables face à la manipulation et au calcul des autres hommes de la pièce. On se demande à chaque scène comment l'histoire va avancer, on profite de chaque seconde, et de chaque mot tant ils sont dits avec respect et amour de la langue. La passion déborde de poésie dans cette pièce, dans les costumes, dans les décors, dans les lumières, dans le jeu des comédiens. Bref, ce drame est un tour de haute voltige émotionnelle à ne pas manquer !