La Femme qui frappe
de Victor Haïm
Mise en scène de Victor Haïm
Avec Marianne Soumoy
22 juillet 1969, c'était un petit pas pour l'homme, mais un roman géant pour l'humanité.
Dramaturge français, Victor Haïm est l'auteur de nombreuses pièces de théâtre traduites et jouées sur les scènes du monde. En 2003, l'ensemble de son uvre est récompensée par le Molière du meilleur auteur francophone vivant de l'Académie française. Sa plume reconnue et infiniment appréciée par ses contemporains lui vaut d'être maintes fois couronnées, prix Ibsen, prix des U, prix Lugné-Poé, prix Plaisir du théâtre, prix du théâtre de la SACD, prix Jacques-Audiberti, prix de la Fondation de France et grand prix du théâtre de l'Académie française.La Femme qui frappe, comédie écrite et mise en scène par Victor Haïm, est une pièce qui traduit un chaos drolatique où se mêlent adroitement la perversité, la vulnérabilité, la folie et la dérision.L’histoire dresse le portrait d’une dactylo dans l’après-mai 68. La jeunesse révoltée défroque les vieilles institutions, la sexualité s’exhibe sans fausse pudeur. Le women’s lib a traversé la Manche et à Paris, les femmes fédèrent leurs revendications au sein du mouvement de libération de la femme. La chronologie du statut de la femme est en passe de changer les mentalités. Enfin pas pour toutes. Dans l’ombre des meneuses de revue sur le pavé, il en est qui continuent de subir l’emprise masculine.La lumière éclaire de mille feux le salon d’un appartement imaginé sur la scène du Ciné 13 Théâtre. Dans les placards, le désordre règne, les piles de vêtements sont rangées en vrac, les livres se font la tranche sur les étagères. Au milieu de la pièce, une table en formica tient lieu de bureau. Autour de la machine à écrire, des brouillons de feuillets attendent d’être scrupuleusement recopiés. Un paravent dissimule en partie l’intimité de la chambre. De la perspective du lit, se devine une paire de jambes inertes, lesquelles reposent en paix. L’heure n’est pas à l’oraison funèbre, la radio libère un air de jazz très entrainant.Une jeune femme travaille jour et nuit à la recopie d’un roman emphatique de près de douze mille pages. L’introduction en compte huit cents, alors le reste pensez ! Elle ne manque pas d’entrain, les doigts tapent frénétiquement sur les touches de la machine à écrire comme s’ils étaient articulés par une mécanique invisible. La tâche est ingrate et la jeune femme ne les lève même pas pour réclamer une augmentation, juste une substantielle avance. Il lui ferait plaisir d’honorer les dernières volontés de son époux, fraichement passé de vie à trépas, pour régler les obsèques.Entre deux épreuves tapées, ses doigts se contractent et l’empêchent de progresser. La situation l’agace et, ipso facto, elle prend l’initiative de téléphoner à l’auteur du roman. Question de principe, une virgule s’est clandestinement glissée dans le texte. Consciencieuse jusqu’au bout des ongles, elle tient à s’assurer de l’importance de cette coquille. Elle découvre avec une certaine émotion la voix de son mentor et lui avoue dans un phrasé frisant la désinvolture, qu’elle le trouve vraiment très gentil.Cette voix masculine lui mettant du baume au cur, elle l’appelle à intervalles réguliers. Abusant de la vulnérabilité de la jeune femme, l’homme se montre pervers et autoritaire, obséquieux et mielleux. L’indulgence commence à s’effacer au profit de la répugnance. La petite avance demandée est vraiment très maigre et n’autorise pas la jeune veuve de convenir aux désirs posthumes de son mari.Pendant ce temps, le facteur sonne toujours une fois et dépose à chaque passage une nouvelle enveloppe. Les épreuves s’accumulent, entre celles affichées sur le mur et les autres stagnant sur la table. Comme si la tension n’avait pas atteint les extrêmes, la touche E de la machine à écrire ne fonctionne plus. Pas moyen de la faire réparer, ni de la changer, les derniers plis reçus volent dans l’appartement. La tête de la jeune femme n’est plus à ce qu’elle fait. L’esprit tergiverse entre colère et tristesse, solitude et rejet.Marianne Soumoy interprète avec le talent qui lui est conféré une petite dactylo de la fin des années soixante. Elle dépeint avec fougue et dépression la condition des femmes pressées sous l’étau des préjugés masculins.Bouleversante de vérité, elle véhicule l’image de la fragilité, de l’impertinence, de la ténacité, du doute et de la répugnance. Compromise dans son statut d’employée assouvie, elle doit sa survie à la volonté qui l’anime. Dans un ultime sursaut, la raison du cur parle et l’encourage à abandonner le pathétique travail fastidieux de son tortionnaire.La Femme qui frappe est une pièce dramatique contemporaine écrite avec des mots bien à-propos et convaincants. La mise en scène signée de l’auteur évite les clichés et les flash-back catapultant la femme dans sa condition d’être à l’ère glaciaire. Bien au contraire, Victor Haïm soigne avec politesse et respect la femme dans son intégrité physique et intellectuelle. En la présence de Marianne Soumoy, le personnage ignore les ourlets décousus et marche d’un pas ferme en avant.La prestation de Marianne Soumoy est prodigieuse, une grande comédienne habillée de sincérité, de fidélité et brodée de charme. Victor Haïm ouvre les pages d’une pièce de la vie sur la scène du Ciné 13 Théâtre. C’est bien, c’est beau, c’est à voir.
Philippe Delhumeau
11/09/2011
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